La Presse Anarchiste

Mouvement social

Naples. — Vous savez déjà que Cris­pi n’a pas vou­lu se défendre contre le « dos­sier » Caval­lo­ti. Ain­si, il reste sous l’ac­cu­sa­tion de faux, de concus­sion et de chan­tage. Ce der­nier « crime » — l’affaire Rei­nach-Herz — seule­ment, suf­fi­rait pour faire infli­ger à un citoyen quel­conque une for­mi­dable condam­na­tion. Pour Cris­pi, chef-ministre et cou­sin du roi, la jus­tice bour­geoise se tait, tan­dis que sa presse crie au scan­dale ! Ce serait ridi­cule, si ce n’était pas sim­ple­ment infâme.

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Tous les jour­naux — sin­cè­re­ment ou non — s’occupent de l’am­nis­tie pour les condam­nés mili­taires. Le gou­ver­ne­ment se tait. On indique aus­si des dates contradictoires.

En atten­dant, on fait sur toute la ligne des pro­cès aux anar­chistes. Et comme pour répu­dier toute dis­po­si­tion en faveur de l’am­nis­tie, le 26 du mois pas­sé, on condam­na encore une fois les anar­chistes sici­liens Guly, Cas­to­ri­na et d’autres — déjà vic­times des tri­bu­naux mili­taires — à un an de réclusion.

Au pro­cès assis­tait, déso­lée, Mme Guly et son fils.

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Pour vous conso­ler de ces nou­velles, écou­tez ce qu’on lit dans le Gior­dao Bru­no :

« Notre gra­zio­sis­si­ma sou­ve­raine a une pré­di­lec­tion spé­ciale pour les fraises, qu’on lui sert tous les jours à la fin du dîner. Sa pré­di­lec­tion est grande aus­si pour les fraises qui sont conser­vées, même en hiver, dans les serres annexées à tous les palais et à toutes les vil­las royales.

« Eh bien ! savez-vous com­bien coûte envi­ron cette pré­di­lec­tion sou­ve­raine ? Elle coûte qua­torze mille francs par an, c’est-à-dire qua­rante francs par jour ! Une petite somme, avec laquelle vivraient vingt ouvriers à 2 francs par jour, ou, si on était dans la Polé­sine, 40 ouvriers.

« Il est vrai, du reste, que les ouvriers ne mangent pas des fraises comme la reine ! »

[/​Roberto D’Angió/​]

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