La Presse Anarchiste

Communistes et Individualistes

Cer­tains cama­rades se dis­ent com­mu­niste. d’autres indi­vid­u­al­istes. Le Révolté dit que la Société future sera com­mu­niste. L’Autonomie dit que l’In­di­vid­u­al­isme est le salut de la Révo­lu­tion. Je crois qu’ils se trompent tous deux et que par une illu­sion fréquente ils voient la Société future telle qu’ils voudraient la voir. C’est un restant du social­isme chimérique des précurseurs de l’a­n­ar­chie. La rai­son ne s’ac­com­mode pas de chimères. Étant don­né le développe­ment tou­jours crois­sant des besoins, il devient de plus en plus impos­si­ble à l’homme de suf­fire indi­vidu­elle­ment à toutes les exi­gences de la vie. D’un autre côté, le développe­ment de l’in­tel­li­gence, la soif d’indépen­dance que nous ressen­tons ne nous per­me­t­tent pas de vivre dans une société étroite­ment com­mu­niste. Il est donc à sup­pos­er que la Société future sera com­mu­niste dans la vie matérielle et indi­vid­u­al­iste au point de vue intel­lectuel, mais ceci n’est qu’une hypothèse. Il nous est impos­si­ble de prévoir ce que l’avenir nous réserve et il faut man­quer de logique pour se dire d’une façon absolue com­mu­niste ou individualiste.

Je crois qu’au fond l’a­n­ar­chie n’a rien à voir là-dedans. L’a­n­ar­chie n’est pas un idéal social, c’est bien plutôt un moyen d’ac­tion. Un anar­chiste, comme le dit si bien Théodore de Banville, c’est l’in­di­vidu qui ne veut être ni dirigeant ni dirigé. La société actuelle ne nous per­met pas de vivre, ain­si nous cher­chons à la détru­ire. Quand nous aurons abat­tu l’au­torité, la nou­velle société s’or­gan­is­era d’elle-même mieux qu’au­cun théoricien ne pour­rait le faire.

Hen­ri Riocreux


Nota. — Quand la série de mes arti­cles sur l’In­di­vid­u­al­isme aura été entière­ment pub­liée, je répondrai dans un arti­cle spé­cial à toutes les objec­tions qui pour­ront m’être posées dans le cours de la pub­li­ca­tion de ce travail.

G.D.