La Presse Anarchiste

Histoire du mouvement anarchiste en Bulgarie

Gue­orgui
Balka­n­s­ki – et un col­lec­tif – vient d’éditer une brochure
en bul­gare sous ce titre à Paris en 1980 aux éditions
« Nas Pat » (Notre Route), 107 pages. Le peu d’
infor­ma­tions pub­liées sur ce thème ne peut que nous
faire accueil­lir avec plus de plaisir cette brochure qui doit être
éditée en français.[[Voir la bib­li­ogra­phie pour
les références.]]

L’au­teur
trace en 9 pages l’his­toire du mou­ve­ment, en la divisant en sept
péri­odes : précurseurs et ini­ti­a­teurs ; le mouvement
révo­lu­tion­naire de libéra­tion de Macé­doine ; la
créa­tion des pre­miers syn­di­cats ; début de la propagande
anar­chiste ; anti­mil­i­tarisme, guéril­la, terrorisme ;
organ­i­sa­tion du mou­ve­ment anar­chiste du pays ; organ­i­sa­tion anarchiste
sur la base d’une plate-forme ; péri­ode après
l’in­stau­ra­tion de la dic­tature bolchevique jusqu’à nos jours. 

Vien­nent
ensuite une série de biogra­phies avec des por­traits qui d’un
point de vue icono­graphique sont d’une grande rareté, 47
pages. Puis nous avons une descrip­tion de la presse lib­er­taire de
1898 à 1980, avec la repro­duc­tion des titres, 23 pages. Enfin
une brève évo­ca­tion des édi­tions de livres et
brochures de 1889 à nos jours, 5 pages. Enfin, l’ou­vrage se
ter­mine par 13 pages insis­tant plus sur le syn­di­cal­isme, le mouvement
de libéra­tion nationale et révo­lu­tion­naire, l’action
coopéra­tiviste, les activ­ités cul­turelles, pédagogiques
et théâ­trales, le mou­ve­ment non éta­tique, la
lutte con­tre la monar­chie et la guerre, la guéril­la, et une
par­tie inti­t­ulée : « Face à l’alternative
his­torique : le fas­cisme ou la révo­lu­tion » divisée
en une sec­tion générale puis « La lutte étudiante
con­tre le pro­fesseur Tsankov », « La révolution
espag­nole » et « Enseigne­ments pour nous et les autres ».
Cette dernière par­tie souligne l’im­por­tance de l’organisation
du mou­ve­ment anar­chiste et le fait que si la Bul­gar­ie est le seul
Pays de l’Est où l’a­n­ar­chisme n’ait pas été
anéan­ti, celà est dû aux rap­ports étroits
avec le peu­ple. L’or­gan­i­sa­tion anar­chiste pour la révolution
sociale est « étrangère à
l’in­di­vid­u­al­isme et l’ir­re­spon­s­abil­ité des gens pour qui les
idées sont un sport inno­cent et un objet de confort
intel­lectuel et esthé­tique ou de spécu­la­tion purement
philosophique. Espérons que ces leçons soient
ren­for­cées par l’ex­péri­ence
 ! »

Cette
brochure est éditée par des mem­bres de l’UAB qui
représente la branche en exil de la Fédération
Anar­chiste Com­mu­niste de Bul­gar­ie (FACB). Remar­quons que comme toutes
les organ­i­sa­tion d’ex­ilés, les rap­ports exil-cama­rades de
l’in­térieur sont très dif­fi­ciles et qu’avec le temps
des points de vue dif­férents peu­vent appa­raître sur
cer­taines ques­tions. De plus, en exil même, des publications
dif­férentes nais­sent qui, tout en étant libertaires,
abor­dent des aspects dis­tincts de la pro­pa­gande : ain­si « Nas
Pat » (Notre Route) se veut plus doc­tri­naire et « Iztok »
(en bul­gare) abor­de des thèmes variés. 

