La Presse Anarchiste

Vinoba

« Si nous croyons que l’É­tat doit mou­rir par dépé­ris­se­ment, pour­quoi ne serait-ce pas cette année ? », décla­rait Vino­ba Bhave en 1952. Le dépé­ris­se­ment de l’É­tat est pré­vu par les mar­xistes après un long pro­ces­sus qui va de la prise du pou­voir poli­tique par « l’a­vant-garde pro­lé­ta­rienne » à l’a­bo­li­tion des classes par la modi­fi­ca­tion des infra­struc­tures éco­no­miques ; le « pro­lé­ta­riat gou­ver­nant » réa­li­se­rait l’é­ga­li­té éco­no­mique alors que l’É­tat, éma­na­tion de la lutte des classes, dis­pa­raî­trait n’ayant plus de rôle à jouer.

Les anar­chistes se sont ins­crits en faux contre cette pré­ten­due néces­si­té his­to­rique, met­tant en évi­dence le carac­tère oppres­seur et exploi­teur de l’É­tat quel qu’il soit et la for­ma­tion de nou­velles classes diri­geantes pri­vi­lé­giées qui ont tout à perdre de l’a­ban­don du pouvoir.

Eltz­ba­cher, dans son ouvrage sur l’a­nar­chisme1L’A­nar­chisme, Mar­cel Giard, édit., 1923., après avoir exa­mi­né res­pec­ti­ve­ment les idées de God­win, Prou­dhon, Stir­ner, Bakou­nine, Kro­pot­kine, Tucker et Tol­stoï dans leur fon­de­ment et par rap­port au droit, à l’É­tat et à la pro­prié­té, après avoir fait res­sor­tir leurs pro­jets pour sus­ci­ter la socié­té nou­velle et indi­qué les réa­li­sa­tions essen­tielles, se juge auto­ri­sé de conclure que les doc­trines anar­chistes, en géné­ral, ont ceci de com­mun dans leur rap­port avec l’É­tat qu’elles le nient toutes pour un ave­nir plus ou moins rapproché.

C’est dans cette optique que nous pou­vons abor­der les idées de Vino­ba Bhave dans la seule de ses œuvres tra­duite en fran­çais : La Révo­lu­tion de la non-vio­lence 2Édi­té chez Albin Michel, 1958..

Même pour une période tran­si­toire, Vino­ba ne pro­jette pas de ren­for­cer la fonc­tion éta­tique, et sa volon­té de recons­truire de bas en haut une socié­té meilleure peut empor­ter l’adhé­sion des liber­taires, du moins les inté­res­ser. Pour­tant ses rap­ports de col­la­bo­ra­tion avec le gou­ver­ne­ment (c’é­tait alors celui de Neh­ru) éveille­ront dans notre esprit la cri­tique envers celui qui se veut un « idéa­liste pra­tique », ain­si qu’ai­mait à le dire son maître, Gandhi.

Pré­sen­tons d’a­bord ce bon­homme qui ne manque pas de pit­to­resque et répond bien à l’i­dée que l’on peut se faire d’un « non-violent » à la manière gandhienne :

Né dans le Maha­ra­sh­tra en 1895, il est de caste brah­mane ; après des études de mathé­ma­tiques à l’u­ni­ver­si­té, il obtient le titre d’a­châ­rya (doc­teur). L’en­sei­gne­ment de Gand­hi le touche à ce moment, empor­tant son adhé­sion à tel point qu’il aban­donne ses diplômes et sa caste pour rejoindre la com­mu­nau­té de Gand­hi ; nous sommes en 1916. Il y pas­sa de nom­breuses années de sa vie dans les tra­vaux les plus humbles. S’il prit part aux diverses actions, ce fut tou­jours dans l’ombre du maître. Cepen­dant, en 1940, lorsque la conscrip­tion fut impo­sée au peuple indien, Vino­ba s’en­ga­gea dans une cam­pagne pour la liber­té de parole plu­tôt que de faire de la pro­pa­gande direc­te­ment contre la guerre : il est mis rapi­de­ment en pri­son pour n’en sor­tir qu’à la fin des hos­ti­li­tés. Encore quelques années d’ac­tion et l’Inde décla­rait son indé­pen­dance alors qu’il res­tait à Gand­hi seule­ment quelques mois à vivre avant son assas­si­nat en 1948.

