La Presse Anarchiste

Mathurin Régnier

Mathu­rin Régnier un « oublié » ? Oui ; le compte serait vite fait, je crois, de ceux qui aujourd’hui lisent encore ses œuvres. D’ailleurs il n’est pas le seul : on ne lit plus le vieux fran­çais. Les écri­vains de jadis, jugés et cata­lo­gués défi­ni­ti­ve­ment, ne sont plus que des noms pour la grande majo­ri­té. Il est cou­tume de dire que la Chan­son de Roland est un chef‑d’œuvre, que Marot, Ron­sard, Baïf, Bel­leau, d’Aubigné, du Bel­lay, Régnier, Mal­herbe, etc., sont des gens de talent, et tout le monde se contente lar­ge­ment de cela. Rares sont ceux qui cherchent à décou­vrir par eux-mêmes le bien-fon­dé de ces répu­ta­tions. Et cepen­dant la plu­part de ces anciens auteurs méri­te­raient mieux, car c’est un sort bien infor­tu­né que le leur : être là, éri­gés en sta­tues, froides et dis­tantes, et voir défi­ler devant soi des siècles indif­fé­rents qui se contentent, au pas­sage, d’un céré­mo­nial coup de cha­peau. Beau­coup de tous ces poètes d’antan sont encore auprès de nous par leurs écrits : ce sont des hommes, comme nous, qui ont vécu, qui ont souf­fert, qui ont joui. Et lorsque l’on se donne la peine de feuille­ter les pages que le temps à jau­nies on retrouve un peu de cette vie qui les inspira.

Mathu­rin Régnier est un de ceux que l’on relit le plus volon­tiers. Chez ce sati­rique déver­gon­dé qui fit se voi­ler les faces pudiques, les siècles n’ont point fait trop de ravages. Certes, la forme a vieilli et cer­taines pièces ne pré­sentent plus un grand inté­rêt. Mais, à côté de ces quelques pétales fanés, que de fleurs ont conser­vé leur parfum !

* * * *

C’est tout jeune que Régnier se mit à faire des vers. Il y était encou­ra­gé par l’exemple de son oncle, l’abbé Desportes ; ce digne abbé ser­vait Dieu en fai­sant des chan­son­nettes et cela lui avait valu l’évêché de Chartres. Le petit Mathu­rin com­men­ça donc à rimer. Mais le mal­heur vou­lut qu’au lieu de faire quelque son­net ou quelque bal­lade, il s’essayât a la satire. Natu­rel­le­ment il prit ses « têtes de turc » où il put, et ce fut par­mi les habi­tués du jeu de paume que pos­sé­dait son père. Ce der­nier ne prit pas cela du bon côté et tan­ça for­te­ment son fils. Mais il eut beau faire et beau dire :

Laisse donc ce mes­tier, et sage prends le soin
De t’acquérir un art qui te serve au besoin… [[Satire IV, vers 83 – 84. (Une des meilleures édi­tions des œuvres de Mathu­rin Régnier, est celle qui fut publiée en 1729 avec un com­men­taire de Brossette.)]]

le jeune poète res­ta sourd aux conseils comme il était res­té insen­sible aux coups. Un beau matin il quit­ta la mai­son pater­nelle et dès lors ce fut une exis­tence vaga­bonde. Après un séjour à Paris il se ren­dit à Rome avec le car­di­nal de Joyeuse. Au bout de huit ans il revint encore à Paris. En 1601, avec Phi­lippe de Béthune il retour­na en Ita­lie, puis il revint enfin en France où il devait mou­rir, à Rouen, à peine âgé de 40 ans.