Il
est du reste dom­mage qu’une organ­i­sa­tion ne donne presque rien sur
son activ­ité con­tre le régime marxiste-léniniste
depuis 1944, mis à part l’aide aux internés anarchistes
au début du régime, un con­grès clan­des­tin en
août 1946 avec 50 délégués représentant
env­i­ron 400 groupes. On chercherait égale­ment en vain une
vision pré­cise du nom­bre de cama­rades à telle ou telle
époque ou dans les syn­di­cats lib­er­taires ou les coopératives.
Sauf le nom­bre des volon­taires en Espagne, les chiffres man­quent. On
ne peut que regret­ter aus­si dans les biogra­phies l’ab­sence de
cer­tains cama­rades comme Ste­fan Manov, Bog­dan Ste­fanov, Mil­iou Ivanov
sur lesquels nous allons revenir par un biais « dialec­tique ».[[Voir
aus­si Iztok en bulgare.]]

Nul
n’est plus qual­i­fié qu’un marx­iste bul­gare pour juger du péril
de l’a­n­ar­chisme bul­gare. L’é­tude passée de Dontcho
Daskalov pub­liée dans un but de pro­pa­gande anti anarchiste
con­tient cepen­dant un matériel intéres­sant. Il s’agit
de « L’a­n­ar­chisme en Bul­gar­ie et la lutte du par­ti con­tre lui »
(en bul­gare), Sofia, Par­tiz­dat, 1973, 224 pages, tirage de 1.300
exem­plaires (offi­cielle­ment, mais le livre a été retiré
de la vente au bout de quelques jours).[[On peut con­sul­ter ce livre à
la Bib­lio­thèque de Doc­u­men­ta­tion Inter­na­tionale Contemporaine
de Nanterre.]]

Le
pre­mier chapitre reprend la posi­tion marx­iste-lénin­iste sur
l’a­n­ar­chisme en 69 pages. Le deux­ième abor­de l’anarchisme
bul­gare comme une créa­tion des anar­chistes étrangers
pour lut­ter con­tre la révo­lu­tion russe de 1917. Cette démarche
est non seule­ment débile his­torique­ment mais fausse d’un point
de vue marx­iste puisque déjà en 1906 le futur fondateur
du PC bul­gare Dim­i­tar Bla­go­ev se plaint de la vision proud­honi­enne et
utopiste du fon­da­teur spir­ituel de l’É­tat bul­gare, Khristo
Botev.[[Voir la repro­duc­tion d’un texte inédit de Christo
Kakak­tchiev « Dim­i­tar Bla­go­ev et le par­ti des socialistes
étroits », Sofia, 1979 en bul­gare.]] Mal­gré la
faib­lesse his­torique du départ, ce chapitre de 138 pages donne
des ren­seigne­ments intéres­sants : le con­grès anarchiste
de Yam­bol en mars 1923 rassem­bla 104 délégués de
89 organ­i­sa­tions (attaqué par l’ar­mée qui tua 26
cama­rades); selon la police vers 1924 il y avait 848 militants
anar­chistes et 2500 sym­pa­thisants (on était en pleine
répres­sion et activ­ité de guéril­la). L’auteur
donne aus­si une cita­tion de Tso­la Dro­goytche­va, une sorte de Maurice
Thorez bul­gare : « Dans notre région, les maquis
anar­chistes agis­saient dans la mon­tagne de Koprivtchit­sa. Et la
vérité oblige à recon­naître qu’ils
agis­saient avec un courage fou, infligeant à l’en­ne­mi des
coups douloureux, après lesquels ils dis­parais­saient vite et
aucune battue de l’en­ne­mi n’é­tait en mesure de trou­ver leurs
traces, les attein­dre et les détru­ire. Les deux meneurs de ce
groupe illé­gal, Vas­sil Ikonomov et Vas­sil le héros,
sont devenus presque légendaires par leur intrépidité
dans le com­bat et par leur sang froid face à la mort.
»

