La Presse Anarchiste

Échos de la semaine

France

Encore une mal­pro­pre­té de plus à l’ac­tif de ce ramas­sis d’im­mon­dices, que l’on nomme la police des mœurs… (!?) C’est M. Auré­lien Scholl du Matin qui parle :

[(En ren­trant le soir, j’en­tends pous­ser des cris affreux. Deux gaillards de mau­vaise mine entraînent une femme qui se débattait.

— Je vous en pris, lais­sez-moi, disait-elle, en pleu­rant ; j’ai un petit enfant de deux ans à la mai­son… Je suis sor­tie pour lui ache­ter des remèdes… Il est malade et il n’y à per­sonne pour le soigner.

Mal­gré ses pro­tes­ta­tions les agents des mœurs entraî­nèrent la mal­heu­reuse femme et, le len­de­main, j’ai appris que son enfant était mort dans la nuit.)]

Et dire qu’a­près de pareils faits il se trouve encore des indi­vi­dus assez simples de res­pec­ter ces crapules-là !

Le Ques­noy (Nord). — Un fait, qui par son admi­rable carac­tère de révolte mérite d’être signalé : 

Un jeune sol­dat incor­po­ré au 1er d’in­fan­te­rie, nom­mé Éli­sée Mai­resse, s’est oppo­sé d’une façon abso­lue aux règle­ments militaires.

Il s’est lais­sé habillé, équi­per, armer, mais a refu­sé pas­si­ve­ment l’exé­cu­tion de tout ordre qui pour­rait lui être donné.

Il pré­fère, dit-il, se faire fusiller plu­tôt que d’o­béir à ses chefs hié­rar­chiques.

Mai­resse a été remis entre les mains du com­man­dant de gen­dar­me­rie du Ques­noy, qui l’a trans­fé­ré à la pri­son mili­taire de Lille. Il est inutile de dire qu’il sera tra­duit, jugé et condam­né, par cette col­lec­tion d’a­bru­tis qui forment cette chose que l’on nomme le « conseil de guerre ».

Romans et Bourg-du-Péage (Drome). — Les ouvriers de l’in­dus­trie cha­pel­lière de ces deux loca­li­tés, se sont mis en grève ces jours der­niers au nombre de 1800.

Cette indus­trie étant la prin­ci­pale res­source du pays, rien d’é­ton­nant à ce que la situa­tion devienne sérieuse d’un moment à l’autre, vu le nombre impor­tant de grévistes.

La Roche (Indre). — Beau­té de la pro­prié­té individuelle.

À la suite d’une dis­cus­sion entre deux culti­va­teurs au sujet d’un pas­sage dans un pâtu­rage, l’un de ces der­niers a por­té trois vio­lents coups de cou­teau à son contradicteur !

Toge et Gou­pillon. — La basse cour de Laon, a dans son audience cor­rec­tion­nelle du 3 sep­tembre, condam­né à 25 fr. d’a­mende (!) un igno­ran­tin qui le 28 juillet der­nier jetait à l’eau un enfant pour le seul motif qu’il chan­tait lors de son pas­sage : un canard déployant ses ailes
Coin, coin, coin.

Cela se passe de tous com­men­taires n’est-ce pas ?

Quand recon­naî­tra-t-on enfin que ce mot jus­tice dont nous bernent jour­nel­le­ment ceux qui ont tout inté­rêt à ce que nous res­tions le plus long­temps pos­sible dans cet état d’a­va­chis­se­ment où nous crou­pis­sons, n’est qu’une immense balançoire ?

Espagne

Huel­va. — Dimanche der­nier d’im­por­tantes arres­ta­tions ont été opé­rées ; des docu­ments éga­le­ment impor­tants et rela­tifs à des asso­cia­tions socia­listes ayant des rap­ports à Cuba, ont été sai­sis par le juge de Valverde.

Allemagne

Dort­mund. — À la suite d’une bagarre avec la police, trente socia­listes ont été arrê­tés, et enfer­més dans la pri­son de la ville.

Bres­tan. — La police de sûre­té a arrê­té trois socia­listes dans un hôtels de la Rosen­tha­lers­trass ; ils devaient par­ler dans une grande réunion socia­liste indi­quée pour le soir, dans un res­tau­rant du fau­bourg d’Ohlau.

Russie

Les nou­velles don­nées et démen­ties ensuite sur un nou­vel atten­tat sur le tsar de Rus­sie, paraissent se confirmer.

D’a­près Boœr­sen Gou­rier de Ber­lin du 4 sep­tembre, l’at­ten­tat contre la per­sonne du czar, accom­pli par un nihi­liste habillé en offi­cier des gardes, n’est nul­le­ment une mys­ti­fi­ca­tion. Le czar aurait été réel­le­ment atteint au bras. La balle aurait même été extraite.

C’est égal, depuis qu’ils pendent des nihi­listes, la corde de pen­du ne semble pas por­ter bon­heur aux Alexandre. Et de la manière dont marchent les évè­ne­ments, il n’y aurait rien de sur­pre­nant que le fils de l’é­cra­bouillé de Péters­bourg suive le même che­min que son « honorable»père a pris pour aller au « ciel ». 

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