Jusqu’ici, ces défenseurs du trône et de l’autel nous avaient habitués à plus de circonspection dans leurs rapports. Il faut que ces pirates du journalisme estiment que leurs lecteurs se soient élevés à leur niveau pour les prendre comme arbitres de l’évangélique tournoi qui les met aux prises ; c’est du moins ce qui ressort de leurs courtoises polémiques : infâme, menteur, hypocrite, tartufe, entremetteur, pornographe, telles sont quelques-unes des plus aimables épithètes que se décernent mutuellement ces frères en Jésus-Christ.
Comme le proverbe, il n’y a pas de fumée sans feu, reste toujours vrai, combien apparaît sublime la morale de ces éducateurs publics qui savent se reconnaître autant de vertus aussi réelles que brillantes.
S’il nous serait impossible, malgré notre primaire instruction et notre athéisme, d’employer de semblables arguments contre notre plus mortel ennemi ; il ne nous déplaît nullement de voir peints par eux-mêmes ces honnêtes gens.
Avec plaisir, le Semeur les secondera dans leur besogne d’éclaircissement, de salubrité en rappelant à ses lecteurs leurs propos les plus amènes, leurs discussions les plus courtoises.
Mais pour cette fois, il ouvre simplement un concours pour connaître lequel de Daudet ou de Trochu emploie le langage imagé le plus honnête, le plus chrétien et ce qu’il faut en penser.
Les meilleures réponses seront publiées dans notre prochain numéro.
Un jury, composé de nos lecteurs, décernera au premier lauréat de cet original concours, les 10 volumes de Jean-Christoff de Romain Rolland ; au 2e les 4 volumes de l’Histoire contemporaine d’Anatole France ; au 3e l’Ennemi du peuple d’Ibsen.
Inutile d’acheter les journaux de ces messieurs pour prendre part au concours les affiches qui honorent nos murs suffisent pour trouver la solution.