Le
deux­ième chapitre de 44 pages traite la période
1925–1944 et note un renou­veau de l’a­n­ar­chisme au niveau de la
pro­pa­gande qui cul­mine dans les années 1931 à 1934
grâce à une libéral­i­sa­tion qui toucha toute la
gauche, avec la pub­li­ca­tion de 60 titres anar­chistes et plusieurs
revues. On note un développe­ment de l’anarcho-syndicalisme
comme suite au renou­veau de la CNT en Espagne à par­tir de
1930. Mais deux posi­tions exis­tent : une pro­pa­gande avec la gauche y
com­pris les com­mu­nistes – atti­tude qui se man­i­fes­ta déjà
pen­dant la guéril­la des années 23–25 – et à
l’op­posé une ten­dance exclu­ant ce rap­proche­ment. Quant aux
anar­cho-com­mu­nistes, ils sont cri­tiqués par les syndicalistes
des deux ten­dances parce que trop intellectuels. 

Il
faut se reporter à l’ar­ti­cle de P.Svobodin pub­lié en
espag­nol pen­dant la guerre d’Es­pagne pour avoir une vision claire
[[« Tim­on » de Barcelone, N°5, novem­bre 1938]]. Au
pas­sage, Svo­bod­in indique que dans les années 20–23,
l’heb­do­madaire « Rabot­nitch­es­ka Missal » (La Pensée
des Tra­vailleurs) tirait à 12000 exem­plaires et la revue
théorique men­su­elle « Svo­bod­no Obcht­est­vo » (Société
Libre) avait 4500 abon­nés. En sep­tem­bre 1933, les 7, 8, et 9,
la Fédéra­tion Anar­cho-Com­mu­niste Bul­gare (FACB) fut
créée avec 5 régionales et des groupements
paysans, des coopéra­tives de pro­duc­tion et de consommation,
des com­mu­nautés lib­er­taires, des organ­i­sa­tions culturelles…
On le voit, « l’in­tel­lec­tu­al­isme » selon le communiste
Daskalov des anar­cho-com­mu­nistes est à nuancer. 

Les
années 1936–1939 furent cen­trées sur la guerre
d’Es­pagne, moteur de la pro­pa­gande des anar­chistes et des
com­mu­nistes, et reflet des polémiques entre la tactique
lib­er­taire et la tac­tique autori­taire. Le PC bul­gare envoya, plus
exacte­ment oblig­ea, une par­tie de ses cadres émi­grés en
France à par­ticiper à la guerre dans les Brigades
Inter­na­tionales et des « tech­ni­ciens » bul­gares formés
depuis plusieurs années à la lutte armée en URSS
furent envoyés là-bas, comme soviétiques.
L’Es­pagne allait devenir un point brûlant de la lutte entre
anar­chistes et marx­istes en Bul­gar­ie en 1944, comme on va le voir. 

En
1939–1940, un cer­tain nom­bre de cama­rades, dont cer­tains revenus
d’Es­pagne, pro­posèrent à un con­grès clandestin
notam­ment de lancer des maquis con­tre le gou­verne­ment pro-nazi. Ils
ne furent pas suiv­is [[Témoignage oral de Ste­fan Manov]]. Et
en 1941, les com­mu­nistes prirent l’ini­tia­tive de la guérilla
avec la rup­ture du Pacte Hitler-Staline. Pour Daskalov, les
anar­chistes furent isolés pen­dant les années 1941–1944,
mis à part la par­tic­i­pa­tion d’une cinquan­taine de camarades
(selon les chiffres de Daskalov). Il n’y a que très peu de
chose dans Balka­n­s­ki sur ce moment. 

Pour
la péri­ode 1944–1953, on peut s’ap­puy­er sur Daskalov qui lui
con­sacre son qua­trième et dernier chapitre, 23 pages,
com­plétée avec les infor­ma­tions pub­liées en
France par les émi­grés. En toute sim­plic­ité le
chapitre en ques­tion s’ap­pelle « l’op­po­si­tion anar­chiste après
le 9‑IX et sa liquidation ». 