Homme pro­fon­dé­ment reli­gieux, Vino­ba est recon­nu comme le conti­nua­teur de l’oeuvre de Gand­hi. Nous pour­rions le situer dans la lignée spi­ri­tuelle de Rama­kri­sh­na : l’hom­mage du croyant à son Dieu se mani­feste par le ser­vice à tous les hommes. De Vive­ka­nan­da, dis­ciple de Rama­kri­sh­na, B. de Ligt décla­rait que son hin­douisme était une sorte d’« anar­chisme cosmique ».

Mais ce n’est pas la contem­pla­tion de Dieu par l’exer­cice du yoga qui va faire se lever Vino­ba, mais la terre : le pro­blème agraire.

C’est en 1951 qu’é­clate dans la pro­vince de Telan­ga­na une révolte de pay­sans sans terre dure­ment exploi­tés par les grands pro­prié­taires ; gui­dés par les gué­rille­ros com­mu­nistes, ils tentent des expro­pria­tions : quelques 300 pro­prié­taires sont tués, on pille. La répres­sion gou­ver­ne­men­tale impi­toyable ne par­vient pas à rame­ner l’« ordre » ; la situa­tion empire…

Très sen­si­bi­li­sé, Vino­ba se rend sur les lieux du conflit pour se rendre compte de la situa­tion. Sans solu­tion en poche, se gar­dant d’i­dées pré­con­çues, il enquête… Les intou­chables, caté­go­rie sociale com­po­sant la majo­ri­té des pay­sans non pro­prié­taires, lui signi­fient qu’ils réclament de la terre. Vino­ba consulte alors les habi­tants des vil­lages, expose le problème.

L’i­dée qui lui vient est des plus naïves ; son argu­men­ta­tion repose à la fois sur la tra­di­tion reli­gieuse et l’arithmétique :

Exhi­bant sa qua­li­té de pauvre, il se fait connaître comme sixième enfant de toute famille et réclame son dû, sa part d’hé­ri­tage, car « comme l’air, le soleil et l’eau, le sol est un don gra­tuit de Dieu (…). Cer­tains pensent que j’ai com­men­cé par deman­der la cha­ri­té et que main­te­nant je reven­dique un droit. Il n’en est rien. Ce que j’ai vou­lu dès le début, c’est la jus­tice, mais celle de Dieu, non pas la jus­tice légale. »

D’autre part, esti­mant la sur­face culti­vable de l’Inde à 120 mil­lions d’hec­tares, il cal­cule que 20 mil­lions, soit le 16, résou­draient pro­vi­soi­re­ment le problème.

La terre lui est offerte pour la pre­mière fois en avril 1951 et, en deux mois, cinq mille hec­tares de sol sont ain­si don­nés et redis­tri­bués : le « bhû­dân » (don de terre) est lan­cé ; il contri­bua à cal­mer l’ex­ci­ta­tion pay­sanne. Le pro­pos de Vino­ba est de pré­ve­nir toute révo­lu­tion vio­lente au moyen de ce qu’il nomme une révo­lu­tion non vio­lente, en créant une atmo­sphère favo­rable aux réformes économiques.

Vino­ba cherche tout d’a­bord à convaincre, à conver­tir les cœurs : « Nous vou­lons faire admettre aux pos­ses­seurs de terre l’i­dée que celle-ci appar­tient à la socié­té seule. »

Pour­tant, il ne répugne pas à une cer­taine pres­sion morale, apos­tro­phant ain­si les pro­prié­taires : « Si vous ne don­nez pas volon­tai­re­ment aujourd’­hui, le temps de la vio­lence vien­dra et elle détrui­ra non seule­ment le sol, mais aus­si ceux qui l’occupent. »

Lors­qu’on signale à Vino­ba les gros pro­prié­taires qui n’ont rien don­né, qui se ver­ront for­cés par les cir­cons­tances d’a­ban­don­ner leurs terres et qu’on lui demande s’il n’y a pas là une forme de pres­sion, il répond :

