La Presse Anarchiste

Lever le doigt ?

En mai 1968, la ques­tion de l’ex­ten­sion des droits syn­di­caux concer­nant la fonc­tion publique a été posée. Ce pro­blème a « pré­ten­du » être réso­lu par une com­mis­sion que les syn­di­cats acce­ptèrent… Il faut savoir arrê­ter une grève quand les légis­la­tives vont don­ner une vic­toire à la gauche. Depuis sep­tembre 1970 (deux ans après), les res­pon­sables syn­di­caux ont quit­té les sièges com­mis­sion­naires. Qui a gagné ? Lais­sons par­ler le comi­té de base d’Orly-Tri.

Le contrôle administratif

Après le pré­avis de grève pour les fonc­tion­naires, voi­ci le pré­avis de réunion… En effet, tout pro­jet de réunion devra faire l’ob­jet d’une demande d’au­to­ri­sa­tion écrite à l’au­to­ri­té admi­nis­tra­tive locale, et ceci 48 heures à l’a­vance. Devront être, en outre, men­tion­nés le lieu de réunion, l’ordre du jour et le nom des res­pon­sables

Cela veut dire que les réunions spon­ta­nées ou non auto­ri­sées sont illé­gales et que par consé­quent, à l’ins­tar de Mar­cel­lin, nos auto­ri­tés locales auront pou­voir de sanc­tion­ner les contre­ve­nants. À noter éga­le­ment que la loi « anti-cas­seur » fait son appa­ri­tion dans les lieux de tra­vail. Au moindre inci­dent (qui peut être volon­tai­re­ment pro­vo­qué par l’ad­mi­nis­tra­tion) résul­tant d’une réunion auto­ri­sée, les res­pon­sables « dépo­sés » peuvent, de droit, être sanc­tion­nés… même s’ils n’y sont pour rien !

L’af­faire de la délé­ga­tion de masse de Mont­pel­lier et la façon dont les « res­pon­sables » ont été pour­sui­vis est assez révélatrice.

L’intégration du syndicalisme

La pierre angu­laire de la « nou­velle socié­té » de Cha­ban-Del­mas en matière de rela­tion entre exploi­teurs et exploi­tés, s’ap­pelle poli­tique de concer­ta­tion. La concer­ta­tion per­ma­nente patro­nat-syn­di­cats devrait, selon lui, har­mo­ni­ser l’an­ta­go­nisme des classes. Les fruits contre nature de ces rap­ports (contrats de pro­grès) assu­re­raient la paix sociale…

Mais sans inter­lo­cu­teurs syn­di­caux repré­sen­ta­tifs qui soient assez forts pour se por­ter garants d’une signa­ture devant tout le monde ouvrier, pas de contrats de pro­grès pos­sibles ! Aus­si tous ses efforts tendent-ils à pro­mou­voir ce syn­di­ca­lisme fort et res­pon­sable qu’il envie aux capi­ta­lismes alle­mand ou bri­tan­nique : « Il (le gou­ver­ne­ment) s’est décla­ré prêt à pro­mou­voir un ensemble de dis­po­si­tions de nature à por­ter au plus haut niveau d’ef­fi­ca­ci­té et de confiance mutuelle les rap­ports entre l’É­tat et les repré­sen­tants des fonc­tion­naires…» (tou­jours dans le même pré­am­bule). Ne pou­vant nier le fait syn­di­cal jusque dans les sec­tions de base, l’É­tat tente d’en détour­ner les effets les plus nocifs pour lui. Ces effets incon­trô­lables par lui s’ap­pellent grève sau­vage, occu­pa­tion des locaux, séques­tra­tion de cadres, etc. Là, pas de pari­ta­risme hypo­crite… seule, la voix ouvrière s’y fait entendre ! c’est la pra­tique ouvrière de l’action directe… Le patro­nat qui est obli­gé de négo­cier sous ce rap­port de force, est moins à l’aise que dans les plus mau­vais fau­teuils com­mis­sion­naires!… Sans comp­ter que dans ces moments, les tra­vailleurs découvrent toute la force qu’ils ont en eux-mêmes et qu’il se pour­rait, qu’à force de pra­tique, ils en arrivent à se sen­tir capables de faire tour­ner les machines pour leur compte… hor­reur ! tout mais pas ça!…

Alors, la démarche de l’É­tat (pre­mier patron de France!) est claire : d’un côté, il ren­force le pro­ces­sus de repré­sen­ta­ti­vi­té de la classe ouvrière (dans sa divi­sion syn­di­cale actuelle, bien sûr) pour l’at­ti­rer dans le gla­cis de la concer­ta­tion ; de l’autre, il com­bat toute expres­sion spon­ta­née et directe de la base sur les lieux d’ex­ploi­ta­tion… Le piège est un peu gros !

À Orly, nous le déjoue­rons. Nous ne lève­rons pas le doigt pour deman­der à l’ad­mi­nis­tra­tion l’au­to­ri­sa­tion d’a­gir comme bon nous sem­ble­ra pour défendre au mieux nos intérêts…

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