Selon
l’au­teur les anar­chistes, bien que peu nom­breux, avaient des « groupes
très act­ifs » qui dif­fu­saient de la propagande
lib­er­taire, des livres, des tracts con­tre le régime, con­tre la
ter­reur dans l’Es­pagne fran­quiste, pour la lib­erté de la
presse. Ils n’ac­ceptent aucune­ment l’É­tat prolétarien
(!). Ils défend­ent le troisième front con­tre la
bour­geoisie et le par­ti com­mu­niste. En févri­er 1946, un membre
du Comité Cen­tral Dim­i­tar Ganev déclare qu’il faut
lim­iter les anar­chistes, « dévoil­er leur misère
idéologique… parce qu’il n’y a pas de théories plus
révo­lu­tion­naire que le marx­isme-lénin­isme
 ».
Dans les villes et les vil­lages où les anar­chistes sont
implan­tés, des réu­nions publiques sont organisées.
Comme à Doup­nit­sa (depuis Stanke Dim­itrov) à Pavel
Bania, à Sofia, à Kil­i­fare­vo « et ailleurs ».
À ce pro­pos, Daskalov souligne qu’à Pavel Bania
l’or­gan­isa­teur de la réu­nion avait par­ticipé à
la guerre d’Es­pagne et que « pour lui don­ner la réplique
les anar­chistes avaient appelé de Sofia un des lib­er­taires les
plus con­nus, orig­i­naire de ce vil­lage
 ». On peut ajouter que
c’é­tait Ivan Ivanov Radtchev et que le marx­iste n’était
autre qu’un ex-offici­er sovié­tique et mem­bre impor­tant du
régime Ruben Levi, qui refit sa con­férence plusieurs
fois et qui se retrou­va plusieurs fois avec les mêmes « colles »
sur mai 1937, les col­lec­tivi­sa­tions, etc… 

Durant
les six pre­miers mois de 1947, vu l’in­ten­si­fi­ca­tion de la propagande
anar­chiste con­tre l’É­tat com­mu­niste et les appels à
« l’ac­tion directe », le gou­verne­ment « prit des
mesures sociales con­tre elle. À Sofia, Doup­nit­sa, Sliv­en, Nova
Zago­ra et ailleurs des arresta­tions d’a­n­ar­chistes ont lieu. »
Les anar­chistes libres lan­cent les slo­gans « au com­bat
hardi­ment
 », « appel con­tre l’en­ne­mi »,
« con­tre les atroc­ités des patrons et des par­ti­sans de
l’É­tat sur le dos des tra­vailleurs
 ». Alors le Comité
Cen­tral du PC décide de liq­uider l’op­po­si­tion bour­geoise et
les anar­chistes « les plus con­nus et de les envoy­er en camps
de réé­d­u­ca­tion
 » (tru­dovoizpravitel­ni
lagueri); d’autres émi­grent. En effet les anarchistes
obte­naient des résul­tats. Fin 1947 et début 1948 on a
con­nais­sance de deux grèves dans l’in­dus­trie du tabac, à
Plov­div et à Has­co­vo. Dans le cas de la grève de
Plov­div, les anar­chistes n’y ont pas participé
par­ti­c­ulière­ment mais ils étaient présents. La
grève fut vic­to­rieuse et le chef de la Police l’at­tribua dans
son rap­port aux anar­chistes. A Has­co­vo, la grève fut nettement
influ­encée par les anar­chistes [[« Le mouvement
lib­er­taire bul­gare » G. Balka­nsli, conférence
dacty­lo­graphiée disponible au CIRA Genève (1958)]].