« Pres­sion pure­ment morale ; les gens du vil­lage savent que les gros pro­prié­taires ne peuvent rien faire sans eux. Si le vil­lage se consti­tue en famille, il se crée une force morale qui influe sur tous y com­pris ces « sei­gneurs de la terre » qui, n’ha­bitent pas sur place. Seront-ils pous­sés par une convic­tion intime ou par une impres­sion de culpa­bi­li­té sociale ? En tout cas, ils n’au­ront à subir aucune vio­lence (…). Il faut dis­tin­guer entre vio­lence et pres­sion sociale. Celle-ci peut prendre deux aspects : la coer­ci­tion qui est une forme de vio­lence et la force de l’o­pi­nion publique. L’homme est un être social ; il vit en socié­té, son milieu l’in­fluence continuellement. »

L’at­ti­tude reli­gieuse clas­sique, la cha­ri­té qui entre­tient le mal et ne résout rien ne lui agrée point. Il débouche rapi­de­ment, par son pro­jet de modi­fier les struc­tures vil­la­geoises, sur un com­mu­nisme à réso­nance kro­pot­ki­nienne. Ce n’est pas une évo­lu­tion chez lui, ce com­mu­nisme fait par­tie inté­grante de sa pen­sée religieuse :

« Tout ce que nous avons : terre, biens, intel­li­gence, devrait être offert à la socié­té (…). Mon idée maî­tresse est que toute richesse, même acquise par notre effort indi­vi­duel et notre habi­le­té, n’est pas pour nous seuls (…). Nous devrions consa­crer à la socié­té tout ce que nous avons ; après quoi, ce que nous rece­vons d’elle selon nos besoins est aus­si vivi­fiant que du nec­tar (…). Nul étran­ger ne vien­dra vous sau­ver ou amé­lio­rer votre sort. C’est seule­ment par une aide mutuelle que vous pou­vez vous éle­ver. Je che­mine d’un lieu à l’autre, por­teur de ce simple mes­sage : « Éveillez-vous ; levez-vous ; aidez-vous les uns les autres (…). Vivez ensemble et par­ta­gez tout entre vous, c’est la voie du bon­heur et de la prospérité. »

Des com­pa­gnons se joignent à lui et perdent rapi­de­ment leur scep­ti­cisme du début aux pre­miers dons de terre. À son exemple, ils vont de vil­lage en vil­lage, s’a­dres­sant aux riches, aux moins riches et aux pauvres, récla­mant le par­tage. Mal­gré l’in­ten­si­fi­ca­tion de l’ac­tion, Vino­ba com­prend qu’il lui fau­dra des dizaines d’an­nées pour pour­voir aux besoins des sans-terre. En novembre 1956, il déclare avoir obte­nu 24 mil­lions d’hec­tares 3Ce chiffre don­né en 1956 nous parait exces­sif, mais il serait inté­res­sant de connaître actuel­le­ment les pro­grès de l’ac­tion du don de terre. venant de 450.000 donateurs.

Par la suite, au don de terre, il fera suc­cé­der le don de l’argent, des outils, des ani­maux, etc., le bhû­dân res­tant l’ac­tion de base. Puis se crée­ront dans les vil­lages des centres d’é­tudes, d’é­du­ca­tion, de coor­di­na­tion, car toute dona­tion est offi­cielle, éta­blie sur contrat et devant notaire, les for­ma­li­tés variant d’un État à l’autre…

Que cha­cun donne volon­tai­re­ment 16, 14 de son bien ne satis­fait pas plei­ne­ment Vino­ba ; le don par­tiel est le pre­mier pas qui va au don total, cha­cun don­nant tout à tous, le vil­lage deve­nant pro­prié­té com­mu­nau­taire. « Exa­mi­nons l’ob­jec­tion d’a­près laquelle la dis­pa­ri­tion de la pro­prié­té pri­vée rabais­se­rait l’in­di­vi­du. Je recon­nais que si cette dis­pa­ri­tion était réa­li­sée par la voie de la vio­lence, l’in­di­vi­du devien­drait l’es­clave de la collectivité. »

