La Presse Anarchiste

La décadence bourgeoise Période progressive (1792–1830)

La démarche n’ayant pas abouti, naturelle­ment elle revint le 1er Ger­mi­nal et récla­ma la Con­sti­tu­tion de 93. La bour­geoisie répon­dit à cette man­i­fes­ta­tion par la voix de Siéyès, qui fit vot­er une ter­ri­ble loi de police décré­tant la dépor­ta­tion con­tre les fau­teurs d’attroupements.

Son appli­ca­tion ne se fit pas atten­dre. Le 12 Ger­mi­nal la Con­ven­tion ayant été envahie par les faubouriens deman­dant du pain, ses mem­bres votent un décret de dépor­ta­tion sans juge­ment con­tre Bil­laud, Col­lot, Bar­rère et Vadier.

« Le 29 Floréal, la dis­tri­b­u­tion de pain ne fut que de deux once par tête. Le lende­main, la ration dimin­ua encore. Les arrivages ayant man­qué. Pas de pain, pas de char­bon, pas de bois.

Le 1er Prair­i­al, de grand matin, le toc­sin sonne dans les faubourgs. »1Hen­ri Mar­tin, His­toire de la Révo­lu­tion française

Le peu­ple envahit la Con­ven­tion en cri­ant : « Du pain ! du pain ! »

« Deux ou trois fois les sec­tions bour­geois­es parv­in­rent à refouler au dehors les gens des faubourgs. » 2Idem.

Les émeu­tiers furieux coupent la tète au député Féraud et la promè­nent dans les rues au bout d’une pique. Alors, seule­ment alors, les députés effrayés votent quelques mesures, illu­soires du reste, pour les apais­er momen­tané­ment. Puis, sur ces entre­faites, les batail­lons des sec­tions bour­geois­es arrivent. La foule est chargée à la baïon­nette. Elle se disperse.

Une ter­ri­ble répres­sion suit cet acte de révolte pop­u­laire. Romme, Gou­jon, Bour­botte, Duques­noi, Duroi et Soubrani sont con­damné à mort. Deux furent exé­cutés, les qua­tre autres se poignardèrent dans leur prison.

Le 4 Pru­maire (an IV), la Con­ven­tion tint sa dernière séance et se for­ma en corps élec­toral pour élire une par­tie des députés des nou­velles Cham­bres. Elle avait duré trois ans, un mois et qua­tre jours ; elle avait ren­du 11,210 décrets !

Nous venons de con­stater les prin­ci­paux actes du Par­lement, le meilleur que l’on ait eu et qu’on pour­rait avoir.

Parce que les hommes qui en fai­saient par­tie étaient jeunes à la vie poli­tique, doués d’une rare énergie révo­lu­tion­naire ; parce qu’ils étaient des philosophes, des savants d’un grand mérite ; parce qu’ils étaient épris des plus louables inten­tions, d’un égal amour de la Patrie, de la République, de l’Hu­man­ité et de la Lib­erté, le gou­verne­ment con­ven­tion­nel en a‑t-il été moins mau­vais, moins réac­tion­naire, moins cor­rompu, moins autoritaire?…

Non. Le Pou­voir est, de son essence même, con­traire au Pro­grès, à la Rai­son, à la Lib­erté. Gou­verne­ment ou Autorité et Lib­erté, sont deux antithès­es sans syn­thèse pos­si­ble. L’un est la néga­tion de l’autre, et vice ver­sa. La Lib­erté, c’est le Pro­grès, c’est la Sci­ence. Le Gou­verne­ment, c’est la Foi, c’est l’Ig­no­rance, c’est le Passé. Entre ces deux principes l’ac­cord est impos­si­ble : l’His­toire nous le démon­tre, à défaut de la Philosophie.

Et, du reste, les hommes sont ain­si faits. Ils peu­vent avoir les meilleures des inten­tions que l’éblouisse­ment du pou­voir, le droit de com­man­der, de légifér­er des mil­lions d’hommes, les corrompt.

(à suiv­re)

G. D.


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