En
1953, Daskalov men­tionne un groupe de maquis­ards para­chuté par
la CIA dans la région de Pavel Bania, province de Kazanlak,
avec un radio-émet­teur qui émit pen­dant quelques mois.
Nous pou­vons ajouter que cette action con­sis­tait à se servir
du matériel et du poten­tiel de la CIA pour la propagande
anar­chiste. Du reste, dès que les améri­cains comprirent
qu’ils ne pou­vaient manœu­vr­er les maquis­ards, ils ne leur fournirent
plus aucune aide Ces cama­rades étaient trois : Bog­dan Stefanov,
Mil­iou Ivanov et un autre firent pen­dant six mois leur action
anar­chiste de sep­tem­bre 1953 à mars 1954 où une
offen­sive de l’ar­mée les oblig­ea à fuir. Les deux
pre­miers se sac­ri­fièrent pour que le troisième et sa
fiancée échap­pent à l’encer­clement, puis par des
ami­tiés divers­es, réus­sis­sent à pass­er la
fron­tière, ce qui entraî­na bien des arresta­tions. Cette
action divisa l’émi­gra­tion mais aujour­d’hui encore elle reste
dans les mémoires comme exem­ple de lutte armée contre
le régime, pour la libre organ­i­sa­tion des masses. 

En
1956, le 5 novem­bre très exacte­ment, c’est à dire au
moment de la sec­onde inter­ven­tion russe en Hon­grie, la police opère
des arresta­tions mas­sives, notam­ment dans les milieux anarchistes,
pour prévenir toute con­ta­gion [[« Le Monde Libertaire »,
févri­er 1957]]. Enfin en 1962 Daskalov cite un groupe dans la
province de Stara Zago­ra, for­mé par un anar­chiste récemment
libéré de prison. « Il réus­sit à
influ­encer 7 per­son­nes de la ville et 6 autres d’un vil­lage proche„
des anciens anar­chistes, des opposants, des jeunes abusés. Ils
se don­nèrent un pro­gramme « d’u­nion » qui avait pour
tâche d’u­nir « tous les anti­com­mu­nistes » dans la
lutte con­tre l’É­tat par tous les moyens ». Le groupe se
munit d’armes, fusils, pis­to­lets, bombes et ronéos. Ils
essayèrent d’en­tr­er en con­tact avec les anar­chistes de Hascovo
et Vel­in­grad
. » Nous ne savons pas jusqu’à quel point
ces faits sont authen­tiques, mais un détail a échappé
à Daskalov : la force de l’in­flu­ence d’un anar­chiste, même
après l’emprisonnement, même seul… On a connaissance
d’un doc­u­ment qui date de la même année et qui montre
aus­si que l’in­flu­ence anar­chiste est tou­jours vivace à cette
date : il s’ag­it de la fiche de police de l’a­n­ar­chiste Alexandre
Metodiev Nakov. À cette époque il se réunit
sou­vent avec plusieurs anar­chistes de sa région et il profite
de ses vacances pour faire un tour de Bul­gar­ie par le train ce qui
lui per­met de ren­con­tr­er d’autres anar­chistes : à San­dants­ki, à
Debeletz, à Kne­ja, à Kolov­grad et à Var­na où
il ren­con­tre « trois anar­chistes act­ifs ». Quant à
son groupe il com­pre­nait sept per­son­nes [[Bul­letin de la CRIFA N°28,
févri­er 1980]]. 

En
1967 la Sûreté d’É­tat décou­vre un groupe
con­spir­atif. L’a­n­ar­chiste Tan­iou Ivanov Gar­nev fait par­tie de ce
groupe et il est con­damné à 15 ans de prison [[Tract
édité en France en 1979 à l’oc­ca­sion d’un procès
de droit com­mun fal­si­fié qu’on lui a inten­té en
1977.]]. En novem­bre 1969, sept étu­di­ants sont arrêtés
pour activ­ité anti-social­iste et dis­tri­b­u­tion de tracts. L’un
d’eux, Ger­mi­nal Tchivikov, fils d’un mil­i­tant anar­chiste, avait en sa
pos­ses­sion le livre de Gaby et Dany Cohn-Ben­dit « Le gauchisme,
mal­adie sénile du com­mu­nisme ». Ils sont condamnés
à de lour­des peines et Chris­to Kolev Jor­danov, un vieux
mil­i­tant lib­er­taire très con­nu, est égale­ment inquiété
à cette occa­sion [[Voir la biogra­phie de Jor­danov dans la
brochure « La répres­sion en Bul­gar­ie » de Kiril
Yanatchkov]]. En décem­bre 1974, nous avons transmis
l’in­for­ma­tion sur l’ar­resta­tion de nom­breux anar­chistes, dont Christo
Kolev Jor­danov et Alexan­dre Metodiev Nakov déjà cités,
à Kus­tendil, Pernik, Stanke Dim­itrov, Sofia, Stara Zagora,
Has­co­vo, Plov­div, Var­na et dans des vil­lages et la saisie de
brochures éditées il y a trente et quar­ante ans.
Vingt-cinq cama­rades avaient été inter­rogés et
six cama­rades furent con­damnés à cinq ans de
dépor­ta­tion sous stricte sur­veil­lance. D’autres furent obligés
de rem­plir des déc­la­ra­tions où ils s’en­gageaient à
ne pas faire de pro­pa­gande anar­chiste [[Tract d’in­for­ma­tion publié
en France sur cette affaire.]]. 

