Un « type », au sens propre du mot. Un propagandiste fervent du naturisme, en particulier, des idées libertaires en général, – esprit très éclectique. Une personnalité puissante et agissante. Un individualiste foncier. Un méconnu, sinon inconnu. Un original, « tapé » disent certains.
Tel est Henri Zisly.
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Né en 1872, à Paris, « enfant naturel » de mère bretonne, il ne connut jamais son père.
Il débuta dans le mouvement social à Paris en 1889, comme socialiste-révolutionnaire. À 18 ans, il devint anarchiste révolutionnaire ; il a quelque peu modifié ses conceptions premières par la suite.
En 1892, il lance « le Paria », un organe qui affectait divers formats : feuille volante, revue, brochure, pamphlet. Il l’écrivait lui-même, à la main, à quelques exemplaires.
Arrêté en 1894 en qualité « d’affilié à une bande de malfaiteurs », arrêté de nouveau deux ans après, il fut encore arrêté en mars 1915 pour « propagande pacifiste » ? Il fut toujours relâché après quelques jours de prison.
En 1907, il lance, par souscription volontaire, « La Vie Naturelle ». Le n°2 de juillet 1908, le n°3 de septembre 1909, etc. Le n°8, le dernier paru, datant d’octobre 1920. Entre temps il édita 1901 « Rapport sur le mouvement naturien », 1902, 1910, deux fascicules « Libres critiques sur la science et la nature », 1911 « Écrits anti-mortuaires », 1913 « la vérité sur les anarchistes » (d’Alfred Loriot)
Continuellement absorbé par la vie intellectuelle, toujours dévoué pour venir en aide aux camarades, soit matériellement soit intellectuellement, il n’a jamais eu ni le goût ne le temps de chercher à se procurer une situation relativement bonne : il a toujours végété comme manœuvre, et il continue.
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H. Zisly collabora, et collabore encore, à de nombreux organes. Actuellement, par exemple, au Néo-naturien, à la Feuille, la Révolte, le Réveil de l’esclave, les Vagabonds, le Libertaire, etc., plus ou moins régulièrement.
Ses nombreux écrits se divisent en trois catégories :
- de théorie et de combat, très éclectiques,
- naturisme et similaires
- critiques littéraires.
Je ne sais pas quelles sont ses intentions, mais il serait intéressant que Zisly eût l’idée, quelque jour, de réunir et grouper, en une plaquette ou un volume, toutes ses critiques, qu’il a ainsi semées à droite et à gauche.
Pour ceux qui seraient désireux de se mieux pénétrer la personnalité d’Henri Zisly, il leur faudrait lire de lui, dans la Vie Naturelle 1912 « Mes confessions » dans celle de 1920, « Moi, H. Zisly ».
Dans ces deux examens de conscience ; avec une rare franchise, sans aucune vantardise, mais au contraire en toute simplicité, en toute naïveté, si vous voulez, Zisly se peint, montrant ses goûts, ses penchants, ses aptitudes, ses défauts et ses qualités.
Et pour compléter, seraient à lire « La Conception du Naturisme Libertaire » éditée par la revue grecque Grammata, – « Contes et Croquis », édition de l’auteur, 1907.
Pour mon compte personnel, de toute la production écrite de Zisly que je connais, c’est ce dernier opuscule que je préfère. Il y a là vers et proses [mot illisible], deux ou trois banalités, il est vrai, des choses exquises comme Présentations, – Joies de Chair, – Attitudes, – Union modèle, – Question de nuances, – Sensations d’automne.
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De leur vivant, on ne parle que des « personnalités ». Pour les « obscurs », on attend leur mort, si encore on songe à eux. En esquissant cette silhouette d’Henri Zisly, j’ai voulu rompre avec cette coutume. Je la romprai prochainement encore en esquissant Hervé Coatmeur.
[/St Cyr, 25 juin 1922
Paul
Le mois prochain, André Lorulot, puis A. Colomer.