La Presse Anarchiste

Le travail du Comité d’Émigration

Comme nos lecteurs le savent déjà, l’As­so­ci­a­tion Inter­na­tionale des Tra­vailleurs avait pris l’ini­tia­tive, au dernier plénum de son Bureau admin­is­tratif tenu à Paris en mai dernier et à la sug­ges­tion de cer­taines cen­trales, dont beau­coup de mem­bres avaient été oblig­és d’émi­gr­er en France, de créer à Paris un Comité d’émi­gra­tion qui tra­vaillerait en com­plet accord avec les organ­i­sa­tions ouvrières français­es les plus rap­prochées, idéologique­ment, de l’A.I.T.

Le Comité d’Émi­gra­tion avait un dou­ble but :

En pre­mier lieu, il devait rap­procher la grande masse de tra­vailleurs émi­grés des organ­i­sa­tions français­es, de leur faire com­pren­dre l’im­por­tance qu’il y a pour eux d’ad­hér­er aux organ­ismes syn­di­caux, de ne pas se dés­in­téress­er de la lutte quo­ti­di­enne et de ne pas entraver celle que leurs frères français mènent con­tre le patronat.

En sec­ond lieu, le Comité d’Émi­gra­tion devait tenir groupés ensem­ble les tra­vailleurs étrangers autour du dra­peau de leur mou­ve­ment nation­al, de ne pas les laiss­er se dis­pers­er et leur don­ner la pos­si­bil­ité de con­tin­uer leur pro­pa­gande, écrite ou orale, dans la langue de leur pays, afin de faciliter l’œu­vre de regroupe­ment des forces révo­lu­tion­naires du syn­di­cal­isme, soit en France, soit dans les autres pays le jour où les émi­grés seront en mesure de retourn­er chez eux et d’y recon­stru­ire les organ­ismes détru­its par la réaction.

La créa­tion de ce Comité a été reçue avec une appro­ba­tion cor­diale non seule­ment par les émi­grés mem­bres des organ­i­sa­tions syn­di­cal­istes de leurs pays respec­tifs, mais aus­si par les syn­di­cats autonomes de France.

C’est ain­si qu’au­jour­d’hui le Comité d’Émi­gra­tion est com­posé de représen­tants des organ­i­sa­tions suivantes :
— Con­fédéra­tion Nationale du Tra­vail d’Espagne ;
— Con­fédéra­tion Générale du Tra­vail du Portugal ;
— Union Syn­di­cale Italienne ;
— Comité Anar­cho-Syn­di­cal­iste Polonais ;
— Union Fédéra­tive des Syn­di­cats Autonomes de France ;
— Fédéra­tion Nationale des Tra­vailleurs de l’In­dus­trie du Bâti­ment et des Travaux Publics ;
— Syn­di­cat Unique du Bâti­ment de la Seine ;
— XIIIe Région du Bâtiment.

Les trois pre­mières organ­i­sa­tions sont affil­iées à l’A.I.T. ; le Comité polon­ais, tout en n’é­tant pas un organ­isme syn­di­cal, œuvre néan­moins en plein accord avec les principes et le pro­gramme de l’A.I.T. ; les organ­i­sa­tions français­es énumérées plus haut n’ont aucune affil­i­a­tion inter­na­tionale. Comme l’a expliqué le Bureau Fédéral de la Fédéra­tion du Bâti­ment dans le « Libertaire » :

« Nous sommes bien dans l’axe de cette pro­pa­gande inter­na­tion­al­iste, que nous avons tou­jours dif­fusée dans notre Fédéra­tion. L’A.I.T. nous aide, devons-nous rejeter un organ­isme parce que cer­tains l’ont bap­tisé « anar­chiste » ? Ceux qui la calom­nient con­nais­sent-ils sa véri­ta­ble struc­ture, et ses statuts pub­liés dans le n°2 de la « Voix du Travail » ?

L’A.I.T. lutte con­tre le patronat et l’État. Que dis­ons-nous de plus depuis des années, que l’État et le patron ne font qu’un.

Les bâti­menteux seront avec nous parce qu’ils pensent comme nous, c’est-à-dire que le tra­vail sera libre lorsque ces deux dogmes seront abolis. »

Le Comité n’ex­iste que depuis deux mois. Il a pu, durant cette péri­ode, réalis­er l’œuvre de resser­re­ment entre les divers tronçons du syn­di­cal­isme révo­lu­tion­naire mon­di­al échoué sur la terre de France et le syn­di­cal­isme autonome de ce pays. En out­re, il a pub­lié deux tracts. L’un, en langue française, au nom­bre de cent mille, adressé tant aux ouvri­ers français qu’aux ouvri­ers étrangers, place devant eux le prob­lème de l’or­gan­i­sa­tion rationnelle de la main‑d’œuvre étrangère, et la néces­sité plus qu’ur­gente à s’en­tr’aider afin de ren­forcer, d’un côté, les syn­di­cats français et à regrouper, de l’autre, les éner­gies et élé­ments syn­di­cal­istes dis­séminés dans l’émi­gra­tion. Ce tract a été envoyé à tous les syn­di­cats autonomes afin que ceux-ci puis­sent le dis­tribuer partout où ouvri­ers français et étrangers tra­vail­lent ensem­ble. Un sec­ond tract en langue ital­i­enne, pub­lié en quan­tité plus restreinte, s’adresse spé­ci­fique­ment aux mil­i­tants qui ont dû fuir l’I­tal­ie, les enjoignant de ne pas rester placides devant les prob­lèmes que la classe ouvrière française tâche de résoudre, de don­ner leurs éner­gies à l’œuvre du Comité d’Émigration.

Un troisième tract, en langue polon­aise, est en pré­pa­ra­tion pour dis­sémi­na­tion par­mi la grande masse d’ou­vri­ers polon­ais inor­gan­isés qui tra­vail­lent en France, surtout dans le bassin minier du Nord et du Pas-de-Calais.

Étant don­né que par­al­lèle­ment avec ce tra­vail très impor­tant du Comité d’Émigration, le mou­ve­ment autonome français est en train de faire un effort défini­tif et sérieux pour regrouper ses pro­pres forces, il est d’au­tant plus urgent que tous ceux qui se procla­ment du syn­di­cal­isme révo­lu­tion­naire fédéral­iste et anti-étatiste vien­nent à la rescousse et don­nent un coup d’é­paule au dou­ble tra­vail entrepris.

Les cama­rades et syn­di­cats désir­ant obtenir des tracts pour dis­tri­b­u­tion ou des ren­seigne­ments sup­plé­men­taires sur l’ac­tiv­ité du Comité d’Émigration sont priés d’écrire au cama­rade Faudry, Secré­taire du S.U.B., pour le Comité d’Émigration, Bourse du Tra­vail, 4e étage, bureau 10, 3, rue du Château-d’Eau, Paris 10e.


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