En
1978, un cama­rade expli­quait dans une let­tre : « après
chaque arresta­tion cha­cun est soumis aux mêmes questions
stéréo­typées : « Êtes vous anarchiste ?
Quels sont les anar­chistes de votre ville, votre arrondisse­ment et
votre région en général ? Quels sont à
votre avis les con­di­tions favor­ables au développe­ment de
l’a­n­ar­chisme en Bul­gar­ie ? Que pensez-vous de la détente ? Quel
type de con­tact avez-vous avec les étrangers ? »
[[« Indus­tri­al Defense Bul­letin » du syn­di­cat IWW de
Toron­to, 1978]]. En 1979, une semaine avant une aug­men­ta­tion des
prix, une trentaine d’a­n­ar­chistes sont arrêtés puis
libérés après dix jours de déten­tion. Le
pou­voir a tou­jours aus­si peur des anar­chistes, même si c’est
peut-être pré­sumer de leur influ­ence présente
[[Bul­letin de la CRIFA N°29 Mars-Avril 1980]]. 

Il
n’est pas raisonnable de par­ler de la sit­u­a­tion actuelle mais on
con­state que le mou­ve­ment anar­chiste bul­gare a de solides racines de
lutte con­tre l’op­pres­sion fas­ciste et l’État
marx­iste-lénin­iste. Et c’est un mou­ve­ment qui a con­nu des
épisodes qui méri­tent d’être con­nus des camarades
des autres pays.

Dim­itrov

Bib­li­ogra­phie

Sur
l’a­n­ar­chisme bul­gare, il existe assez peu d’ou­vrages en français.
Il faut sig­naler « Un cen­te­naire bul­gare par­le » de Nicolas
Stoinoff (ed. Notre Route, 1963) et « G. Chei­tanov » de G.
Balka­n­s­ki (ed. Notre Route, 1965) qui sont rich­es de renseignements
sur les débuts du mou­ve­ment lib­er­taire bul­gare jusque dans les
années trente. Pour les per­sé­cu­tions con­tre la FACB
après 1944, il existe une brochure « Les bul­gares parlent
au monde » (éditée par le comité d’Aide aux
Anti-fas­cistes de Bul­gar­ie, 1949). Ces ouvrages sont devenus rares,
mais on peut les trou­ver à Paris à la librairie
Pub­li­co, 145 rue Amelot ou à la librairie Le Jar­gon Libre, 6
rue de la Reine Blanche. La brochure de Balka­n­s­ki « His­toire du
Mou­ve­ment Lib­er­taire Bul­gare », « Esquisse » est
annon­cée dans la col­lec­tion « Volon­té Anarchiste »
(V. A., Groupe Fresnes-Antony, 34 rue de Fresnes, 92160 Antony).
Enfin la cri­tique la plus vir­u­lente du régime depuis 1948 a
été faite dans une brochure « La répression
en Bul­gar­ie » (1976) du cama­rade Yanatchkov que nous avons
rééditée et com­plétée en 1978 qui
décrit les interne­ments en clin­ique psy­chi­a­trique et la
cam­pagne raciste con­tre les musul­mans bulgares.


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