Notre ami Lyg, collaborateur à Défense de l’Homme,
et une des personnalités intellectuelles les plus marquantes
du mouvement libertaire, nous a envoyé ce message :
Les socialistes libertaires ont l’honnêteté de reconnaître qu’ils n’apportent rien de nouveau comme doctrine sociale. Ce n’est pas un mince mérite quand des légions de soi-disant novateurs présentent comme originales des conceptions exprimées sous des formes diverses depuis des siècles, sinon des millénaires.
Le problème social s’est posé dès que les hommes ont formé des collectivités, et, malgré les complications apparentes, il se pose aujourd’hui dans les mêmes termes. Ce n’est pas un problème économique. C’est, avant tout, un problème éthique. Les relations entre individus et groupes doivent-elles être déterminées par la force ou par la justice ?
Jusqu’ici c’est l’iniquité qui l’a emporté à peu près partout, et presque toujours. D’où toutes les formes d’oppression et d’exploitation de l’homme par l’homme. Mais la loi de la jungle est-elle une loi naturelle qui doit éternellement régir les rapports humains ?
À cette loi s’opposent la loi d’entraide, tout aussi naturelle, et l’aspiration vers la justice, réalité aussi indiscutable que le désir d’expansion effrénée du moi. Cette aspiration, qui s’est exprimée par les œuvres des « utopistes », et qui a donné lieu à de magnifiques explosions de révoltes, semble présentement étouffée sous le spectaculaire déchaînement d’appétits individuels et collectifs.
N’est-il pas cependant remarquable que ce déchaînement lui-même se masque hypocritement sous la phraséologie de justice que se gardent bien de renier les mouvements et les partis qui, en fait, ont trahi l’idéal socialiste tout en continuant à s’en réclamer ?
Le Socialisme Libertaire n’a donc pas la prétention d’innover. Il reprend le flambeau, et il espère démasquer les maquignons du socialisme en refaisant siennes les deux revendications essentielles du socialisme traditionnel : l’égalité économique et l’organisation de la société par elle-même.
On peut discuter sur les modalités de mise en œuvre de ces deux principes. Mais tous ceux qui aspirent à la réalisation d’une Cité Humaine où l’égalité et la liberté pour tous ne soient pas des mythes, ont leur place dans le Socialisme Libertaire.
Ce Mouvement est lancé à une époque cruciale de l’histoire de l’humanité. L’exaspération et la généralisation des luttes sociales et internationales, ainsi que les progrès de la technique de destruction vont acculer incessamment au dilemme : la justice ou le suicide.
Pour ma part, je n’ai pas attendu cette contrainte brutale des faits pour choisir la justice, la solidarité et la liberté. C’est-à-dire le socialisme libertaire.
Lyg
