Avec des gens intelligents on peut toujours s’entendre, mais avec des brutes, c’est impossible.
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Il n’y a qu’une immoralité, c’est la bêtise.
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L’individu ne crée que dans l’isolement, le recueillement et la liberté absolue de l’esprit, loin des foules, tandis que celles-ci, toujours agitées et mobiles, traversées par des courants de passions divers, ne possèdent ni le calme, ni la volonté, ni l’énergie nécessaire pour sortir de la routine et quitter les sentiers battus. C’est à l’individu différent de la foule qu’appartient le privilège de faire avancer l’humanité en lui indiquant la route à suivre.
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Qu’est-ce qu’un « pacifisme » qui n’existe que pendant la paix, qui ne s’exerce pas pendant la guerre, occasion pourtant pour lui de s’affirmer. Un tel pacifisme est un mensonge, un trompe‑l’œil et une lâcheté.
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Au-dessus de l’autorité et de l’égalité, deux tyrans également redoutables, nous plaçons la liberté, qui elle-même devient une tyrannie si on la déforme en ne comprenant pas qu’elle exige de l’individu un apprentissage, une maîtrise de soi, une volonté de justice et d’harmonie que ni l’autorité, ni l’égalité ne pourront jamais nous offrir.
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Nous nous livrons tout entier à la défense d’une cause qui ne triomphera pas plus tard. On ne peut suspecter notre bonne foi et nos intentions, puisque nous savons que nous n’en profiterons pas. C’est pour un idéal éloigné que nous luttons, et nous n’avons même pas la consolation d’entrevoir les premiers signes de sa réalisation.
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À la raison qui énonce « la guerre, c’est idiot » la bêtise répond « il y aura toujours des guerres. Il faut bien des soldats pour nous défendre ; – si nous n’avions pas d’armée que deviendrions-nous ? etc., etc. » et autres lieux communs dont le moindre bon sens révèle l’insanité.
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Sauver les droits de l’esprit contre la Révolution pour mieux servir la Révolution c’est un idéal qui ne peut plaire aux sectaires. Toute révolution doit contenir et mettre au premier plan la révolution morale, spirituelle et intellectuelle qui l’empêche de dévier, et sans laquelle il n’y a point de révolution.
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J’admets qu’un écrivain ait les idées les plus fausses, les plus rétrogrades, mais ce que je n’admets pas, c’est qu’après avoir prêché la révolte et l’anarchie, il se range du côté des oppresseurs.
(à suivre)
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