La Presse Anarchiste

Gdansk, la grève politique

Déclaration du Comité Inter-entreprises /​ MKS /​ siégeant au Chantiers navals Lénine de Gdansk

Gdansk, le 21/​08/​1980

Par suite d’une pro­pa­gande fausse et pro­vo­ca­trice menée par les milieux offi­ciels et qui s’am­pli­fie le MKS juge à pro­pos de consta­ter ce qui suit :

Le monde du tra­vail n’est pas sur­pris par les basses méthodes de la lutte psy­cho­lo­gique menée par les milieux offi­ciels et visant à déve­lop­per un ferment et à induire en erreur l’o­pi­nion publique. La dif­fu­sion de tracts au conte­nu men­son­ger sur le monde du tra­vail mérite une condam­na­tion par toute la socié­té. Tout le monde sait que l’on fait traî­ner exprès, pour pro­vo­quer, l’ou­ver­ture des négo­cia­tions. A tra­vers cela, les auto­ri­tés montrent leur vrai visage encore une fois. La classe ouvrière et tous ceux qui tra­vaillent n’ont jamais trom­pé et ne trom­pe­ront jamais. Aujourd’­hui ils en donnent une preuve admi­rable par leur sagesse poli­tique, leur dis­ci­pline et leur désir ardent bon pour toute la nation. Le MKS, qui repré­sente toutes les entre­prises, appelle encore une fois les auto­ri­tés à entre­prendre des négo­cia­tions. Son but est la satis­fac­tion des demandes trans­mises à la com­mis­sion gou­ver­ne­men­tale, remises en main propre au voî­vode (maire) de Gdansk, le pro­fes­seur Jer­zy Kolod­zie­js­ki, par une délé­ga­tion du MKS. Seul un dia­logue hon­nête et mené démo­cra­ti­que­ment peut mettre fin à la grève. Seule la sou­mis­sion à la volon­té des masses tra­vailleuses en satis­fai­sant les reven­di­ca­tions avan­cées par ces masses peut garan­tir la vie nor­male de notre pays, Les gré­vistes ne brisent pas l’u­ni­té de la nation polo­naise et ne causent pas de tort à l’É­tat polo­nais. Si les auto­ri­tés veulent s’en convaincre, qu’elles viennent chez les gré­vistes, qu’elles prennent connais­sance des déci­sions du MKS qui les repré­sente. Il faut cher­cher ici la véri­té, et non dans le bâti­ment du Conseil Natio­nal de la Voi­vo­die. Les employés des chan­tiers navals de Gdansk, dont l’en­tre­prise est le siège du MKS, garan­tissent une totale sécu­ri­té à la délé­ga­tion gou­ver­ne­men­tale dans l’en­ceinte de leur entre­prise pen­dant les négo­cia­tions. Il y a de sem­blables garan­ties de la part des autres entre­prises repré­sen­tées au MKS.

Comi­té Inter-entre­prises de grève.

Revendication des grévistes des entreprises représentées par le Comité Inter-entreprises de grève 

Le Comi­té Inter-entre­prises de grève repré­sente aus­si les tra­vailleurs des entre­prises et ins­ti­tu­tions dont le fonc­tion­ne­ment est indis­pen­sable à la socié­té. Ce comi­té a pour but de faire abou­tir les négo­cia­tions que les gré­vistes attendent.

L’une des pre­mières condi­tions à l’ou­ver­ture des négo­cia­tions est le déblo­cage de toutes les com­mu­ni­ca­tions téléphoniques.

Les reven­di­ca­tions des gré­vistes repré­sen­tés par le Comi­té Inter-entre­prises de grève sont les suivantes :