* * * *

En somme, la vie du poète fut triste. À la cour, celui qui vou­lait faire valoir son talent devait être bon cour­ti­san, et Régnier ne fut jamais un bon cour­ti­san. Trop fier, il répu­gnait aux bas­sesses qui per­mettent « d’arriver ». Il n’avait pas l’échiné assez souple pour se cour­ber à tout pro­pos, et il ne pou­vait pas pros­ti­tuer sa plume, comme son oncle, en fai­sant les billets doux des « grands ». Car de tout temps, pour ceux qui recherchent le suc­cès ou l’argent, il a été pro­fi­table de lécher les bottes des hauts placés :

Appre­nons à men­tir, nos pro­pos desguiser,
À tra­hir nos amis, nos enne­mis baiser,
Faire la cour aux grands et dans leurs antichambres,
Le cha­peau dans la main, nous tenir sur nos membres. [[Satire IV, vers 27 – 30.]]

Oui, voi­là ce qu’il fau­drait faire pour qu’enfin ces « grands »

Nous voyent de bon œil, et, tenant une gaule,
Ain­sy qu’à leurs che­vaux nous en flattent l’espaule…[[Satire IV, vers 151 – 154.]]

Régnier n’était pas homme à cela. Probe et loyal, il s(indignait contre ces pla­ti­tudes, pré­fé­rant une qua­si-pau­vre­té libre à une chaîne dorée.

Ain­si indé­pen­dant, il put à loi­sir lâcher son humeur sati­rique. Il put fouailler, en de mor­dantes tirades, l’arbitraire et la bêtise des hautes classes où l’on voit :

…… en règne la sottise,
L’avarice est le luxe entre les gens d’église,
La jus­tice à l’encan, l’innocent oppressé,
Le conseil cor­rom­pu suivre l’intéressé,
Les estats per­ver­tis, toute chose se vendre.
Et n’avoir du cré­dit qu’au prix qu’on peut despendre
Ny moins, que la valeur n’ait icy plus de lieu.
Que la noblesse courre en poste à l’Hôtel-Dieu,
Que les jeunes oisifs aux plai­sirs s’abandonnent,
Que les femmes du temps soient à qui plus leur donnent… [[Satire VI, vers 41 – 50.]]

Il se laisse aller à son indi­gna­tion devant l’injustice de la société :

Car pour dire le vray, c’est un pays estrange
Où comme un vray Pro­tée à toute heure on se change,
Où les loix, par res­pect sages humainement,
Confondent le loyer [[La récom­pense.]] avecq le chastîment ;
Et pour un mesme fait, de mesme intelligence.
L’un est jus­ti­cié, l’autre aura récompense.[[Satire III, vers 77 – 82.]]

Et Mathu­rin Régnier sent cette injus­tice si pro­fon­dé­ment ancrée dans les mœurs qu’il la croit indestructible :

Car ce fut de tout temps que, ployant sous l’effort.
Le petit cède au grand, et le faible au plus fort…[[Satire III, vers 223 – 224.]]

Véri­té pes­si­miste que La Fon­taine devait éri­ger en maxime : 

La rai­son du plus fort est tou­jours la meilleure.

Témoin des excès de la sol­da­tesque, Régnier s’insurge contre les armées per­ma­nentes et malfaisantes :

…… Les sol­dats enne­mys de la paix.
Qui de l’avoir d’autruy ne se saoulent jamais,
Trou­blèrent la cam­pagne ; et sac­ca­geant nos villes,
Par force en nos mai­sons vio­lèrent nos filles ;
D’où nas­quit le bor­del, qui, s’eslevant debout,
À l’instant, comme un dieu, s’estendit tout par tout ; [[Satire VI, vers 143 – 148.]]

Spec­ta­teur impar­tial des luttes poli­tiques, il contemple avec mépris cette niée vers les hon­neurs et le pou­voir, et il constate :

Pour moy, je n’ay point veu, par­my tant d’avancez.
Soit de ces temps-icy, soit des siècles passez,
Homme que la for­tune ait tasché d’introduire.
Qui durant le bon vent ait sceu se bien conduire.[[Satire XIV, vers 61 – 64.]]

Et cepen­dant, nou­veau Dio­gène, il a cher­ché patiem­ment un homme dans la foule grouillante des arrivistes :

J’ay pris cent et cent fois la lan­terne en la main,
Cher­chant en plein midy, par­mi le genre humain,
Un homme qui fust homme et de faict et de mine,
Et qui pust des ver­tus pas­ser par l’étamine ;
Il n’est coin et recoin que je n’aye ten­té… [[Satire XIV, vers 1 – 5.]]