Il veut chan­ger l’ordre actuel et mettre en place le Sama-Yoga (régime d’é­ga­li­té). Le sol exploi­té en com­mun fera aug­men­ter la pro­duc­tion. Chaque vil­lage devra déve­lop­per ses indus­tries domes­tiques et se pas­ser le plus pos­sible de la ville ; le com­merce pri­vé sera ban­ni ; une seule bou­tique par vil­lage ou plu­sieurs maga­sins gérés en com­mun. Toute que­relle sera réglée sur place sans recou­rir aux juges de la ville qui feraient perdre du temps et de l’argent : les anciens recon­nus pour leur inté­gri­té feront l’af­faire. L’or­ga­ni­sa­tion des soins médi­caux sera com­mu­nau­taire ; l’é­du­ca­tion gra­tuite ouverte à tous, alliant le tra­vail manuel uti­li­taire à la lec­ture et à l’é­cri­ture. La police éga­le­ment devra deve­nir superflue…

Il pré­voit que chaque famille aura un repré­sen­tant, que les repré­sen­tants éli­ront à l’u­na­ni­mi­té un conseil de vil­lage. Les déci­sions de ce conseil devant être rati­fiées par l’as­sem­blée du village.

« En Sar­vo­daya (ser­vice de tous pour tous), la majo­ri­té n’op­pri­me­ra pas la mino­ri­té ; tous tra­vaille­ront au pro­fit de tous (…). Chaque vil­lage ou groupe de vil­lages devrait avoir son propre plan ; la sou­ve­rai­ne­té, alors, sera dans les mains du peuple qui devra réflé­chir sur les sys­tèmes de pro­duc­tion agri­cole, d’ar­ti­sa­nat domes­tique, d’é­du­ca­tion, etc. Cela s’en­chaî­ne­ra avec des groupes plus vastes, dis­tricts, pro­vinces, nation. Mais ces uni­tés supé­rieures n’au­ront que voix consultatives. »

Sur les quelque 500.000 vil­lages qui existent en Inde, 6.000 se seraient orga­ni­sés de cette manière (Anar­chy, août 1964).

« Le bhû­dân est un humble effort pour res­tau­rer la liber­té et la paix, construire une socié­té de Libres et d’É­gaux se diri­geant eux-mêmes, sans besoin d’ins­ti­tu­tion gou­ver­ne­men­tale (…). Éta­blis­sons un orga­nisme qui donne des conseils et non des ordres. »

« Les socio­logues ont, à tort, cru à l’exis­tence d’un conflit entre les inté­rêts indi­vi­duels et ceux de la socié­té. En fait, l’in­di­vi­du et la socié­té ne sont pas deux enti­tés dis­tinctes, mais les deux faces d’une même pièce. Il n’y a pas plus de socié­té sans indi­vi­dus que d’in­di­vi­dus sans aucune rela­tion sociale. Il ne doit pas y avoir conflit entre eux. »

Mettre l’ac­cent sur le conflit entre l’É­tat et les hommes avec comme solu­tion la sup­pres­sion de l’É­tat est une chose, mais le dif­fé­rend entre les hommes et la socié­té (quoi­qu’en dise Vino­ba est une réa­li­té) ne peut évi­dem­ment pas se régler de la même manière. La solu­tion démo­cra­tique du recours au vote avec le triomphe des majo­ri­taires ne lui agrée point. La voix de l’in­di­vi­du mino­ri­taire doit éga­le­ment se faire entendre, nul ne peut être brimé.

« Vous sem­blez croire que dans l’ordre actuel, à base majo­ri­taire, la mino­ri­té a de grandes pos­si­bi­li­tés de se faire entendre. En fait, il n’en est pas ain­si. Si vous adop­tez le prin­cipe de l’u­na­ni­mi­té, cela signi­fie la liber­té pour tous d’ex­pri­mer leur opi­nion ; cela signi­fie éga­le­ment que même une opi­nion iso­lée est impor­tante, puis­qu’elle peut oppo­ser un veto à une déci­sion. Cette méthode donne aux meilleurs la pos­si­bi­li­té d’exer­cer leur influence et d’é­vi­ter ou de cor­ri­ger les erreurs qu’au­raient pu com­por­ter les déci­sions prises à la majorité… »

