Avec force titres et sous-titres, les quotidiens annoncent l’arrestation, à Paris, de jeunes lycéens, lesquels avaient « colleté », au cours de fructueux cambriolages, une cinquantaine de millions. Ailleurs, c’est la mise à l’ombre de nombreux tout jeunes gens s’introduisant dans les maisons de particuliers, y dérobant de menus objets, Parce qu’ils ont besoin de « galette » que ne peuvent leur fournir leurs parents, « galette » destinée à leur procurer cigarettes et autres petites douceurs qu’ils ne peuvent trouver qu’au marché noir. Sur les bords de la Loire deux gamins succombent, mis en pièces par l’explosion d’un de ces engins qu’en se retirant, les ex-occupants ont semés dans les eaux du fleuve ; or, ils faisaient partie d’une bande de gosses qui s’était spécialisée dans le désamorçage de ces mines, afin d’en extraire la poudre et la revendre à bon prix aux amateurs de plaisirs cynégétiques. A noter que l’une des victimes s’était amassé un capital de 33.000 francs. Comme je m’étonnais que nul de ces éphèbes débrouillards n’eut jamais songé à faire servir le produit de son « illégalisme » l’achat — toujours au marché noir — de papier qu’il eût utilisé à la publication d’écrits destines à quelque propagande éducative ou libératrice, celui avec qui je m’entretenais me rétorqua, ironiquement : « Vraiment, mon cher, tu n’es pas dans le train ». Eh bien ! je me réjouis de ne pas être dans le train, et comme le dit quelque part Aldous Huxley (ou à peu près): « Je ne suis pas oblige de prendre le dernier métro. » Heureusement.
Candide.