Hélas ! recherches vaines, Régnier, comme Dio­gène, ne trou­va rien.

* * * *

Mathu­rin Régnier fut donc un sati­rique et c’est comme tel qu’il est pas­sé à la pos­té­ri­té. Alors que ses satires ont conser­vé toute leur saveur, ses autres poèmes : épîtres, élé­gies, son­nets, etc., ne se lisent plus qu’avec dif­fi­cul­té. Mais, s’il était mor­dant, Régnier n’était pas méchant : il s’attaqua aux mœurs, à la socié­té, mais ne s’acharna jamais sur des indi­vi­dus. Ses traits, tou­jours imper­son­nels, ne bles­sèrent jamais ses contem­po­rains. Seul, Mal­herbe eut à sup­por­ter la verve caus­tique du poète et encore fal­lut-il des cir­cons­tances excep­tion­nelles : « Un jour, Desportes avait invi­té à dîner quelques amis, par­mi les­quels se trou­vaient Mal­herbe et Régnier. L’amphitryon, qui venait de publier la pre­mière édi­tion de ses Psaumes, se leva après le potage, disant qu’il allait qué­rir l’exemplaire dont il vou­lait faire hom­mage à Mal­herbe. « Ne vous déran­gez pas, lui dit gros­siè­re­ment celui-ci, j’ai lu vos vers, je les connais, et je trouve votre potage infi­ni­ment meilleur. » Desportes se sen­tit pro­fon­dé­ment bles­sé ; il reprit sa place, et, pen­dant la fin du repas, il gar­da le plus pro­fond silence ; Régnier que cho­qua, tout autant que son oncle, cette bru­tale saillie, tour­na immé­dia­te­ment le dos à Mal­herbe, que depuis ce moment il ne revit jamais [[M. Pros­per Poi­te­vin : Étude bio­gra­phique sur Mathu­rin Régnier.]]. » Bien plus, il ne tar­dait pas, dans sa satire à Rapin, à fus­ti­ger le poète-magister,

…… dont la Muse insolente.
Cen­su­rant les plus vieux, arro­gam­ment se vante
De réfor­mer les vers, non les tiens seulement,
Mais veulent déter­rer les Grecs du monument,
Les Latins, les Hébreux, et toute l’antiquaille,
Et leur dire à leur nez qu’ils n’ont rien fait qui vaille.
Ron­sard en son mes­tier n’estoit qu’un apprentif,
Il avait le cer­veau fan­tas­tique et rétif ;
Desportes n’est pas net ; Du Bel­lay trop facile ;
Bel­leau ne parle pas comme on parle à la ville :
Il a des mots har­gneux, bouf­fis et relevez,
Qui du peuple aujourd’hui ne sont pas approuvez…[[Satire IX, vers 17 – 28.]]

Il se moquait de la suf­fi­sance et de la vani­té de Mal­herbe et de ses sem­blables, cri­tiques minu­tieux, poin­tilleux, qui veulent enser­rer l’Art dans d’étroites bar­rières et, s’écriait Régnier,

Il semble, en leurs dis­cours hau­tains et généreux,
Que le che­val volant n’ait pis­sé que pour eux.[[Satire IX, vers 43 – 44.]]

Et qu’ont-ils fait, ces beaux haran­gueurs pour pré­tendre ain­si à la suprême gloire ? Rien, nous répond le poète satirique.

