La Presse Anarchiste

J’aime le soir

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J’aime le soir qui est détente,
J’aime le soir auprès du feu.
Alors rien d’autre ne me tente
Que de goûter un calme heureux.

Fini le jour et ses tourments,
La pen­sée domine la peine.
Finie la course du cadran,
Du temps lais­sons tomber la chaîne.

J’aime le soir qui est songe,
Soir, calme du moi délivré,
Loin de tout ce qui est mensonge,
De l’âme ce bon­heur est seul vrai..

Le soir apporte ses images
Faites d’e­spoir, de poésie,
À l’homme, proie d’un esclavage
Mêlé de hargne et d’hérésie.

Le soir, l’homme vit par son moi.
Il se retrou­ve avec lui-même.
Il entend à nou­veau sa voix,
Libre d’aimer tout ce qu’il aime.

Le soir, c’est le seuil de son rêve,
C’est son, empire qui renaît.
C’est le gain de nou­velles sèves
Pour un lende­main acharné.

Que la vie soit tou­jours un soir,
Un terme à la désespérance
D’une lutte chargée de noir,
De ran­cunes sour­des et rances

[/Daniel Car­i­on/]


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