et pourtant différent, ayant en horreur la borne, la limite,
la contrainte, l’interdiction de me révéler comme je suis…
Identique et pourtant différent, respectant le champ d’action d’autrui,
mais sur la défensive dès qu’on fait mine de s’attaquer au mien.
Résistant de toutes mes forces à qui veut s’immiscer dans mes amours ou mes haines.
Car je suis reste fidèle à ma conception de la vie comme une œuvre d’art,
de MA VIE comme une œuvre d’art, telle une sculpture, tel un tableau.
Oh ! je sais bien que vous ne l’auriez. pas peinte ou sculptée comme moi, ma vie,
s’il vous avait été donné de tenir en votre main le pinceau ou le ciseau,
et il se peut bien que l’œuvre d’art qu’expose ma vie présente
ne ressemble pas tout à fait à l’œuvre d’art qu’elle présentait jadis. Mais
l’art pour l’artiste, et non l’art pour l’art — comme vous ne l’ignorez pas —
Ce ne sont plus les mêmes couleurs, ce n’est plus le même marbre,
cependant, je suis le même peintre, le même sculpteur et c’est te même atelier !
Mes productions que le passé a entraînées dans son cours irrésistible
n’étaient que les fragments d’un ensemble, des facettes de ma personnalité,
d’un MOI qui s’est cherché et se cherche toujours, s’affine, s’achève, s’accomplit,
sans cesser de découvrir, de créer, de produire, de s’affirmer, artiste et non point artisan.
— Identique et pourtant différent !
E. Armand (6 septembre 1943)