La Presse Anarchiste

Critique d’Anarchisme et non-violence n°6 parue dans le Monde Libertaire du mois de décembre

« Anar­chisme et Non-Vio­lence », n°6 : Dans ce numéro, les cama­rades d’Anarchisme et Non-Vio­lence ten­tent de « définir une atti­tude et une tac­tique non vio­lentes dans la société actuelle, dans notre sit­u­a­tion présente ». Après une intro­duc­tion his­torique de l’anarchisme et une option pour l’anarchisme révo­lu­tion­naire tel que le définit E. Reclus, « l’évolution et la révo­lu­tion sont les deux actes suc­ces­sifs d’un même phénomène…», la non-vio­lence est définie néga­tive­ment, c’est-à-dire par une con­damna­tion des anar­chistes « vio­lents » (textes de Bak­ou­nine, Kropotkine, Jean Grave, Malat­es­ta…). Les extraits de Tuck­er, Tol­stoï, Han Ryn­er, De Ligt… n’éclairent guère le débat car les cama­rades d’Anar­chisme et Non-Vio­lence ne se situent pas par rap­port à ces textes pour la plu­part « mys­tiques ». Il aurait fal­lu définir ce qu’on entend par vio­lence, dis­tinguer l’emploi exclusif de la vio­lence comme action anar­chiste de la vio­lence ter­ror­iste qui peut être une prise de con­science et une affirmation.

Quant aux con­clu­sions de cette étude, elles ne sont pas au niveau de l’analyse et ne jus­ti­fient en aucun cas les louanges que se décer­nent nos camarades.

Ambroise Lataque

Réponse de Lucien Grelaud

La lec­ture atten­tive de ton arti­cle m’amène à te répon­dre, non pas pour jus­ti­fi­er les posi­tions que j’ai défendues et exposées dans cette antholo­gie, mais afin d’éclairer ta lanterne sur divers points qui me sem­blent motifs d’incompréhension entre nous.

Il existe un malen­ten­du cer­tain con­cer­nant la forme même et le but de notre revue. Sans doute, nous sommes-nous mal expliqués et nous sommes-nous mal présen­tés à nos lecteurs.

Notre revue n’est pas en effet, comme c’est habituelle­ment le cas, d’abord et surtout un organe de pro­pa­gande et de recrute­ment, c’est avant tout un organe d’étude, d’approfondissement, d’échange de vues et de dis­cus­sions, ouvert à tous – amis ou adver­saires – qui veu­lent débat­tre de l’emploi de la vio­lence ou de la non-vio­lence en vue de la réal­i­sa­tion, de la matéri­al­i­sa­tion de l’idéal anarchiste.

Il ne s’agit donc nulle­ment dans l’anthologie parue dans le numéro 6 de don­ner tout, prob­lème et solu­tion adéquate, pour réalis­er ce pro­gramme, mais de vers­er au dossier les pre­miers doc­u­ments néces­saires à l’ouverture du débat, ceux-ci bien sûr agré­men­tés des com­men­taires du présentateur.

Si la vio­lence, par exem­ple, n’y a pas été définie, c’est parce que cela a été fait en par­tie dans le numéro 4 notam­ment, arti­cle d’A. Bernard, « Jalons ». Je le répète, ce numéro n’est pas une thèse, mais une somme de doc­u­ments con­sti­tu­ant en par­tie un dossier et ouvrant un débat.

Si la con­clu­sion n’en est pas une, ou tout au moins est net­te­ment insuff­isante, c’est aus­si parce que les numéros spé­ci­aux (à défaut d’autre appel­la­tion plus exacte) de la revue ne doivent être que les élé­ments de base indis­pens­ables à une étude col­lec­tive plus com­plète, plus fouil­lée, devant paraître en fin de série, résumant les con­cep­tions com­munes du « groupe anar­chisme et non-vio­lence » et ses con­clu­sions sur la vio­lence, la non-vio­lence, la révo­lu­tion, l’anarchisme, etc.

Dans cet arti­cle, par­tant du principe que la fin ne jus­ti­fie pas le moyen, mais que le moyen déter­mine la fin, la non-vio­lence est pro­posée comme moyen par rap­port à la fin recher­chée, en l’occurrence l’anarchie. Cette fin, l’anarchie, étant entre autres absence de vio­lence, le moyen adéquat mis en avant pour y par­venir ne pou­vait être pour nous qu’exempt de vio­lence ou mieux encore non vio­lent, et par­tant con­damna­tion de la violence.

La non-vio­lence ne s’y définit pas néga­tive­ment, comme tu l’indiques, par con­damna­tion des anar­chistes « vio­lents”. Pour nous, par­ti­sans de la non-vio­lence, il n’est nulle­ment ques­tion de con­damn­er en bloc l’œuvre d’un des quel­con­ques théoriciens de l’anarchisme insur­rec­tion­nel – la pré­face de M. Mar­tin le stip­ule sans équiv­oque – il y a par con­tre con­damna­tion sans appel de la vio­lence con­sid­érée comme fac­teur d’émancipation, de l’insurrection armée, de la guerre qu’elle soit civile ou étrangère ; en un mot, la con­damna­tion formelle de la vio­lence sociale sous toutes ses formes.

Notre con­cep­tion de la non-vio­lence s’y définit aus­si de manière pos­i­tive à tra­vers les propo­si­tions de Thore­au, Tuck­er et De Ligt notam­ment, qui, présen­tés sans com­men­taires – nous les avons jugés inutiles à la clarté du débat – nous sem­blent pour la plu­part fort accept­a­bles, tou­jours val­ables et d’un apport haute­ment positif.


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