La Presse Anarchiste

Aux Indes

Les cou­tumes, les manières de vivre hin­dous inté­ressent au plus haut point les végé­ta­riens, car, quoique la civi­li­sa­tion occi­den­tale ne devrait pas être une entrave au but que nous pour­sui­vons, mais tout au contraire un moyen d’y accé­der, les méthodes de tra­vail, la cupi­di­té et le manque d’une direc­tive de vie sui­vant sa conscience sont tels, dans les pays de culture occi­den­tale, que les pen­sées et les actes ne sont pas régis par la réunion du cœur et de l’intelligence, mais seule­ment par la peur de ne pas gagner assez d’argent pour avoir les moyens de bien vivre, de s’estimer soi-même, de se pro­cu­rer les plai­sirs futiles. C’est cela qui fit com­pa­rer les pays de culture occi­den­tale à un chez soi dans lequel le cœur est mort (heart­break house), cette com­pa­rai­son est du grand écri­vain Ber­nard Shaw. Aux Indes les tra­di­tions des castes, des reli­gions et de l’activité indi­vi­duelle sont si fortes que le peuple entier suit encore les prin­cipes prê­chés il y a des siècles par les sages au grand cœur et aux grandes pen­sées. Dans ce pays les hommes parlent des langues et des dia­lectes dif­fé­rents et aus­si nom­breuses et dif­fé­rentes sont les croyances reli­gieuses et les lois ; ce qui a conduit le peuple hin­dou au végé­ta­risme, c’est l’ordre : « ne tuez pas », ordre qui est plus ou moins obser­vé. C’est pré­ci­sé­ment à l’observance de cet ordre que l’on dis­tingue de prime abord les vrais hin­dous des immi­grés maho­mé­tans et per­sans. Les Occi­den­taux qui se situent à part et qui ont eu en main la direc­tion du pays n’arrivent géné­ra­le­ment pas à avoir un contact intime avec les indigènes.

C’est parce qu’ils observent cet ordre que les hin­dous n’abattent pas les ani­maux, aus­si les Occi­den­taux emploient comme ser­vi­teurs des maho­mé­tans. Dans le Ben­gale, près de Madras, et sur les côtes du Mala­bar, il existe des castes non végé­ta­riennes, se nour­ris­sant de pois­son, quelques-unes mangent même de la viande de chèvre ; cepen­dant ces castes ne forment qu’une mino­ri­té, ce sont sur­tout celles qui vénèrent la déesse Kali­ka et sont des basses castes. Kali­ka fut une man­geuse de viande et recom­man­da cette nour­ri­ture à la caste où étaient recru­tés les sol­dats, afin que ceux-ci soient exci­tés et capables de tuer leurs enne­mis à la guerre.

(à suivre)

[/​traduit par R.J. Filliatre (extrait du n°1 du « Vege­ta­ra­no » de Ham­bourg, octobre 21/) 

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