La Presse Anarchiste

Actualité

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À l’an­ni­ver­saire de l’as­sas­si­nat des com­mu­nards au Père-Lachaise, les jour­naux signa­lant les divers groupes de cama­rades qui défi­lèrent devant le mur citent le groupe des Polo­nais et le Bound.

Pour­quoi n’y avait-il pas des groupes d’Ar­mé­niens, de Kal­moucks, de Fin­lan­dais, de Lithua­niens, de Petits-Rus­siens, etc., de Bre­tons, de Mor­van­diaux, d’Au­ver­gnats, de Savoyards, etc., de maho­mé­tans, de boud­dhistes, de pro­tes­tants, de catho­liques, etc. ?

C’est déjà assez mal­heu­reux pour l’hu­ma­ni­té qu’elle soit divi­sée par les langues et les fron­tières gou­ver­ne­men­tales sans encore la divi­ser, la frac­tion­ner à l’infini.

À bas tous les patriotismes !

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Désar­roi des socia­listes et libé­raux belges bat­tus aux élec­tions. À Bruxelles, les citoyens désap­poin­tés pro­testent et des­cendent dans la rue, prêts à mar­cher, mais ne savent à quoi, à qui s’en prendre. Ils sont là dix mille ras­sem­blés devant la Mai­son du Peuple dit la « Bataille Syn­di­ca­liste », atten­dant, cher­chant, récla­mant qu’un diri­geant les harangue, mais c’est en vain, les diri­geants socia­listes comme tou­jours en pareil cas sont terrés.

Un public si vibrant, si enthou­siaste, si nom­breux et pas un ora­teur répu­té, pas un chef ! Que vou­liez-vous qu’ils fissent ?

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Mil­le­rand ne veut pas des anar­chistes dans l’ar­mée. Il le fait savoir hau­te­ment. Tous les jeunes gens qui auront été condam­nés, iront aux exclus, aux bat d’aff.

C’est fort fâcheux, car com­ment ferons-nous la révo­lu­tion, si n’ayant guère envie d’al­ler « se faire faire sol­dat » les anar­chistes ignorent le devoir patriotique ?

Tout de même, la vis se serre tou­jours ! Pré­pa­rons nos fils, nos frères, pour qu’à vingt ans ils soient des hommes ins­truits, volon­taires, pré­pa­rés et parés, qu’ils soient assu­rés de notre aide quand elle leur sera néces­saire, que déjà ils ne soient plus des « conscrits » comme le trou­peau des blancs-becs encasernés.

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Un accu­sé jugé sans avoir vu ses accu­sa­teurs. Tel est le cas qui faillit se pro­duire pour Rous­set. C’est renversant.

À toute cette nou­velle affaire Drey­fus, le Comi­té de Défense Sociale a consa­cré son bul­le­tin de Mai, le récla­mer gra­tui­te­ment au secré­taire Thui­lier 155 rue Mar­ca­det Paris.

De l’a­gi­ta­tion et Rous­set sor­ti­ra des pattes des mili­taires. Quelle sot­tise aus­si d’être allé s’y fourrer !

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Encore un tra­vailleur, Mala­tes­ta, qui a besoin qu’on l’aide de toute façon – et pas trop tard – car si les anglais le laissent chas­ser de l’île, on se demande où il ira puis­qu’il est déjà ban­ni de pas mal de pays, Ita­lie, France etc. Il faut peu de chose, quel­que­fois, pour que les gou­ver­nants n’aillent pas jus­qu’au tout

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La grève des dockers a eu lieu, en Angle­terre, à la suite d’une embauche de non-syndiqué.

À Londres, tout docker doit être syn­di­qué. C’est la carte for­cée : ou syn­di­qué ou ne pas travailler.

Cepen­dant tout anar­chiste veut la sup­pres­sion de la pro­prié­té indi­vi­duelle, il veut abo­lir le sala­riat, c’est en quoi éco­no­mi­que­ment il est anar­chiste. Imbu de ces idées, il pro­pa­gande auprès des tra­vailleurs pour qu’ils les adoptent. Or, les tra­vailleurs fai­sant leur une par­tie de ces idées, mais n’ayant pas la men­ta­li­té anar­chiste, consti­tuent des syn­di­cats pour conqué­rir au plus tôt la par­tie qu’ils croient réa­li­sable des reven­di­ca­tions anarchistes.

Que s’en­suit-il pour l’a­nar­chiste ? Pour tra­vailler il doit entrer au syn­di­cat, c’est-à-dire aban­don­ner une par­tie de sa liber­té, subir un peu de la dis­ci­pline et le contact des esclaves dont l’i­gno­rance l’as­ser­vit ; refu­ser de se syn­di­quer, dans ce cas, c’est aban­don­ner l’ou­til et le salaire.

D’autre part, les syn­di­cats sont inutiles s’ils n’im­posent pas leurs volon­tés aux patrons, sur­tout quand ceux-ci veulent faire appel aux jaunes.

Deman­der que l’in­di­vi­dua­liste ne soit pas for­cé­ment syn­di­qué, c’est sem­blable à deman­der qu’il ne soit pas gou­ver­né. Les anars, sor­tons-nous de là comme nous pouvons.

[/​G. Butaud/​]

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