Par votre circulaire que je viens de lire, vous faites appel au concours de tous les intéressés a la solution du problème social. À ce titre, gardez-moi un petite place dans les colonnes de votre revue.
Vous n’avez point de programme dites-vous ? Tant mieux ! Tous les partis politiques en ont et n’en réalisent point. Puis, à quoi bon tracer une route unique pour tous. Est-ce que la cité n’a qu’une voie pour ses habitants ? Paris n’a-t-il pas un millier de rues et n’en perce-t-on pas de nouvelles chaque jour ?
Comme vous dites aussi, l’homme ne peut plus se mouvoir dans le cercle restreint d’un système. La nature n’a point de maitre ; l’homme — son objet — doit être libre. D’ailleurs, notre planète n’est vaste qu’afin de nous y mieux ébattre.
L’ignorance primitive a pu nier pour chacun le libre arbitre, seuls, aujourd’hui, quelques esprits rétrécis s’y opposent ! Eh bien, ma foi, tant pis pour eux, car, ni leurs clameurs contre la révolution, contre l’anarchie, ni leurs éjaculations — souvent étudiées — vers le dogme social que chacun d’eux caresse dans ses rêves, ne contrarieront l’éclosion prochaine de la société nouvelle.
Ensemble, nous étudierons surtout les lois naturelles qui régissent l’Individu, qui, poussés par elles dans le monde organisé, réorganisé et à réorganiser, se meut toujours plus péniblement sans cependant jamais perdre de vue l’objectif suprême : le moi.
Ensemble, nous disséquerons l’homme de notre mieux, nous analyserons ses aspirations, et nous aidant du résultat de ces recherches, il nous sera plus facile de montrer que le même sentiment anime tous les individus : la satisfaction de soi-même et que de ce fait, le seul principe d’organisation sociale qui répond réellement aux besoins de chacun est : l’autonomie individuelle dans l’association et dans le groupement autonome.
Ensemble, nous dirons encore la détestable condition que fait aux gueux le régime capitaliste et gouvernemental et, n’obéissant qu’a notre haine profonde de l’autorité sous toutes ses formes, nous cognerons également sur toutes les institutions et sur tous les systèmes. Persuadés que la révolution sociale ne s’obtiendra qu’a ce prix de toutes nos forces nous troublerons, nous troublerons…
Bien à vous .
Jean-Baptiste Louiche
Nous remercions L’Insurgé, le Cri du Peuple, la Révolution Cosmopolite, le Gard Socialiste, le Révolté, d’avoir eu la gracieuseté d’annoncer notre publication.