Onze ans après leur exécution, Rudolf Slansky et neuf de ses compagnons ont été reconnus innocents par la Cour suprême de Prague. Slansky n’était pas moins que secrétaire général du parti communiste tchécoslovaque, et l’un des neuf autres condamnés, Clementis, était ministre des Affaires étrangères.
Ils furent accusés, ainsi que Rajk et ses amis l’avaient été en Hongrie, et Kostov en Bulgarie, d’avoir monté une organisation titiste. On ne pouvait maintenant, après avoir reconnu que Tito n’était pas un contre-révolutionnaire, après avoir renoué avec lui des rapports amicaux et fraternels, maintenir cette accusation. Mais ceux qui alors suivirent ces procès se souviennent des « confessions de culpabilité » de ces hommes, qui parfois expliquèrent, avec force détails, comment ils avaient trahi, comment ils avaient rencontré les agents de Tito, comment, d’accord avec eux, ils avaient préparé des complots révolutionnaires, etc., etc.
Sous la pression de la pensée libre occidentale, la vérité a commencé à se faire jour dans les nations opprimées de l’Est. Réjouissons-nous-en. Mais cela ne doit pas nous faire oublier ces procès monstrueux, qui sont les symboles d’un régime, ni tous les crimes dont on parle moins, qui commencèrent aux procès de Moscou, et même avant, car les procès de Moscou ne furent que les faits les plus visibles.
Ni qu’alors tous les dévots et les fanatiques de l’œcuménisme communiste ont applaudi ces assassinats, et qu’ils les couvrent toujours dans la mesure où ils le peuvent.
On parle encore souvent de l’assassinat de Sacco et Vanzetti parce qu’ils eurent lieu dans une nation capitaliste. Pourquoi étouffe-t-on le souvenir de ces autres crimes, infiniment plus terribles par le nombre des victimes, et parce qu’ils ont été commis au nom du communisme, du socialisme et du prolétariat ?