Étiquette : Poésie — Chanson
-
Le stigmate
Un jour, je sortirai de cet horrible Enfer, désemparé, timide et ne sachant que faire. Ma famille, pour qui je ne fus qu’un fardeau, m’a chassé. Mes amis me tourneront le dos. Ma maîtresse elle-même, enfant douce et légère, entre les bras félons d’un ami sans honneur qui n’a pas hésité à voler mon bonheur… Donc, par un…
-
Les faiseurs de profit
Faiseurs de profit, lutteurs pour le gain, Quel est votre dessein, quel but poursuivez-vous ? Engendreurs de guerre, créateurs de douleur, Quelle gloire tirez-vous de votre contrôle du monde ? Regardez vos doigts, ces pinces d’acier, Destructeurs de liberté, mutilateurs de joie ! Après le triomphe, une fois l’affaire emportée, Combien de tout ce que vous aurez gagné ne s’avérera-t-il pas…
-
Défi
Je sais que vous tournez en dérision ceux à qui leurs cheveux blancs n’interdisent pas d’aimer, car je vous connais bien, vous qui prétendez que l’amour n’a qu’un temps, et qui, persiflant, accommoderiez ainsi l’alexandrin du fabuliste : « Passe encor de bâtir, mais aimer à cet âge » s’il était toutefois présent à votre mémoire. Je vous connais…
-
Heure
Une heure passe dans le silence. Heure, qu’as-tu fait sur la terre ? As-tu suffisamment versé et la souffrance, et la misère ? As-tu multiplié la puissance des forts ? As-tu compté ceux qui sont morts quand tes soixante coups s’égrenaient par le monde ? Heure qui passe, pour une fois, rien que pour une fois, oublie ce qui est mal, oublie ce qui est…
-
La Liberté
Où est l’homme assez audacieux pour dire À la mer : « C’est ainsi que je te ceux et non autrement » ? Car — qu’elle s’étale sereine et magnifique, Baignant amoureusement la terre et reflétant Le sourire du ciel sur ses ondes d’améthyste… Ou que rafraîchie par la brise qui souffle Elle porte vers leur destin le commerce et les navires…
-
poème sans titre
Laisse voguer lentement tes mains, comme le vent souffler tes cheveux vers ton front bleu de rêve ; c’est la même chose : tes mains, le vent, celles de ton amant. Tes mains, les siennes sur ton front Mouillent leurs ongles à la lumière de tes yeux d’eau de mer. Georges Navel
-
Les aventuriers
Stériles comme un glaive enceint des seuls éclairs ! Vous n’avez point fondé d’état ni de famille, Rien laissé qu’aux débris d’une pourpre guenille, Cent bouches à vos noms clamantes dans les airs. La cité, les travaux, les tranquilles partages, L’inexorable abri des lois et des maisons… Pourtant si vos yeux pillent les horizons, Qu’ils sont beaux…
-
La poésie héroïque des grands chemins
Rêveur!… À dit celui qui ne voulait point voir la pensée briller sur les routes où se traînent les hommes. Poète!…, a dit celui qui ne pouvait point sentir son cœur battre à l’unisson d’un cerveau lucide et frondeur. Rêverie?… Poésie?… — C’est le refuge des gueux, qui vont par les routes et les chemins,…
-
Tentation
Partout où j’ai fixé ma course vagabonde Une crainte m’a pris des lendemains obscurs. C’était le soir. Blotti contre le foyer sûr J’écoutais une horloge épeler la seconde. L’ami quiet se renversait dans un fauteuil, Son épouse égouttait un kummel dans nos tasses Et je les sentais fiers de leur destin bonace Comme des morts qui…
-
Muchachas
Il ne m’a fallu ni fleurs ni chanson Ni cruel soupir ni cruelle attente Pour baiser au sein mes brunes amantes : Il ne m’a fallu qu’un proche buisson. Elles sont tombées au creux des fougères Offrant leur sourire et leurs doigts tremblants Et j’ai dénudé leur gorge et leurs flancs Sous ma bouche avide et…