Suisse
La Fédération des Unions ouvrières de la Suisse romande tiendra son congrès le dimanche 23 février à Yverdon. En outre des rapports a) sur la marche de la Fédération et de l’imprimerie, b) sur la Voix du Peuple, c) sur la situation financière, l’ordre du jour contient la présentation d’un rapport sur le Salon de coiffure communiste de Genève, sur l’impression d’une partie de la Voix du Peuple en italien et sur l’organisation, sous le contrôle des syndicats et unions ouvrières, de cours scolaires pour enfants.
Hollande
Même les leaders des syndicats conservateurs marchent. — On sait que les gouvernements sont souvent plus faciles à pousser en avant que les leaders des syndicats ouvriers conservateurs. Et pourtant, même ces derniers sont forcés de marcher, lorsque les ouvriers le veulent. À peine avions nous fait savoir, dans notre dernier numéro, que les chefs de l’Union des diamantaires d’Amsterdam avaient réussi, pendant quelques mois défendre leur coffre-fort contre les réclamations de leurs membres sans travail, que les journaux hollandais annonçaient que le Conseil fédéral de l’Union a décidé par 24 voix contre 10 de mettre 200,000 florins (1 florin néerlandais vaut 2 fr. 08) de la caisse fédérale à la disposition des sans-travail. Avec cet argent on croit pouvoir soutenir pendant trois mois les membres qui en ont besoin. On a relevé pour la semaine de Noël (22 – 28 décembre 1907) 4.348 ouvriers sans travail sur environ 7.500 membres affiliés à l’Union. Cependant, ce sont maintenant les hauts dignitaires qui ont pris eux-mêmes l’initiative ; ainsi à été sauvé l’esprit de « centralisation » et de la sainte « discipline ».
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Briseurs d’organisation. — L’Union néerlandaise des débardeurs et ouvriers du port a tenu son congrès les deux jours de Noël. Les discussions ont été quelque peu orageuses à cause d’une proposition faite par le conseil de l’Union de s’affilier à l’Union des Syndicats fondée ces dernières années sur l’initiative des propagandistes social-démocrates. Cependant, pas un seul des délégués ne s’est montré favorable à cette proposition qui a été enfin rejetée par 17 voix (3 bulletins blancs). Dès la fin de ce congrès, la presse social-démocrate a fait entendre que les politiciens tâcheraient de briser l’organisation là où ils ne pouvaient pas obtenir gain de cause ; et la semaine passée à été fondée à Rotterdam « L’Union générale des Ouvriers du Transport ». Voici le but de la nouvelle organisation concurrente : « Rompre avec la tactique suivie jusqu’à présent et chercher la collaboration avec le mouvement ouvrier, qui est incorporé dans l’Union néerlandaise des Syndicats, union fondée par les social-démocrates. L’organisation sera centralisatrice en principe et se mettra le plus tôt possible en rapport avec d’autres organisations ayant le même but. Ainsi elle espère introduire plus de stabilité et de régularité dans le mouvement des ouvriers des ports ». — On le voit, c’est la même histoire en Hollande qu’en France, en Allemagne et ailleurs. Lorsque les politiciens social-démocrates ne peuvent pas mettre la main sur les organisations ouvrières, ils tâchent de les briser en semant la discorde et la division dans leurs rangs. En Hollande, on a un nom caractéristique pour ces social-démocrates. On les appelle « pics à démolition ».
Roumanie
Le mouvement ouvrier. — Dans une lettre de Roumanie publiée par le journal Einigkeit de Berlin (du 11 janvier), on trouve un exposé intéressant des persécutions auxquelles est en butte le jeune mouvement ouvrier roumain de la part du gouvernement libéral. Ces persécutions atteignent surtout les juifs. Depuis 1881 existe en Roumanie une loi créée contre les Russes immigrés après le meurtre du tsar Alexandre II. « Les socialistes d’autrefois ont combattu cette loi fermement et à présent nous assistons à ce spectacle tragi-comique, que les anciens socialistes, ayant passé au libéralisme, demandent l’application de cette loi scandaleuse dans toute sa sévérité. Le ministère libéral actuel et la Chambre, actuellement en majorité libérale, comptent parmi leurs membres les plus importants les anciens leaders du mouvement socialiste. Comme ministre des cultes, nous avons l’ancien, député socialiste V.G. Mertzun, et comme député et rédacteur en chef du journal libéral antisémite Vointza Naezionala l’ancien chef du socialisme roumain Ivan Nadejde. Ce dernier est maintenant un des pires adversaires et persécuteurs du mouvement ouvrier roumain. Il n’est jamais las de traiter ce mouvement d’anarchiste et de terroriste, et les chefs du mouvement — ses amis politiques d’autrefois — de fripons, d’espions, de traîtres à la patrie, etc. » Ne semble-t-il pas qu’on lise l’histoire du régime parlementaire français sous le ministère Clemenceau-Briand-Viviani ? Heureusement que la lettre publiée par notre confrère berlinois dit que, malgré la persécution, « le mouvement ouvrier fait des progrès énormes » et que « le nombre des Syndicats et des Unions socialistes augmente de jour en jour ».