[(Malgré nos efforts unitaires face à la coalition répressive de la bourgeoisie et du capital aidée par la hargne collaborationniste des prétendus défenseurs du monde du travail prêts à tout pour devenir à leur tour gestionnaires du système capitaliste, il nous a été impossible de nous unir aux différentes tendances léninistes, trotskistes et néo-staliniennes maoïstes [[Au cours d’une rencontre avec des maoïstes, deux de nos camarades ont entendu : « les anarcho-syndicalistes, nous les utilisons ; nous ne les pendrons qu’après les trotskistes ! »]]. De par nature, les uns et les autres font preuve d’un intolérable sectarisme et d’un total mépris de la moindre loyauté politique ne permettant pas d’envisager une action en commun.)]
Ce sont, à peu de variantes près, les mêmes méthodes que celles pratiquées par les staliniens : noyautage, intolérance, sectarisme outrancier, violences verbales, violences physiques à l’encontre de ceux qui ne veulent pas vivre et penser au pas cadencé, désirent la révolution pour la libération et l’épanouissement de l’homme et ne font pas confiance à la sainte discipline d’un quelconque comité central.
Non, cent fois non, nous pouvons constater le résultat de cette politique en Russie, en Pologne, en Hongrie, en Tchécoslovaquie, depuis un demi-siècle… les matraques, les camps, les chars quand les travailleurs se refusent d’apprécier les délices du paradis socialiste et les flics socialistes ont la même panoplie de matraqueurs que les flics de la bourgeoisie capitaliste. Et nous ne sommes pas masochistes au point de vouloir remplacer ceux-ci par ceux-là, qui seraient sans doute les mêmes, ou la pratique d’accommoder les restes ; citons pour mémoire le syndicat C.G.T. de la police, avec d’aucuns de ses membres adhérents du P.C.F.
J’étais de ceux bien naïfs qui pensaient que les tenants du néo-communisme, instruits des crimes sans nom du stalinisme et bien au fait de ce qui les avait engendrés, mettraient tout en œuvre pour combattre les méthodes qui ont tant porté préjudice au mouvement ouvrier. Il n’en est rien ; même entre elles les différentes tendances marxistes se livrent une guerre idéologique impitoyable, c’est à qui sera le plus dogmatique et le plus sectaire ; chacun se proclamant être le seul et véritable détenteur de la vérité révolutionnaire. Eh bien, encore non ! L’Église, avec son dogme infaillible, nous a « fait le coup » depuis deux mille ans nous promettant, en contrepartie d’une discipline dogmatique, un problématique paradis incontrôlable… Le paradis socialiste, lui, se touche du doigt : datchas pour les excellences du régime, manteaux de zibeline pour leurs femmes, plan quinquennal et cadences pour les mineurs et les métallos ; camps pour les contestataires ; camps qui n’ont rien à envier aux prisons capitalistes, pour mémoire le sort réservé à Youri Daniel et Evtouchenko.
C’est pourquoi nous déclarons à nos néo-staliniens rêvant, par le noyautage, de s’assurer des syndicats – qui deviendraient la courroie de transmission des décisions d’un sommet politique incontrôlable : « Vous réclamez le pouvoir au nom des travailleurs ; nous ne voulons aucun pouvoir. Vous prétendez être les dépositaires du dogme infaillible de la pensée révolutionnaire et votre opportunisme politique vous conduit à des alliances hors nature avec les réformistes petits bourgeois en mal d’écharpes tricolores ou de miettes de pouvoir. Qu’avez-vous fait du syndicat de l’enseignement secondaire, du syndicat de l’enseignement supérieur, de l’Union nationale des étudiants de France ? Vous avez pu faire prévaloir vos méthodes et ces syndicats sont déchirés au moment même où le capitalisme mène sa grande offensive contre l’enseignement et sa libéralisation. Vous agissez en adversaires, nous réagirons en adversaires, car il est avec vous, dans ces conditions, des alliances impossibles. »
Roger Hoyez
Texte adopté par la rég. parisienne