…… leur sça­voir ne s’estend seulement
Qu’à regrat­ter un mot dou­teux au jugement,
Prendre garde qu’un qui ne heurte une diphtongue ;
Espier si des vers la rime est brève ou longue ;
Ou bien si la voyelle à l’autre s’unissant
Ne rend point à l’oreille un vers trop languissant ;
Et laissent sur le verd le noble de l’ouvrage.
Nul esguillon divin n’eslève leur courage ;
Ils rampent bas­se­ment, faibles d’inventions,
Et n’osent, peu har­dis, ten­ter les fictions,
Froids à l’imaginer : car s’ils font quelque chose
C’est pro­ser de la rime, et rimer de la prose.
Que l’art lime et relime, et polit de façon
Qu’elle rend à l’oreille un agréable son ;
Et voyant qu’un beau feu leur cer­velle n’embrase,
Ils attifent leurs mots, enjo­livent leur phrase,
Affectent leurs dis­cours tout si rele­vé d’art,
Et peignent leurs défaux de cou­leur et de fard.[[Satire IX, vers 55 – 72.]]

Mal­herbe, pro­fon­dé­ment tou­ché par cette satire, ne sut d’abord quelle conduite tenir. Ferait-il bâton­ner Régnier comme il avait fait bâton­ner Ber­the­lot ? (Le bâton a tou­jours été la judi­cieuse réplique de cer­taines gens, l’infortuné chan­son­nier Lauff en est un exemple d’aujourd’hui). Pren­drait-il sa plume pour répondre ? Non, ces deux solu­tions étaient trop dan­ge­reuses avec un adver­saire comme Régnier : Mal­herbe se conten­ta pru­dem­ment de se ren­fer­mer dans sa digni­té en rom­pant avec Desportes et avec ses amis.

* * * *

Boi­leau a écrit, en par­lant de Régnier, ces vers deve­nus fameux :

Heu­reux, si ses dis­cours, craints du chaste lecteur.
Ne se sen­taient des lieux où fré­quen­tait l’auteur.
Et si du son har­di de ses rimes cyniques
Il n’alarmait sou­vent les oreilles pudiques. [[Boi­leau : Art poé­tique, chant II.]]

Cette ver­sion n’est d’ailleurs pas la pre­mière ; Boi­leau, ce digne émule de Mal­herbe, avait tout d’abord écrit :

Heu­reux, si moins har­di, dans ses vers pleins de sel.
Il n’avait point trai­né les muses au bordel,
Et si du son har­di, etc…

Mais ayant peur, par ces deux pre­miers vers, de méri­ter les reproches qu’il adres­sait lui-même à Régnier dans les deux vers sui­vants, Boi­leau chan­gea ses deux alexandrins.

Le blâme de Boi­leau est-il exact ? Oui. Mathu­rin Régnier, en effet, et cela notam­ment dans la satire XI, emmène déli­bé­ré­ment ses muses au bor­del. Mais faut-il en tirer de graves consé­quences ? Oh ! non, car Régnier n’a écrit que ce qu’écrivaient les auteurs de son époque. Sainte-Beuve a rai­son quand il dit : « Jusqu’alors on s’était mon­tré fort cou­lant sur le compte des mœurs, et la licence même la plus ordu­rière avait presque été un droit pour les poètes. » Et si Mathu­rin Régnier a écrit de nom­breux vers licen­cieux, nous n’avons pas le droit de les lui repro­cher. D’autant plus que le poète, grand trous­seur de filles, n’a jamais craint de faire des mea culpa pleins de franchise :

Au gouffre du plai­sir la cou­rante m’emporte :
Tout ain­si qu’un che­val qui a la bouche forte,
J’obéis au caprice et sans discrétion ;
La rai­son ne peut rien des­sus ma passion.[[Satire VII, vers 29 – 32.]]

Tant qu’il fut jeune il ne se repen­tit que médio­cre­ment de ses excès. Il était fier de sa vigueur en matière d’amour :

Guer­rier infa­ti­gable en ce doux exercice,
Par dix ou douze fois je ren­trois en la lice…[[Élégie IV, vers 53 – 54.]] 

Il fai­sait des poèmes sur la chaude-pisse, poèmes qui n’ont pas vieilli et qui ravi­raient encore les ama­teurs de gau­loi­se­ries. Mais l’âge vint : Le Diable, en vieillis­sant, se fait ermite, dit le pro­verbe. Régnier n’alla pas si loin, mais il regret­ta amè­re­ment son vigou­reux printemps :

Un regret pen­sif et confus
D’avoir esté, et n’estre plus,
Rend mon âme aux dou­leurs ouvertes ;
A mes des­pens, las ! je vois bien
Qu’un bon­heur comme estoit le mien
Ne se cognoist que par la perte. [[Ode I.]]

