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La tempête l’a assailli, débouchant des confins du nord,
la tempête et son cortège de pluie, de neige, de grêle,
et de vent — un vent violent, implacable, irrésistible,
un vent couchant sur le sol les géants des forêts profondes,
soulevant jusques aux nues les vagues des océans,
ensevelissant les barques, submergeant les esquifs, désarticulant les radeaux,
s’élançant furieux à l’assaut des digues de granit !
— Mais mon amour pour toi est comme un vaisseau de haut bord.
L’aridité s’est abattue sur lui… sur mon amour pour toi.
L’aridité : la sécheresse qui fait un désert du champ le plus fertile,
la chaleur caniculaire qui brûle les moissons, dessèche les torrents, tord les arbres,
l’atmosphère étouffante qui émacie le corps et parchemine la peau,
l’incandescence de l’air qui amollit les nerfs et ronge le courage,
l’ardeur solaire qui affole le gosier et provoque l’inextinguible soif,
la fièvre enfin qui consume, qui décharne, qui enflamme le sang.
— Mais mon amour pour toi est comme un puits intarissable !
Les épreuves ont fondu sur lui… sur mon amour pour toi.
L’épreuve sournoise, larvée, rampante, occulte ou affichée,
avec ses auxiliaires : le doute, la rancœur, le soupçon,
les soucis, les maladresses, l’incertitude, l’impatience,
la séparation, l’éloignement, les jours mornes, les horizons gris,
la méfiance, les mots cruels, l’incompréhension, la tristesse,
les voix vomies du subconscient, sourdes, hargneuses, déprimantes toujours…
— Mais mon amour pour toi n’est pas de ceux qui se reprennent…
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