« Nous lut­tons pour l’au­to­no­mie. Dans un tel régime chaque indi­vi­du a conscience d’exer­cer le pou­voir (…). On deman­da à Gand­hi de défi­nir avec pré­ci­sion l’in­dé­pen­dance. Celui-ci décla­ra que c’é­tait le droit de com­mettre des erreurs. Je dis, moi, que les vil­la­geois doivent avoir le droit de prendre des déci­sions ; même s’ils se trompent, ils appren­dront à accep­ter leurs res­pon­sa­bi­li­tés ; ils s’é­du­que­ront par leurs erreurs, si nous leur fai­sons vrai­ment confiance. Et c’est pour­quoi je sou­haite ardem­ment que chaque vil­lage forme une répu­blique (…). Je crois à la décen­tra­li­sa­tion du pou­voir. J’ai­me­rais éta­blir un ordre social dans lequel les ins­ti­tu­tions gou­ver­ne­men­tales orga­niques n’exis­te­raient pas. Je vou­drais voir la fin des par­tis poli­tiques, pour que vienne s’y sub­sti­tuer la force d’un peuple confiant en lui-même. »

Ces décla­ra­tions à carac­tère liber­taire, la contes­ta­tion du droit à la pro­prié­té indi­vi­duelle ain­si que son action per­ma­nente bien que non vio­lente expliquent qu’au début le mou­ve­ment fut près d’être inter­dit et décla­ré illé­gal. Par la suite, le gou­ver­ne­ment s’est ravi­sé, puis il a don­né son accord de prin­cipe, du moins faci­li­té les démarches admi­nis­tra­tives pour le trans­fert des propriétés.

« Quelle sera notre posi­tion si le gou­ver­ne­ment nous refuse les faci­li­tés légales qui seraient néces­saires ? J’a­voue ne pas nour­rir de doutes de ce genre. Le gou­ver­ne­ment nous aide­ra ; outre que c’est son devoir, c’est aus­si son intérêt. »

Les pre­miers dons de terre par­tiels arrê­tèrent l’in­sur­rec­tion, l’empêchant cer­tai­ne­ment de s’é­tendre ; le conflit révo­lu­tion­naire était court-cir­cui­té. En cela, le gou­ver­ne­ment pour­ra donc être recon­nais­sant ; et les adver­saires de Vino­ba lui lan­cer l’in­sulte de contre-révolutionnaire.

Ne sommes-nous pas tou­jours le contre-révo­lu­tion­naire de quel­qu’un ? La ques­tion se pose cepen­dant de recon­naître sa non-vio­lence (et la non-vio­lence en géné­ral) comme réel­le­ment révo­lu­tion­naire ou si, au contraire, il fau­drait n’y voir qu’un réfor­misme d’un nou­veau style. Et ne pou­vons-nous pas alors nous deman­der si cette tolé­rance gou­ver­ne­men­tale n’est pas le reflet de l’i­nef­fi­ca­ci­té du bhû­dân à appor­ter la solu­tion réelle ? Ne pas inter­dire le mou­ve­ment, lui appor­ter une sym­pa­thie de sur­face serait aus­si le moyen habile pour le dis­cré­di­ter ; de même il serait alors plus facile de le cana­li­ser, de l’o­rien­ter sur une voie de garage. Il peut être pro­bable aus­si que le bhû­dân soit consi­dé­ré comme une voie du socia­lisme indien de la plus pure concep­tion gand­hienne ; il ne faut pas oublier que Neh­ru et Vino­ba furent deux des prin­ci­paux com­pa­gnons de Gandhi.

Le sou­ci de Vino­ba non pas de ména­ger, car ses cri­tiques sont impla­cables, mais de ne pas se heur­ter inuti­le­ment aux orga­nismes exis­tants, comme le Par­le­ment et les par­tis, expli­que­rait les nuances de son voca­bu­laire, ses for­mu­la­tions para­doxales et ses contra­dic­tions. Ou bien il reste, là encore, dans la tra­di­tion gand­hienne. Avant lui Gand­hi n’a­vait-il pas déjà écrit dans Young India :

« L’É­tat est deve­nu par­tout un engin for­mi­dable de tyran­nie et d’op­pres­sion, de vio­lence et de pillage orga­ni­sés, par lequel quelques per­sonnes gou­vernent et exploitent le plus grand nombre. »

