« La cause des événements d’Alma-Ata n’est pas qu’un Russe ait été nommé dirigeant du Kazakhstan. La cause était beaucoup plus profonde : les violations de la politique des cadres, car tous les postes de responsabilité étaient pourvus par des Kazaks, ce qui était perçu avec étonnement par les Kazaks eux-mêmes. Et puis, il y avait beaucoup d’abus qui heurtaient la population, et quand le nouveau dirigeant est arrivé, ceux qui jouissaient de leur pouvoir se sont sentis menacés et ont manigancé ces événements. » déclarait, un an après, Ligatchev — numéro deux soviétique, considéré comme le représentant des orthodoxes du PCUS — au journal le Monde (le 4 déc. 1987). En réalité, c’est bel et bien le remplacement à la tête de la république du Kazakhstan d’un Kazak (Kounaïev) par un Russe (Kalbin) qui a provoqué les « événements d’ Alma-Ata » le 17 et le 18 décembre 1986. A ce propos, le phénomène suivant doit être relaté : alors que dans les grandes villes de la façade européenne de l’URSS, la glasnost apporte un allégement relatif de la surveillance policière, les déviants sont jugés avec une exceptionnelle sévérité en Asie centrale.
Lors du premier procès d’Alma-Ata, début janvier, J. Sabitova, éducatrice dans une école professionnelle a été condamnée à cinq ans de camp à régime général plus cinq ans d’interdiction professionnelle pour sa participation aux « désordres de masse » des 17 et 18 décembre 86. Elle aurait rédigé une affiche et diffusé des tracts pendant l’émeute. K. Rakhmetov, secrétaire du bureau du komsomol des étudiants de première année de la faculté de physique d’Alma-Ata, a été condamné pour les mêmes motifs à deux ans de camp à régime renforcé. En juin 87, un collège spécial chargé des problèmes de banditisme a été constitué auprès de la cour suprême de la république du Kazakhstan. Il a jugé en premier lieu cinq participants à l’émeute de décembre. Pour le meurtre de l’ingénieur S.A. Savitsky, volontaire du maintien de l’ordre, l’étudiant Kaïpat Ryskoulbekov a été condamné à mort. L’ouvrier charpentier Tougoulbaï Tachenov et l’étudiant Jambylbek Taïdjoumaïev ont été condamnés à quinze ans de camp à régime renforcé pour complicité et tentative de meurtre sur la personne du volontaire au maintien de l’ordre G.G. Vedel. L’étudiant Ertaï Kopesbaïev a été condamné à quatorze ans de camp à régime renforcé pour coups et blessures sur la personne du major du MVD, Zimoulkine. Il aurait, de plus, molesté le sergent de la milice Almabekov. Le collège a en outre prononcé un blâme sévère à l’encontre du ministère de l’Éducation de la République. Plus d’une centaine d’étudiants auraient participé aux désordres selon des sources officielles. Joldasbekov, recteur de l’université a été limogé.
En Ouzbekistan, le nombre des procès intentés à des activistes religieux a sensiblement augmenté. Pour spéculation sur des objets servant au culte, deux croyants ont été condamnés à trois ans et demi de camp dans la ville de Namangan. Six lourdes peines de prison ont été prononcées à Samarkand contre les fondateurs d’un groupe d’une quinzaine de jeunes gens qui se consacraient à l’étude du Coran depuis août 1983.
A. Echkoulov, 53 ans, avec déjà derrière lui six années de prison pour propagande religieuse, a été arrêté une deuxième fois en 1984 et condamné à deux ans de camp à régime sévère. Cette année il a été, à nouveau, enfermé pour exercice illégal de la médecine : il aurait lu des versets du Coran au chevet d’un malade… (source USSR News Brief, Kronid Liubarsky)