L’excellent zine Caladeshnikov (c/o Eddy Basset, 155, chemin des Sables, 69400 Villefranche) a réalisé et publié un entretien avec Imad, le guitariste du groupe Attentat de Leipzig. En voici quelques extraits.
Q : Pourquoi le nom Attentat ?
R : Nous nous appelons Attentat d’abord pour le côté provocateur du nom. Nous sommes pacifistes, mais nous voulons choquer, interpeller les gens qui ne nous comprennent pas. Deuxièmement, il y a aussi tout un « background » derrière ce nom pour nous, comme la Commune de Paris par exemple…
Q : Quelles sont vos influences idéologiques ?
R : Nous n’avons pas de strictes références idéologiques : nous sommes ouverts à toutes les opinions et infos qui nous parviennent, que ce soit des anarchistes, des communistes du Parti, des personnes âgées, des jeunes, des gens « normaux », nous écoutons tout, sans a priori, puis nous en retirons ce qui nous semble être de bonnes idées…
Q : Qu’en est-il de la situation politique et sociale en Allemagne de l’Est ?
R : C’est un régime totalitaire. Socialement, la situation ici est simple : une minorité exploite les autres personnes et en tire un max de pognon, se construisant des villas, etc., et nous parlons de cela dans nos chansons. Seulement, nous savons qu’ailleurs dans le monde (Afrique, etc.), des gens souffrent encore plus que nous, donc nous ne nous plaignons pas.
Q : Est-ce que le service national (militaire ou civil) a affecté votre vie ? Comment sont acceptés les objecteurs de conscience par la société ?
R : Ici il n’y a pas de service civil. Tout le monde doit aller à l’armée : il existe une sorte de service militaire sans armes, où tu dois cirer les pompes des généraux, construire des bâtiments, etc. Mais nous, membres du groupe Attentat, refusons totalement tout service. En R.D.A., nous sommes cette année seulement 53 à le faire (sur 18 millions d’habitants), mais nous nous aidons mutuellement. C’est très important que des gens de tous les pays fassent ça, refusent de servir leur pays. Il n’y a pas de grands risques, tout au plus la prison, mais ce n’est rien. Au temps de Hitler on aurait été fusillés, mais ici, maintenant il n’y a pas de risques de se faire tuer, alors il faut le faire.
Q : Que pensez-vous du concept d’anarchie et du mouvement punk aujourd’hui ?
R : Pour nous l’anarchie ce n’est pas foutre des A partout, ni une idéologie, car il faut faire très gaffe que ce ne soit pas tout simplement un autre système qui remplace l’ancien. Pour nous c’est des trucs très simples de la vie quotidienne : des concerts gratuits, discuter en frères avec des freaks, que les gens se rencontrent et vivent ensemble en bonne entente, etc. Le mouvement punk à l’origine était bien, puis tout a dégénéré, les gens ne pensaient plus qu’à la musique et à boire, la mode, etc., mais depuis deux ans tout va de nouveau beaucoup mieux, les gens agissent, par exemple militent pour le végétarianisme, contre la vivisection, manifestent contre les bombes et tout, et ça dans le monde entier, c’est très bon.
Q : Que pensez-vous de l’action terroriste ?
R : Tous les gens sont coupables. Mais nous ne trouvons pas bon de tuer des innocents. Quand les attentats touchent des gens comme des généraux, des gros financiers, des exploiteurs, affameurs, qui trafiquent en Afrique du Sud etc., alors c’est bon, il faut le faire, parce que les manifs ne servent à rien. Il faut vraiment leur faire peur. Mais les terroristes devraient réfléchir plus, ils tournent en rond, ils font toujours les mêmes actions, que ce soit la R.A.F. ou A.D.; il faut chercher de nouvelles idées.