Et de ces vers on ne peut pas ne pas rap­pro­cher ceux de Marot, si déli­cieu­se­ment mélancoliques :

Plus ne suis ce que j’ay esté,
Et ne le sçau­rois jamais estre ;
Mon beau prin­temps et mon esté
Ont fait le saut par la fenestre…

Notre sou­hait serait que Boi­leau, ce rigide cen­seur, ait écrit d’aussi jolis vers que ceux-ci en place de son des­sé­chant Art Poé­tique.

* * *

Mathu­rin Régnier a d’ailleurs trou­vé, par­mi les écri­vains de jadis, des gens qui le pla­cèrent à son rang. Mlle de Scu­de­ri écri­vait : « Regarde cet homme négli­gem­ment habillé et assez mal­propre. Il se nom­me­ra Régnier, sera le neveu de Desportes et méri­te­ra beau­coup de gloire. Il sera le pre­mier qui fera des satires en fran­çais, et quoi qu’il ait regar­dé quelques fameux ori­gi­naux par­mi ceux qui 1’auront pré­cé­dé, il sera pour­tant un ori­gi­nal lui-même en son temps. Ce qu’il fera sera excellent et ce qui sera moindre aura tou­jours quelque chose de piquant. Il pein­dra les vices avec naï­ve­té, et les vicieux fort plai­sam­ment. Enfin, il se fera un che­min par­ti­cu­lier entre les poètes de son siècle, ou ceux qui le vou­dront suivre s’égareront bien sou­vent. » [[Made­moi­selle de Scu­dé­ri : Clé­lie.]].

Jean-Bap­tiste Rous­seau accor­dait : « Aucun n’a mieux pris que lui le véri­table tour des anciens, et je suis per­sua­dé que M. Des­préaux ne l’a pas moins étu­dié que Perse et Horace. La bar­ba­rie qu’on remarque en quelques endroits dans son style est celle de son siècle et non pas la sienne ; mais il a des vers si heu­reux et si ori­gi­naux, des expres­sions si propres et si vives, que je crois que mal­gré ses défauts il tien­dra tou­jours un des pre­miers rangs par­mi le petit nombre d’excellents auteurs que nous connais­sons. » [[.-B. Rous­seau, Lettre à Bros­sette.]]. Mas­sillon concé­dait : « La poé­sie elle-même, mal­gré les Marot et les Régnier, mar­chait encore sans règle et au hasard. Les grâces de ces deux auteurs appar­tiennent à la nature, qui est de tous les siècles, plu­tôt qu’au leur. » [[Mas­sillon : Dis­cours de récep­tion à l’Académie fran­çaise.]]. Mon­tes­quieu, dans les Pen­sées diverses, com­pa­rait Régnier au Géor­gion. Enfin, de siècle en siècle, des cri­tiques ont affir­mé leur enthou­siaste admi­ra­tion pour le poète sati­rique. M. Vil­let Le Duc lui consa­cra, dans son His­toire de la satire en France, des pages où percent quelques réti­cences, mais Sainte-Beuve ren­dit à Régnier ce qui lui était dû en l’appelant le « Mon­taigne de notre poé­sie. » [[Sainte-Beuve : Tableau his­to­rique et cri­tique de la poé­sie fran­çaise au quin­zième siècle.]].

Main­te­nant, que de petits esprits s’essaient à chi­ca­ner notre poète sur quelques lam­beaux de phrases, c’était fatal et c’est là le sort de tout homme de talent. Mais pour nous, qui ne regar­dons pas une œuvre à tra­vers le verre défor­mant des pré­ju­gés, Mathu­rin Régnier demeu­re­ra un écri­vain indé­pen­dant et robuste dont nous aime­rons à relire les vers tru­cu­lents et les saillies vengeresses.

[/​Georges Vidal.

Aix, Mai­son d’arrêt./​]

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