La Presse Anarchiste

Les Vandales

On appelle van­dales tous ceux qui détruisent une chose d’u­ti­li­té publique ou une œuvre d’art.

Quelle œuvre d’art égale un être humain dans toute sa force et dans sa prime jeu­nesse ? Que de soins autour de cette plante pré­cieuse ! Inclus l’heure où il fut conçu. La concep­tion ce grand rythme natu­rel étant une œuvre de choix en même temps qu’une œuvre d’art. Hélas !

Tons les efforts des siècles, tant d’os cal­ci­nés au feu de l’ex­pé­rience pour abou­tir à l’é­rec­tion de cette œuvre splen­dide : un humain de vingt ans !

Y son­gez-vous par­fois, mères qui engen­drez et qui durant neuf mois pré­pa­rez l’é­clo­sion du chef d’œuvre, le nou­ris­sant du meilleur de vous mêmes et de la subli­ma­tion des rêves du pas­sé. Que de larmes de femmes, que de sou­pirs vers l’I­déal jamais réa­li­sé apporte eu nais­sant le plus humble reje­ton humain.

Mères qui l’ins­trui­sez, le bai­gnez, l’a­do­rez, rem­plis­sez-vous les yeux et le cœur de sa jeune splendeur.

Demain un gen­darme vien­dra un papier à la main… Eh ! qu’as-tu donc ma chère ?

N’est-ce pas pour en faire don à la Patrie que tu l’as mis au monde ? Pour que demain ton fils ado­ré soit dévê­tu, pal­pé, men­su­ré, tri­po­té, par des vieillards jaloux de sa jeu­nesse et de sa force, qui l’en­ver­ront là-bas.

Les voi­là les van­dales Ils te volent ton petit pour l’en­voyer à la caserne, anti­chambre de la gar­gote et du lupa­nar. Ou de la mort violence.

Oh ! maman, est-ce pour cette œuvre impie que tu as accep­té la divine souf­france de la maternité ?

Tu n’en as pas le droit, ton enfant appar­tient à la vie. Défends ton petit, garde-le à la vie, à qui tu l’as pro­mis et à qui tu le dois.

Tu l’as arra­ché au croup, à la scar­la­tine, ou à la rou­geole ? Bobos que tout cela, main­te­nant il s’a­git de le dis­pu­ter et de l’ar­ra­cher aux « Vandales«.

Van­dales, ceux qui dis­posent d’une vie qui ne leur appar­tient pas.

Van­dales. ceux qui jugent, condamnent, exé­cutent ou emprisonnent.

La Vie, cette chose sacrée ! Vivant, on peut tout répa­rer, tout apprendre.

Van­dale, celui qui prive autrui de sa part de savoir ou l’empêche de répa­rer ses fautes.

Toi, la maman, ne te fais plus leur complice.

Adèle Ber­nard-Guillot

La Presse Anarchiste