La Presse Anarchiste

La purée parlementaire

Il est loin le temps où une crise où une crise min­istérielle foutait tout en l’air.

Main­tenant ils peu­vent se chamailler a gogo, à l’aquarium du quai d’Orsay ; y a pas de dan­ger qu’on s’émotionnerait pour si peu, nom de dieu !

Dans le temps, alors qu’on était gob­eurs, un min­istère en cas­sant sa pipe fichait le pop­u­lo dans la rue.

Sur les grands boule­vards, ça grouil­lait épatam­ment, mille bombes !

Nous cou­pi­ons tous dans le pan­neau ; croy­ant que tel ou tel salaud prenant la place du sor­tant il en résul­terait du bien ou du mal.

Tant que le prési­dent de la Publique n’avait pas dégot­té de nou­veaux min­istres, on voy­ait partout des gueules longues d’une aune.

Les affaires fal­lait pas en par­ler ; et naturelle­ment nous autres pro­los nous en pâtis­sions ; car, nom de dieu, c’est tou­jours nous les din­dons de la farce.

Aujourd’hui, c’est plus ça, et il n’est pas rare d’entendre des types s’abordant :

– Bon­jour, Tartem­pi­on, ça boulotte — et les affaires ?
– Va bien, mer­ci — ça reprend, surtout depuis qu’il n’y a plus de ministres…

[|* * * *|]

Que sig­ni­fient ces machines-là ? Est-ce que nous devien­dri­ons jemen­foutistes au point de nous foutre de tout, et de tout accepter comme ça vient ?

Faut pas croire ça, nom d’un pétard !

Ça veut sim­ple­ment dire que nous avons per­du nos illusions.

On ne s’emballe plus sur ces gno­leries ! Et c’en est nom de dieu, que toutes les ques­tions politiques.

Nous les avons vus à l’œuvre les fumistes de la poli­tique, ils nous en ont fait gob­er de trop de couleurs.

Ce qu’ils nous ont fait poirot­ter avec leurs sacrés pro­grammes, leurs réformes épastrouillantes.

Et les tartines beur­rées, elles nous ont passées sous le nez : ils les ont bouf­fées — dam, ils l’ont fait dans notre intérêt, pour nous éviter les indigestions.

C’est du dévoue­ment de leur part : nous sommes des ingrats, des sans-cœur, de ne pas leur en savoir
gré.

[|* * * *|]

Et voilà comme quoi le min­istère Flo­quet a cassé sa pipe, sans que ça nous empêche de pioncer.

Et que se soit Méline ou un autre qui le rem­place, nous con­tin­uerons à bibelot­er, comme si de rien n’était.

Quant à la révi­sion dont tous ces bougres-là nous bassi­nent – qu’ils se la foutent quelque part !

Nous ne leurs deman­derons qu’une chose : qu’ils bafouil­lent puisque nous sommes assez gour­des de les pay­er pour ça – mais qu’ils nous fichent la paix !


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