La Presse Anarchiste

Catégorie : Témoins n°24 (septembre 1960)

  • Juin

    Sixième mois, j’ai pour marraine Junon, que l’on dit présider A toute nais­sance, la reine Des dieux et mère de l’été. Je suis le temps des plénitudes Et des grands feux de la Saint-Jean. Autant que dans les solitudes Du ciel il est d’astres, le paon Son oiseau porte sur sa roue Des yeux en foule, et leur…

  • Mai

    Qu’il est beau le mois de Marie ! Dit le can­tique — il a raison. Mon nom empêche qu’on oublie, Mère de Jésus au doux front, Votre aînée aux célestes plages, La bonne déesse : Maia — Démé­ter, qui donne en partage Aux mor­tels les biens d’ici-bas, Ces biens que la peine des hommes Fait naître et renaître toujours ; Ô tra­vailleurs par…

  • Avril

    De Cypris mariant le rire Au dimanche le plus chrétien, Je suis Avril, dont le délire Ne pleure qu’au Ven­dre­di Saint. Avec moi la sai­son nouvelle Et l’Homme Nou­veau, de concert, Pro­clament la Bonne Nouvelle : « La mort est vain­cue, et l’hiver. » Même les enfants de ce monde Pour qui son retour n’eut pas lieu, Dans ma suave clar­té blonde…

  • Mars

    Entends la voix d’Apollinaire : « Mars et Vénus sont revenus » — Mars qui n’est maître de la guerre Que pour vos cœurs noirs et obtus Oublieux que mon ambroisie, Pré­lude à la belle saison, Me fait le frère et le sosie De l’as de la chauffe Apollon ; Car, riant sous mes giboulées, En moi le prin­temps voit le jour, Qui…

  • Février

    Février suis, des lupercales, Fêtes paniques d’un Dieu-Loup, Le mois sacré. Mes eaux lustrales, Mor­tels, vous redon­naient le goût D’être aus­si purs que la jouvence De mon givre sur les rameaux, Quand j’éblouis de ma présence Le monde sau­vé de ses maux. C’est pour vous que je persévère Et que, sou­dain flamme et chaleur, Dans le froid…

  • Janvier

    Et parce que j’ouvre l’année Du dieu des portes j’ai le nom, Ce dieu dont ma bise glacée Ceint de fri­mas le double front. L’une de ses faces regarde L’ombre des jours qui ne sont plus, Et l’autre guette ce qui tarde Encor : l’avenir inconnu. J’ouvre les temps, mais à la guerre Puisse-t-il oppo­ser toujours Sa porte close.…

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