Catégorie : L'Unique n°7 (janvier/février 1946)
-
Les précurseurs
Les deux poètes Hésiode et Théognis se classent parmi les poètes gnomiques, c’est-à-dire sentencieux ; c’est la littérature morale ou de maximes. Ce genre se rencontre surtout au début d’une littérature, c’est un genre naïf et simple, il s’agit de faire retenir de mémoire des maximes sur la vie quotidienne, ou encore sur tout autre sujet. Cette littérature…
-
Nietzsche et le retour éternel
Je ne hausserai pas le ton pour parler de la conception nietzschéenne du retour éternel. Je ne la qualifierai pas, par exemple, d’idée angoissante, car elle ne suscite en moi qu’un sourire amusé. Lorsqu’on est convaincu comme je le suis de la détermination de l’avenir et de l’automatisme de l’être vivant, même si ce dernier a l’honneur de…
-
Conseils pratiques pour lire convenablement
Prends soin de ta vue ; d’elle dépend, en grande partie, ta confiance et ton succès dans la vie. Tandis que tu lis, tiens la tête droite. Tiens ton livre à 35 centimètres de tes yeux. Fais en sorte que ton éclairage soit clair et bon. Ne lis jamais dans la pénombre, ni dans un véhicule, ni couché. Ne reçois pas la lumière…
-
Conclusion d’une causerie sur la Désintégration de l’Atome
Nous avons plusieurs fois discuté ici de la science et de son rôle sur le bonheur de l’homme. Certains camarades ont défendu la thèse selon laquelle la science doit, petit à petit, au fur et à mesure de son évolution, libérer l’homme de ses servitudes matérielles, lui abréger ses heures de travail, rendre celui-ci plus facile, moins pénible,…
-
Lettre ouverte à une camarade qui souffrait de l’abandon de celui qui l’aimait
Vous souffrez, chère camarade, de l’abandon de celui qui vous aimait. Vous en éprouvez une peine profonde. Vous ne pouvez vous faire à l’idée d’avoir été ainsi délaissée, « lachée » comme vous avez énoncé dans un moment où vous oubliez votre réserve coutumière. Votre douleur est atroce, me mandez-vous, et je le comprends d’autant mieux que j’ai en horreur les…
-
Paroles dans le vide
O Vie d’ici bas, combien tu en as trompés, séduits, aveuglés ! Tu fuis, et tu n’es rien ; Tu apparais et tu n’es qu’une ombre ; Tu t’élèves et tu n’es qu’une fumée ; Tu fuis chaque jour, et chaque jour tu viens, car en venant tu fuis et tu viens en fuyant ; Diversement tu te termines, semblablement tu…
-
Réalités, vérités
L’idéal, mot qui résonne mal à certaines oreilles, soit qu’elles n’en saisissent point le sens, soit qu’elles le considèrent comme irréalisable. Mot admirable, tant de fois galvaudé qu’on ose à peine le prononcer. Et pourtant, ainsi que le disait Tolstoï : « L’idéal est ce qu’il y a de plus réel et de plus certain pour l’homme ». — O…
-
Où va l’humanité
Je résume brièvement mon exposé. J’ai essayé de démontrer que l’homme était le produit de la tradition. J’ai suivi l’évolution des diverses traditions et des conditions qui les ont rendues bonnes ou mauvaises. Il m’a semblé qu’on pouvait en déduire qu’aucune d’elles n’était fatale et que l’homme était apte à vivre n’importe quel système social. De ce…
-
À propos de Nietzsche
Nietzsche ! Pauvre cher grand homme, si décrié, si peu compris ! Ton évangile de dureté n’est qu’un hommage au courage, à la vertu virile par excellence. Personne n’a senti mieux que toi la beauté de l’homme qui est seul, qui le sait, qui porte seul son faix, et allègrement si possible, sans espérer de rien ni de personne. Ton « surhomme » n’est…
-
Savoir dire : j’ai tort
Dans la vie sociale où évolue notre propre existence, il y a, en effet, des acceptations dégradantes, des reniements successifs et lâches, de causes diverses. (M. Imbart, « L’Unique » n°4, octobre 1945.) Savoir dire Non ! est une chose ; le pouvoir exprimer en n’importe quelles circonstances, en est une autre. La société dispose de tels moyens de contraindre l’individu le…