La Presse Anarchiste

Anniversaire

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Anni­ver­saire du onze novembre,
 — len­de­main de paye dans les quar­tiers d’usines,
cabo­tins, pré­si­dents, ivrognes et filles publiques, —
il ne te fut rien épar­gné pour t’avilir,
à l’égal d’un qua­torze juillet !

Rien : ni les dra­peaux comme ceux des conscrits,
ni les auges-ban­quets rem­plies pour deux cents têtes.

Des anciens com­bat­tants ont vomi partout.

Mais le plus triste, hélas ! n’est pas de savoir
que la pour­ri­ture a raison.

Il y a le dégoût que donne un peuple aveugle,
pour qui l’anniversaire ne peut plus signifier.

Cepen­dant, pay­sans attar­dés, ce jour, à l’auberge,
ain­si qu’aux jours de foire ;
ouvriers dont l’ivresse — seule — est révolutionnaire,
je dis que la pour­ri­ture a raison.

C’est bien pour des dra­peaux sem­blables à des hommes ivres,
des voyous s’emparant des chan­sons de révolte
(comme d’autres parlent au nom de la justice),
pour le jazz-band, la mer­cante et la boxe,
et les sexes publics débor­dés et fourbus,

c’est bien pour tout ça qu’au nom de la France,
il y a dix-sept cent mille morts…

[/​11 Novembre 1922.

Roger Bœuf­gras./​]

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