L’idée de Dieu soulève depuis des temps immémorables, toute une armée d’hypothèses et quels que soient les efforts pour l’imposer, il subsiste dans l’esprit de tout individu une ombre de doute qui enlève un peu de charme à toute la foi dont on peut être comblé. L’appareil religieux qui compte pour beaucoup parmi les peuplades primitives représente de moins en moins de valeur dans la partie occidentale du globe où les individus sont plus préoccupés par des questions de progrès matériel que par le souci de pénétrer l’insondable mystère cosmique. L’impossibilité de déceler ce mystère par nos cinq pauvres sens oblige. ceux qui veulent absolument. « croire » à faire œuvre d’imagination et à puiser dans le rituel des symboles, qu’ils apparentent à leurs mystiques rêveries. La foi religieuse ou plutôt la Religion qui use de la foi voit dans toute forme de progrès le danger pour elle de perdre ses clamps d’exploitation, c’est pourquoi elle s’empresse de jeter l’anathème à tout ce qui tente de la dévaloriser et elle nomme ce tout, cet « ennemi », l’athéisme. Mais qu’est, au fond, l’athéisme ? Ce n’est ni une doctrine, ni un clan de doctrinaires, c’est l’ensemble des individus qui se refusent à admettre l’explication humaine de Dieu, et en particulier, l’explication naïve professée par les prêtres. L’athée, lui, voudrait « croire », réellement, sans apparat, mais il ne veut se perdre dans le fatras religieux, il veut s’appuyer sur des données fermes, il n’entend rien aux péroraisons doctorales des églises, des temples et des pagodes, il préfère à tout cela une position. qui le préserve des incohérences du mystique.
Il ne nie en aucune façon les manifestations de la nature, mais il ne peut que les constater, et les explications qu’on lui donnera ne pourront lui suffire, car il désire être libre de toutes vaines hypothèses. Dieu, ou l’idée que l’on se fait de lui, ne pourrait lui interdire ce mode de penser puisque le loisir de discerner est propriété commune. La science que l’on accuse d’être trop matérialiste prévaudra-t-elle sur tous les enseignements divins ou apostoliques lancés dans le monde ? Plutôt, car la science ne s’attarde pas en discours vagues. Elle, réalise et en réalisant, elle perce chaque fois une nature qui se révèle dans ses laboratoires.
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