  1. Recon­nais­sance de syn­di­cats libres indé­pen­dants du Par­ti et des employeurs sur la base de la conven­tion n°87 de l’Or­ga­ni­sa­tion Inter­na­tio­nale du tra­vail rati­fiée par la Pologne.
  2. Garan­tie du res­pect du droit de grève, de la sécu­ri­té des gré­vistes et des per­sonnes qui les aident.
  3. Res­pect des liber­tés d’ex­pres­sion, de publi­ca­tion et d’im­pres­sion garan­ties par la Consti­tu­tion. Arrêt de la répres­sion contre les publi­ca­tions indé­pen­dantes et accès aux médias des repré­sen­tants de chaque Église.
  4. A. Réta­blis­se­ment des droits des per­sonnes licen­ciées abu­si­ve­ment après les grèves de 1970 et 1976 et des étu­diants exclus de l’en­sei­gne­ment supé­rieur à cause de leurs opi­nions poli­tiques. B. Libé­ra­tion de tous les pri­son­niers poli­tiques, notam­ment Edmund Zadro­zyns­ki, Jan Koz­lows­ki et Marek Koz1owski. C. Et arrêt des repré­sailles pour rai­son d’opinion.
  5. Dif­fu­sion par les mass-medias de l’in­for­ma­tion sur la créa­tion du comi­té inter-entre­prises de grève et publi­ca­tion de ses revendications.
  6. Lan­ce­ment d’ac­tions réelles pour sor­tir le pays de la situa­tion de crise, par exemple : dif­fu­sion publique de toutes les infor­ma­tions sur la situa­tion socio-éco­no­mique de la Pologne, pos­si­bi­li­té don­née à tous les milieux et couches sociales de par­ti­ci­per aux dis­cus­sions sur un pro­gramme de réformes.
  7. Paie­ment de tous les gré­vistes comme pour les congés avec les fonds du syn­di­cat officiel. 
  8. Aug­men­ta­tion du salaire de base de chaque tra­vailleur de 2000 zlo­tys par mois pour com­pen­ser l’aug­men­ta­tion du prix de la viande.
  9. Échelle mobile des salaires.
  10. Réa­li­sa­tion d’un appro­vi­sion­ne­ment à plein du mar­ché inté­rieur en pro­duits ali­men­taires et limi­ta­tion des expor­ta­tions aux surplus. 
  11. Intro­duc­tion de cartes de ration­ne­ment pour la viande jus­qu’à la sta­bi­li­sa­tion du marché. 
  12. Sup­pres­sion des prix com­mer­ciaux et des ventes en devises étran­gères sur le mar­ché intérieur.
  13. Dési­gna­tion des mana­gers en se basant uni­que­ment sur leur qua­li­fi­ca­tion et non sur l’ap­par­te­nance au Par­ti. Sup­pres­sion des pri­vi­lèges de la police, des ser­vices de sécu­ri­té et de l’ap­pa­reil du Par­ti par l’é­ga­li­sa­tion des allo­ca­tions fami­liales et la sup­pres­sion du sys­tème des ventes spéciales.
  14. Droit à la retraite après 35 ans de tra­vail, à 50 ans pour les femmes et à 55 ans pour les hommes.
  15. Sup­pres­sion des dif­fé­rences entre les deux sys­tèmes de pen­sion et de retraite par l’a­li­gne­ment sur le plus favorable. 
  16. Amé­lio­ra­tion des condi­tions de tra­vail des ser­vices médi­caux afin d’as­su­rer aux tra­vailleurs les pres­ta­tions aux­quelles ils ont droit.
  17. Créa­tion de crèches et d’é­coles mater­nelles en nombre suf­fi­sant pour les enfants des mères qui travaillent. 
  18. Exten­sion de la durée du congé mater­nel payé à 3 ans.
  19. Limi­ta­tion du temps d’at­tente pour l’at­tri­bu­tion des appartements.
  20. Aug­men­ta­tion de 40 à 100 zlo­tys des frais de déplacement.
  21. Com­pen­sa­tion dans les usines tra­vaillant à plein temps de l’ab­sence du same­di libre par l’al­lon­ge­ment des congés ou par l’in­tro­duc­tion de jours fériés particuliers. 

Comi­té Inter-entre­prise de Grève, Gdansk
le 22 août 1980
(Impri­me­rie libre des chan­tiers navals de Gdynie)

Communiqué du MKS du 22/​08/​1980

Les nou­velles délé­ga­tions de gré­vistes seront enre­gis­trées et infor­mées au point d’enregistrement.

La délé­ga­tion apporte la preuve la plus sérieuse Que le MKS repré­sen­te­ra ses intérêts.

Pour des consi­dé­ra­tions d’or­ga­ni­sa­tion le MKS ne peut pas aug­men­ter le nombre des délé­gués auto­ri­sés à péné­trer dans les Chan­tiers Navals et à voter.

Le Comi­té inter-entre­prise de grève


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