La Presse Anarchiste

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Pour ne pas être exer­cée au nom du pro­lé­ta­riat, la dic­ta­ture du baron Wran­gel n’est pas moins dure que celle des bol­che­viks. Au peuple dépouillé de ses liber­tés par ces der­niers, le « libé­ra­teur » n’a pas accor­dé une par­celle de liberté.

Nous emprun­tons à La Répu­blique Russe (1er sep­tembre), les ren­sei­gne­ments suivants :

Les bol­che­viks ne per­mettent pas la publi­ca­tion des jour­naux autres que ceux du par­ti com­mu­niste. Mais Wran­gel ne per­met pas non plus la publi­ca­tion des jour­naux autres que ceux du par­ti « wran­ge­lien », c’est-à-dire ceux qui appuient direc­te­ment ou indi­rec­te­ment sa dic­ta­ture. Il n’y a pas en Cri­mée de jour­naux socia­listes ou même réso­lu­ment démo­cra­tiques. D’ailleurs la cen­sure mili­taire pré­ven­tive ne laisse pas­ser dans les jour­naux que ce qui est agréable au dic­ta­teur. L’opinion publique est oppri­mée ou plus exac­te­ment sup­pri­mée en Cri­mée comme elle l’est en Rus­sie soviétique.

La liber­té de parole existe-t-elle ? Oui, comme en Rus­sie sovié­tique elle existe pour les Com­mu­nistes ; en Cri­mée, dans le pays wran­ge­lien, elle existe pour les wran­ge­listes. C’est ain­si que se fait tout à fait libre­ment une pro­pa­gande monar­chiste, mais celui qui se déclare être répu­bli­cain est aus­si­tôt accu­sé de bol­che­visme et jeté en pri­son ou ren­voyé chez les bol­che­viks, et comme il faut tra­ver­ser les lignes de l’armée, il est hors de doute que ses proches ne le rever­ront jamais.

Quant aux grèves ouvrières, si les gou­ver­nants de Mos­cou ne les tolèrent pas, le gou­ver­ne­ment « démo­cra­tique » de Wran­gel, lui, les inter­dit stric­te­ment et empri­sonne les ouvriers quand ceux-ci, pous­sés par la famine, quittent le travail. 

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