La Presse Anarchiste

Pour s’éduquer

 Mano­va a signa­lé l’initiative de Fon­ta­nieu [[voir n°2 des Vaga­bonds.]]. Le 1er cahier de la « Mutuelle de l’Éducation » vient de nous par­ve­nir. Ini­tia­tive à reprendre et à déve­lop­per. L’un des adhé­rents, Pierre P., nous dit, dans ce 1er cahiers, en avoir déjà orga­ni­sée une pré­cé­dem­ment. Moi-même, en 1917 et 18, avec un bon cama­rade et ami, avais eu éga­le­ment cette idée, et nous fûmes ain­si une dizaine à échan­ger des idées. Notre « Pous­sée » a som­bré, je ne sais pour­quoi : la guerre, peut-être, qui nous dis­per­sait à droite et à gauche. Mû par l’impulsion de Fon­ta­nieu, je fais une nou­velle ten­ta­tive. Les cama­rades que cela inté­resse n’ont qu’à m’écrire. Mais il ne faut pas que l’association dépasse 5 à 6 adhé­rents (« La Mutuelle » Fon­ta­nieu en réunit 7). Il ne faut pas non plus que les adhé­rents soient de la même ville : le charme ne serait pas le même, et de plus, pour échan­ger des idées entre com­pa­gnons d’une même loca­li­té nous avons les « groupes ». Si je rece­vais trop d’offres d’adhésion je pour­rais mettre en rela­tions les cama­rades « en supplément ».

* * * *



Dans ce pre­mier cahier, aucun sujet pré­cis n’a été trai­té ; sim­ple­ment des aper­çus sur l’évolution, l’état d’âme et les concep­tions des dif­fé­rents adhé­rents (ce qui m’a énor­mé­ment inté­res­sé) et aus­si quelques pré­ci­sions sur le fonc­tion­ne­ment de la « Mutuelle ». Aucun des adhé­rents n’a sug­gé­ré une solu­tion dif­fé­rente de celle pro­po­sée par Fon­ta­nieu, ceux-là ont un numé­ro de 1 à 6, le numé­ro 1 traite un sujet, le cahier suit l’ordre éta­bli, jusqu’au numé­ro 6 et refait le tra­jet inverse pour reve­nir au numé­ro 1.

J’aimerais mieux la méthode sui­vante : le cama­rade dési­reux de voir un sujet éclair­ci écrit à cha­cun des membres de la Mutuelle et l’expose en quelques phrases. Cha­cun, dès lors, traite le sujet de son côté et l’envoi à celui qui l’a pro­po­sé. Ce der­nier a pré­pa­ré son expo­sé, il le com­pare aux textes reçus, émet des opi­nions nou­velles, s’il y a lieu, cri­tique ou acquiesce. Il agglo­mère le tout (pour cela, il faut que tous s’entendent pour écrire sur du papier ayant même for­mat afin que tous les manus­crits puissent être bro­chés en un cahier) et à ce moment, seule­ment, le cahier fait les deux voyages, dans l’ordre éta­bli. L’avantage de cette méthode : per­sonne n’est influen­cé par les écrits pré­cé­dents et la cri­tique se fait tout aus­si bien, mais après coup.

* * * *



Une der­nière réflexion : ce tra­vail fait entre 5 ou 6, il fau­drait que beau­coup puissent en pro­fi­ter. Fon­ta­nieu y a son­gé et, sur sa demande, Manuel Deval­dès a bien vou­lu se char­ger de don­ner, dans le « Réveil de l’esclave », un suc­cinct compte-ren­du de chaque cahier. Mais il y aurait peut-être mieux à faire encore. Il fau­drait, quand le sujet trai­té est inté­res­sant, que le cahier puisse être édi­té et mis en vente. Ici, aux vaga­bonds, nous pou­vons en édi­ter quel­que­fois. Cer­tai­ne­ment Fon­ta­nieu, qui va lan­cer « Le Pla­giaire » s’en occu­pe­rait par­fois aus­si. Main­te­nant, cer­taines de ces Mutuelles – car elles peuvent et doivent pul­lu­ler – pour­raient publier un organe spé­cial, trait d’union de toutes ces Mutuelles et mai­son d’édition de leurs cahiers.

* * * *



Autant d’idées que je suggère.

[/​Paul Ber­ge­ron/​]

La Presse Anarchiste