Étiquette : Poésie
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Et l’on n’apprendra plus la guerre
Ils ne sont que soixante à refuser la guerre, Soixante à obéir à la divine loi. Soixante jeunes gars à l’âme noble et fière, Qui élèvent très haut leur conscience et leur foi. Aux « héros glorieux » on donne des médailles, Mais sur eux, les obscurs, se ferment les prisons ! Sont-ils des criminels ou sont-ils des canailles, Ceux…
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Sur la mort de Samuel Spanien
Dans le courrier qui, en septembre, m’attendait en Suisse italienne, la lettre d’une amie me transmettait une coupure de journal, avec ce titre : « Maître Samuel Spanien se tue en automobile ». D’autres auront dit la navrante cruauté d’un tel accident et, de façon plus concrètement informée que je ne saurais faire, évoqué la figure de l’homme…
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Où il faut reparler de Mr. Troachoum
Le directeur de notre revue m’avait longuement préparé à l’éventualité de cette polémique, laissant percer par là son appréhension de m’y voir livrer avec trop de passion ; en quoi cette réponse qu’il me permet d’y apporter à mes bienveillants interpellateurs le rassurera certainement. C’est qu’en effet je professe que, de même qu’il n’est point nécessaire…
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Défense de la poésie éternelle et moderne
Il est assez triste de constater que l’expérience poétique des quarante dernières années ait encore si peu d’influence et n’ait pas pénétré plus profondément, non seulement les masses, mais toute une partie des milieux dits « intellectuels ». La faute n’en est pourtant pas aux poètes. Il faut honnêtement reconnaître que seule la poésie de mirliton a…
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Réponse aux bonshommes Chrysales
Sans être des croyants du mythe de l’éternel retour des choses, force nous est bien de constater qu’il existe des problèmes qui se posent suivant les mêmes données aux générations successives. Le jugement de valeur porté sur l’époque en cours est l’un de ceux-là. À tous les échelons de l’histoire on trouve des contempteurs et…
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Le triomphe de Monsieur Trissotin
I Il existe, dit-on, sur certains îlots du Pacifique, des peuplades dont les connaissances arithmétiques sont à ce point élémentaires, qu’elles sont incapables de compter au delà de cinq. Nous sommes manifestement très supérieurs à ces insulaires, sous ce rapport tout au moins, car il n’en est guère parmi nous qui ignorent leurs quatre règles. La…
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Poème pour l’amie
N’ajoute pas à la souffrance de qui souffre, Ne rends pas plus amer le cœur triste et déçu, Ne creuse pas encor plus profond l’affreux gouffre Où se débat celui qui n’avait point conçu Que d’un destin cruel il dût subir l’atteinte. Ne sois pas cause qu’un seul pleur s’ajoute aux pleurs Que verse qui gémit, angoissé…
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Le stigmate
Un jour, je sortirai de cet horrible Enfer, désemparé, timide et ne sachant que faire. Ma famille, pour qui je ne fus qu’un fardeau, m’a chassé. Mes amis me tourneront le dos. Ma maîtresse elle-même, enfant douce et légère, entre les bras félons d’un ami sans honneur qui n’a pas hésité à voler mon bonheur… Donc, par un…
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Les faiseurs de profit
Faiseurs de profit, lutteurs pour le gain, Quel est votre dessein, quel but poursuivez-vous ? Engendreurs de guerre, créateurs de douleur, Quelle gloire tirez-vous de votre contrôle du monde ? Regardez vos doigts, ces pinces d’acier, Destructeurs de liberté, mutilateurs de joie ! Après le triomphe, une fois l’affaire emportée, Combien de tout ce que vous aurez gagné ne s’avérera-t-il pas…
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poème sans titre
Laisse voguer lentement tes mains, comme le vent souffler tes cheveux vers ton front bleu de rêve ; c’est la même chose : tes mains, le vent, celles de ton amant. Tes mains, les siennes sur ton front Mouillent leurs ongles à la lumière de tes yeux d’eau de mer. Georges Navel