Une fois de plus, le sommaire de notre revue se situera à contre-courant : non pas par goût, mais pour éviter d’amplifier le torrent médiatique qui établit et canalise l’information selon des critères qui souvent n’ont pas grand chose à voir avec les faits et les problèmes des pays concernés. À l’heure où Gorbatchev l’Européen fait la quasi-unanimité, où le débat sur l’avenir de l’Afghanistan est pudiquement évacué et où l’on s’émeut, à juste titre d’ailleurs, sur les perspectives incertaines du nationalisme arménien, sans se demander si les Azéris n’avaient pas d’autres motivations que la passion des pogroms, Iztok se penche sur l’histoire de la résistance des populations musulmanes à la colonisation tsariste, puis soviétique. Les moments forts de la confrontation entre l’islam et le bolchevisme rappellent étrangement les informations que nous pouvions recevoir ces dix dernières années d’Afghanistan sur l’héroïsme et la désunion de la résistance, l’attitude des communistes afghans, les exploits meurtriers et les revers de l’armée rouge. Le choix des aspects historiques, n’est pas dû au hasard. D’un côté, la vision que l’on s’est forgée, y compris nous, libertaires, sur la révolution d’Octobre et la période qui s’en est suivie n’a pas pris en compte cette dimension considérable : la résistance des populations musulmanes qui a été la seule à durer, sans interruption, jusqu’aux années trente. De l’autre côté, le passé joue un rôle croissant, et redoutable, dans le présent soviétique.
Le dictionnaire nicaraguayen dont il sera question dans « Langue de bois : le bricolage sandiniste » est paru longtemps avant ce que les Cubains appellent la castroïka mais les effets de cette dernière se font toujours attendre tant à Managua qu’à la Havane. Le lecteur pourra juger sur pièce, grâce aux matériaux que nous proposons, les arguments et les procédés néo-staliniens de l’idéologie prônée par les dirigeants sandinistes le lendemain même de leur arrivée au pouvoir.
Pour quelle démocratie lutte-t-on à l’Est ? C. Castoriadis donne des précisions en ce sens, après avoir expliqué ce qu’il entendait par « la Russie est le premier candidat à la révolution sociale ».
L’article intitulé « Les Libertaires face au renouveau libéral à l’Est » tentera de voir plus clair dans l’évolution de l’opposition depuis la libéralisation gorbatchévienne.
Dans le n°14, nous rendions compte, dans le détail, de la dynamique alternative en Slovénie, inédite à bien des égards dans le contexte du socialisme (ir)réel. Plusieurs animateurs du mouvement ont été arrêtés et sont passés, cet été, devant le tribunal militaire. Notre article sur la Yougoslavie présente le procès et son enjeu. Fidèle à sa vocation, le collectif Iztok s’est engagé, dès le début, dans les actions de soutien aux inculpés slovènes.