La Presse Anarchiste

Sur un livre de Gaston Leval

Plus de quatre cent mille familles vivant — libre­ment — dans des col­lec­ti­vi­tés agri­coles en Espagne entre 1936 et 1939 ; des sec­teurs entiers de l’in­dus­trie regrou­pant des mil­lions de tra­vailleurs qui met­traient en appli­ca­tion la ges­tion ouvrière.

Une révo­lu­tion sociale qui, pra­ti­que­ment du jour au len­de­main et sans le chaos éco­no­mique qui a carac­té­ri­sé la révo­lu­tion russe, a repris la pro­duc­tion sous le contrôle de l’or­ga­ni­sa­tion de classe des tra­vailleurs ; mais aus­si une révo­lu­tion sociale assas­si­née par la réac­tion de droite, comme par la réac­tion de gauche oppo­sée à l’œuvre construc­tive des tra­vailleurs par les tra­vailleurs eux-mêmes.

Le livre de Gas­ton Leval détruit de façon magis­trale le mythe de l’in­ca­pa­ci­té fon­da­men­tale des anar­cho-syn­di­ca­listes à construire : en Espagne pen­dant la guerre civile ils furent les seuls à pro­po­ser une alter­na­tive au pour­ris­se­ment éco­no­mique et social, et à la mettre en appli­ca­tion, tout de suite, sans repor­ter le socia­lisme dans un futur hypothétique.

Face à un par­ti com­mu­niste qui se fai­sait le cham­pion de la petite bour­geoi­sie et à un par­ti socia­liste inca­pable, par ses déchi­re­ments internes, de trou­ver une voie, ce sont les anar­cho-syn­di­ca­listes qui ont per­mis la conti­nua­tion de la lutte grâce aux col­lec­ti­vi­tés agri­coles qui avaient aug­men­té le ren­de­ment de l’a­gri­cul­ture et qui ali­men­taient le front, grâce à l’in­dus­trie socia­li­sée qui per­met­tait la conti­nua­tion de l’ef­fort de guerre contre le fascisme.

Le livre de Gas­ton Leval détruit encore un autre mythe : celui selon lequel ce serait les anar­cho-syn­di­ca­listes qui auraient été la cause de l’é­chec de la guerre civile ; au contraire, sans l’ex­tra­or­di­naire orga­ni­sa­tion qu’ils avaient bâtie et sans leur effort mili­taire, la résis­tance au fas­cisme n’au­rait pas duré trois ans.

Mais le livre de notre cama­rade Gas­ton n’est pas une apo­lo­gie incon­di­tion­nelle : les échecs et les erreurs y sont ana­ly­sés de façon tout aus­si pro­fonde que les réalisations.

« Espagne Liber­taire 1936 – 1939. n’est pas un livre impar­tial : c’est le livre d’un mili­tant qui a vécu cette période de construc­tion sociale, et qui explique com­ment les anar­cho-syn­di­ca­listes ont pu, à tra­vers leur orga­ni­sa­tion, la Confé­dé­ra­tion natio­nale du tra­vail, réa­li­ser ce qui reste encore la plus extra­or­di­naire révo­lu­tion sociale.

« Espagne Liber­taire 1936 – 1939 », aux Édi­tions du « Cercle » et de la « Tête de Feuille » (dans les librai­ries ou chez Gas­ton Leval contre rem­bour­se­ment de 35 francs : 33, bd Edgar-Qui­net, Paris 14e)>.

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