Les « grands de la terre » courent, cela est évident, un risque qu’on pourrait presque appeler un risque professionnel. Bossuet, s’il revivait, serait obligé d’en tenir compte dans ses oraisons funèbres. Dès lors que ce risque ne peut être éludé, pourquoi pleurer si un accident survient.
Et pourquoi vouloir que, de ce fait, le pays prenne le deuil ?
Il y en France (dont le régime a planté ses racines dans le sang d’un roi et d’une reine) 80 % de petites gens, de travailleurs.
Peu de jours se passent sans que, en quelque endroit, les uns ou les autres soient témoins d’accidents que ceux qui en sont victimes ne pouvaient ni prévoir ni prévenir, des accidents qui ressemblent souvent à des assassinats prémédités tellement ils portent dans leurs causes la marque du mépris de la vie humaine caractéristique du régime capitaliste.
Hier encore à Saint-Pierre-la-Palud, trente mineurs sont morts de la plus atroce des morts, murés vivants dans une « tombe de feu » !
Croyez-vous que ces martyrs d’une tâche utile entre toutes ne sont pas aussi intéressants socialement parlant que les personnages chamarrés et empanachés tombés à Marseille ?
Et pourtant la France ne prend pas le deuil pour les mineurs de La Palud, ni pour les autres qui, chaque jour, payent au Progrès une terrible rançon…
Le glas officiel peut tinter. Le cœur populaire reste hermétique. Il se referme sur la grande douleur qui l’afflige et dont il commence à percevoir les causes. Il laisse passer les morts et songe que la vie pourrait être belle pour tous…