Il est loin le temps où une crise où une crise ministérielle foutait tout en l’air.
Maintenant ils peuvent se chamailler a gogo, à l’aquarium du quai d’Orsay ; y a pas de danger qu’on s’émotionnerait pour si peu, nom de dieu !
Dans le temps, alors qu’on était gobeurs, un ministère en cassant sa pipe fichait le populo dans la rue.
Sur les grands boulevards, ça grouillait épatamment, mille bombes !
Nous coupions tous dans le panneau ; croyant que tel ou tel salaud prenant la place du sortant il en résulterait du bien ou du mal.
Tant que le président de la Publique n’avait pas dégotté de nouveaux ministres, on voyait partout des gueules longues d’une aune.
Les affaires fallait pas en parler ; et naturellement nous autres prolos nous en pâtissions ; car, nom de dieu, c’est toujours nous les dindons de la farce.
Aujourd’hui, c’est plus ça, et il n’est pas rare d’entendre des types s’abordant :
– Bonjour, Tartempion, ça boulotte — et les affaires ?
– Va bien, merci — ça reprend, surtout depuis qu’il n’y a plus de ministres…
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Que signifient ces machines-là ? Est-ce que nous deviendrions jemenfoutistes au point de nous foutre de tout, et de tout accepter comme ça vient ?
Faut pas croire ça, nom d’un pétard !
Ça veut simplement dire que nous avons perdu nos illusions.
On ne s’emballe plus sur ces gnoleries ! Et c’en est nom de dieu, que toutes les questions politiques.
Nous les avons vus à l’œuvre les fumistes de la politique, ils nous en ont fait gober de trop de couleurs.
Ce qu’ils nous ont fait poirotter avec leurs sacrés programmes, leurs réformes épastrouillantes.
Et les tartines beurrées, elles nous ont passées sous le nez : ils les ont bouffées — dam, ils l’ont fait dans notre intérêt, pour nous éviter les indigestions.
C’est du dévouement de leur part : nous sommes des ingrats, des sans-cœur, de ne pas leur en savoir
gré.
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Et voilà comme quoi le ministère Floquet a cassé sa pipe, sans que ça nous empêche de pioncer.
Et que se soit Méline ou un autre qui le remplace, nous continuerons à bibeloter, comme si de rien n’était.
Quant à la révision dont tous ces bougres-là nous bassinent – qu’ils se la foutent quelque part !
Nous ne leurs demanderons qu’une chose : qu’ils bafouillent puisque nous sommes assez gourdes de les payer pour ça – mais qu’ils nous fichent la paix !