La Presse Anarchiste

Une explication de l’athéisme

L’i­dée de Dieu sou­lève depuis des temps immé­mo­rables, toute une armée d’hy­po­thèses et quels que soient les efforts pour l’im­po­ser, il sub­siste dans l’es­prit de tout indi­vi­du une ombre de doute qui enlève un peu de charme à toute la foi dont on peut être com­blé. L’ap­pa­reil reli­gieux qui compte pour beau­coup par­mi les peu­plades pri­mi­tives repré­sente de moins en moins de valeur dans la par­tie occi­den­tale du globe où les indi­vi­dus sont plus pré­oc­cu­pés par des ques­tions de pro­grès maté­riel que par le sou­ci de péné­trer l’in­son­dable mys­tère cos­mique. L’im­pos­si­bi­li­té de déce­ler ce mys­tère par nos cinq pauvres sens oblige. ceux qui veulent abso­lu­ment. « croire » à faire œuvre d’i­ma­gi­na­tion et à pui­ser dans le rituel des sym­boles, qu’ils appa­rentent à leurs mys­tiques rêve­ries. La foi reli­gieuse ou plu­tôt la Reli­gion qui use de la foi voit dans toute forme de pro­grès le dan­ger pour elle de perdre ses clamps d’ex­ploi­ta­tion, c’est pour­quoi elle s’empresse de jeter l’a­na­thème à tout ce qui tente de la déva­lo­ri­ser et elle nomme ce tout, cet « enne­mi », l’a­théisme. Mais qu’est, au fond, l’a­théisme ? Ce n’est ni une doc­trine, ni un clan de doc­tri­naires, c’est l’en­semble des indi­vi­dus qui se refusent à admettre l’ex­pli­ca­tion humaine de Dieu, et en par­ti­cu­lier, l’ex­pli­ca­tion naïve pro­fes­sée par les prêtres. L’a­thée, lui, vou­drait « croire », réel­le­ment, sans appa­rat, mais il ne veut se perdre dans le fatras reli­gieux, il veut s’ap­puyer sur des don­nées fermes, il n’en­tend rien aux péro­rai­sons doc­to­rales des églises, des temples et des pagodes, il pré­fère à tout cela une posi­tion. qui le pré­serve des inco­hé­rences du mystique.

Il ne nie en aucune façon les mani­fes­ta­tions de la nature, mais il ne peut que les consta­ter, et les expli­ca­tions qu’on lui don­ne­ra ne pour­ront lui suf­fire, car il désire être libre de toutes vaines hypo­thèses. Dieu, ou l’i­dée que l’on se fait de lui, ne pour­rait lui inter­dire ce mode de pen­ser puisque le loi­sir de dis­cer­ner est pro­prié­té com­mune. La science que l’on accuse d’être trop maté­ria­liste pré­vau­dra-t-elle sur tous les ensei­gne­ments divins ou apos­to­liques lan­cés dans le monde ? Plu­tôt, car la science ne s’at­tarde pas en dis­cours vagues. Elle, réa­lise et en réa­li­sant, elle perce chaque fois une nature qui se révèle dans ses laboratoires.

[/​Daniel Natal/​]

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