La Presse Anarchiste

Tribune libre

Nous venons de rece­voir le numé­ro 4 de « S.O. » et nous consta­tons qu’il est tou­jours sur la bonne voie.

L’é­di­to, par exemple, est vigou­reux et clair en dénon­çant le miroir aux alouettes qu’est la poli­tique — quel que soit son nom. Mais ce tra­vail d’é­clair­cis­se­ment et de cri­tique est vieux, il a été par­fai­te­ment mené par la C.G.T. du début du siècle et la C.N.T. en Espagne. Avec cette cri­tique, tou­jours oppor­tune, il faut aller au-delà et expo­ser les struc­tures capables de rem­pla­cer effi­ca­ce­ment le capi­ta­lisme et le pou­voir politique.

L’é­tude des fon­de­ments d’une socié­té libre, souple et viable est indis­pen­sable pour que les peuples puissent sor­tir des sen­tiers rebat­tus pour de nou­velles voies émancipatrices.

Bien, en ce qui concerne les pos­tu­lats et pro­po­si­tions des confé­rences et congrès. Mais il faut tou­jours don­ner le plus de relief pos­sible à la dimen­sion constructive.

L’a­na­lyse des grèves et des conflits est très per­ti­nente, tant par la cri­tique du sys­tème capi­ta­liste que par la mise à nu de la mys­tique et du dogme com­mu­niste. Conti­nuez ces ana­lyses avec le même sérieux et le même sou­ci des faits, et sans phrases pom­peuses ni atti­tudes rigides comme vous avez su le faire jus­qu’à présent.

Si vous per­sé­vé­rez dans votre voie et essayez de don­ner un plus grand conte­nu révo­lu­tion­naire à vos articles — conte­nu qui doit démon­trer com­ment on peut orga­ni­ser une socié­té plus juste et plus humaine — vous aurez un impact certain.

L’ar­ticle sur l’a­gri­cul­ture nous semble intel­li­gent et bien­ve­nu. C’est une ligne d’in­té­rêt aban­don­née par le syn­di­ca­lisme clas­sique fran­çais et que l’Al­liance devrait reprendre et étu­dier à fond. EN AVANT !

Dans un pro­chain numé­ro, il serait très inté­res­sant que vous ana­ly­siez le syn­di­ca­lisme ita­lien car il pour­rait ser­vir d’exemple pour ren­for­cer vos thèses sur l’u­ni­té syn­di­ca­liste, et, en même temps, cette étude crée­rait un cou­rant de sym­pa­thie entre l’Al­liance et les syn­di­ca­listes ita­liens et faci­li­te­rait ain­si les contacts et la solidarité.

Le désir qu’ont les syn­di­ca­listes ita­liens de fusion­ner et de se libé­rer de la domi­na­tion poli­tique est un fait majeur de notre temps qu’il faut saluer et encourager.

Jus­qu’à pré­sent nous n’a­vons pas tou­jours su ajus­ter nos fins et nos moyens. Et il est grand temps de savoir ajus­ter les actions et les mots à la réa­li­té et de démon­trer par les faits ce qu’est cha­cun. Nous n’a­vons pas besoin de révo­lu­tion­naires de café, ni de « grosses-voix » ou de « petits-chefs », mais d’in­di­vi­dus sains, prêts à étu­dier les pro­blèmes et à se com­pro­mettre dans le tra­vail par un com­por­te­ment conséquent.

Nous croyons que de l’Al­liance sor­ti­ra une nou­velle géné­ra­tion pour laquelle la liber­té soli­daire ne sera pas seule­ment un dra­peau ou une pen­sée mais un com­por­te­ment exemplaire.

Aux amis de l’Al­liance et de « Soli ». Salut.

B.G.

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