La Presse Anarchiste

Le secours rouge international contre les révolutionnaires

Le Secours Rouge Inter­na­tio­nal fait par­ler de lui der­niè­re­ment. Et pour cause. La déroute morale du P.C., l’a­bais­se­ment jus­qu’à zéro du niveau d’hon­nê­te­té de la C.G.T.U., qui n’est deve­nue que le cabi­net de toi­lette du Par­ti Com­mu­niste, ont lais­sé l’In­ter­na­tio­nale de Mos­cou sans un organe en France qui puisse, plus ou moins, avoir l’o­reille du pro­lé­ta­riat de ce pays, suf­fi­sam­ment dégoû­té des autres organismes.

Or, le S.R.I. a de l’argent, beau­coup d’argent ; et vous vous en dou­tez, n’est-ce pas, d’où il pro­vient. Cet argent va au secours de tous les révo­lu­tion­naires… C’est ce qu’on nous dit, du moins. Et, avec ça, on tâche d’a­bord d’at­ti­rer dans l’or­bite d’ac­ti­vi­té du S.R.I. tous les révo­lu­tion­naires ; ensuite, on exploi­te­ra cette situa­tion en faveur de la néces­si­té du front unique au pro­fit de la bol­ché­vi­sa­tion mon­diale c’est-à-dire de l’ar­res­ta­tion et de l’exé­cu­tion som­maire de tous les révo­lu­tion­naires aus­si­tôt que l’oc­ca­sion s’en pré­sen­te­ra… et, cette fois, au moins, ce seront bien tous les révolutionnaires !

Et il s’en trouve encore qui marchent et qui se laissent rou­ler ! Heu­reu­se­ment qu’ils sont rares. Il faut qu’il n’y en ait pas du tout.

Le S.R.I. se fait le devoir de publier régu­liè­re­ment des pro­tes­ta­tions contre les per­sé­cu­tions dont sont vic­time les révo­lu­tion­naires des divers pays. Le S.R.I. se fait le devoir de dis­tri­buer des oboles — ou de grosses sommes, d’a­près l’é­ti­quette de la vic­time — aux révo­lu­tion­naires per­sé­cu­tés ou empri­son­nés… pas dans tous les pays.

Le S.R.I. a‑t-il jamais souf­flé mot sur les per­sé­cu­tions dont sont vic­times les révo­lu­tion­naires en Rus­sie ? À‑t-il jamais dit que les souf­frances qu’ont à subir nos cama­rades aux mains de bour­reaux comme Pri­mo de Rive­ra, Mus­so­li­ni et autres Dzer­jins­ki ne sont que jeux d’en­fants en com­pa­rai­son avec les souf­frances phy­siques et morales dont sont vic­times les révo­lu­tion­naires empri­son­nés et exi­lés dans la Rus­sie bol­che­viste dont le gou­ver­ne­ment emplit les caisses du S.R.I. ?

Quand le S.R.I. pren­dra-t-il posi­tion sur la ques­tion des per­sé­cu­tions et tor­tures per­pé­trées dans son pays d’o­ri­gine ? Et s’il se refuse de la prendre, plus que ça : s’il se soli­da­rise avec les bour­reaux du Krem­lin, se trou­ve­ra-t-il un seul révo­lu­tion­naire à la San­té ou ailleurs — qui ait le cou­rage de tendre la main à ces hypocrites ?

Nous espé­rons bien que non.

Déjà la Fédé­ra­tion Bâti­ment a fait le geste néces­saire. À son der­nier Comi­té Natio­nal tenu récem­ment, elle a décla­ré hau­te­ment comme suit :

Le Comi­té Natio­nal de la Fédé­ra­tion du Bâti­ment, réuni à la Bourse du Tra­vail, le 17 juillet, après avoir dis­cu­té sur le Secours Rouge Inter­na­tio­nal, déclare :

Consi­dé­rant que le Secours Rouge Inter­na­tio­nal est une œuvre dépen­dant du gou­ver­ne­ment de Mos­cou d’autre part que le Secours Rouge Inter­na­tio­nal n’a jamais pro­tes­té contre les empri­son­ne­ments des révo­lu­tion­naires en Russie ;

Déclare ne rien avoir de com­mun avec cet organisme.

Invite toutes les orga­ni­sa­tions adhé­rant à la vieille Fédé­ra­tion à appor­ter toute leur aide pécu­naire au Comi­té l’En­tr’Aide, seul orga­nisme vrai­ment sous le contrôle des syn­di­cats et venant en aide à tous cama­rades détenus.

D’autre part, le Comi­té de Défense Sociale étant le com­plé­ment moral de l’En­tr’Aide, le Comi­té Natio­nal déclare ne recon­naître que ces deux organismes.

Le S.R.I. a donc reçu sa pre­mière gifle. La série doit conti­nuer. C’est du devoir de toutes les orga­ni­sa­tions d’a­vant-garde — U.F.S.A. et syn­di­cats auto­nomes, Union Anar­chiste, Comi­té de Défense Sociale, Œuvres d’Éditions Inter­na­tio­nales, etc. — de se situer net­te­ment et fran­che­ment pour en finir avec ce nou­vel orga­nisme bol­che­viste de démo­ra­li­sa­tion au sein de la classe ouvrière française.

Le S.R.I., à la suite de ses maîtres de Mos­cou, a acca­pa­ré pour soi le mot d’ordre léni­niste : « Pour vaincre le pro­lé­ta­riat, il nous faut de l’hy­po­cri­sie, encore de l’hy­po­cri­sie, tou­jours de l’hypocrisie. »

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