Il pré­co­ni­sait cepen­dant la for­ma­tion d’un « État non violent ». Et Vino­ba conti­nue d’en­tre­te­nir l’équivoque :

« Nous devrions nous effor­cer de créer un État dont l’exis­tence pour­rait être mise en doute, vu qu’il n’au­rait jamais à exer­cer son auto­ri­té. C’est alors seule­ment que nous pour­rions pré­tendre avoir un État non violent. C’est avec cette fin en vue que nous deman­dons à inves­tir les vil­lages du pou­voir d’or­ga­ni­ser leurs affaires de façon à se trans­for­mer en répu­bliques rurales. Et nous dési­rons que les vil­lages s’é­quipent de manière à assu­mer leurs res­pon­sa­bi­li­tés, ce qui sus­cite encore un pro­blème, celui de l’é­ta­blis­se­ment d’une force locale. Les vil­la­geois doivent veiller à l’ac­com­plis­se­ment de ce devoir et déci­der des choses que le vil­lage doit pro­duire, sauf à deman­der au gou­ver­ne­ment de pro­hi­ber l’im­por­ta­tion des articles qui tien­draient en échec leurs efforts. Si le gou­ver­ne­ment ne vient pas à leur aide, ils devraient avoir le cou­rage de tenir contre le gou­ver­ne­ment. Une telle résis­tance serait d’ailleurs pro­fi­table à ce der­nier, en lui pré­pa­rant le moyen de se pas­ser de l’ar­mée. Le centre ne peut avoir assez d’in­tel­li­gence pour gou­ver­ner sage­ment nos innom­brables vil­lages ; c’est impos­sible. Par consé­quent, au lieu d’un corps de pla­ni­fi­ca­teurs — quelque com­pé­tents qu’ils soient — pour la nation entière, chaque vil­lage devrait deve­nir son propre pla­ni­fi­ca­teur. Le gou­ver­ne­ment cen­tral n’in­ter­vien­drait que pour aider le vil­lage chaque fois qu’on le lui deman­de­rait. C’est ce que nous appe­lons décentralisation. »

« Nos com­pa­gnons s’ef­for­ce­ront de sub­sti­tuer à la poli­tique de l’É­tat la poli­tique du peuple… Ils décou­vri­ront les imper­fec­tions consta­tées dans les par­tis et dans les admi­nis­tra­tions… Il ne s’a­git, pas là d’une nou­velle poli­tique de l’É­tat, car celui-ci sera immer­gé dans l’en­semble de la socié­té. Ce que nous appe­lons main­te­nant l’É­tat sera si bien décen­tra­li­sé qu’il fini­ra par se des­sé­cher. Ce pro­ces­sus de décen­tra­li­sa­tion doit com­men­cer dès main­te­nant. Le pou­voir cen­tral se frag­men­te­ra de degré en degré, jus­qu’à abou­tir dans les mains des indi­vi­dus, dont cha­cun devien­dra à la fois l’É­tat et son sujet. Je suis mon propre gou­ver­neur et mon propre serviteur… »

« Par­tout dans le monde la force est aux mains des gou­ver­nants. Le fait que ceux-ci sont élus du peuple ne fait pas d’eux un sva­râj ou gou­ver­ne­ment du peuple. Dans le monde moderne, l’homme délègue à ses repré­sen­tants la plu­part de ses fonc­tions. Il ne garde guère que ses fonc­tions bio­lo­giques comme le man­ger, le boire et le som­meil, Nul, d’autre part, ne son­ge­rait à cher­cher un man­da­taire pour se marier. Nous accom­plis­sons nous-mêmes toutes les choses vitales, ne délé­guant que les choses secon­daires. La vie moderne par sa com­pli­ca­tion a ren­du l’homme dépen­dant et sans défense. Nous par­lons de démo­cra­tie, mais le pou­voir et la res­pon­sa­bi­li­té sont en fait entre les mains d’un petit nombre au sommet. »

« Si le pou­voir poli­tique était à même de déli­vrer le peuple, est-ce que le Boud­dha aurait aban­don­né son trône et sa puissance ? »

« Le pou­voir poli­tique obte­nu (après l’in­dé­pen­dance indienne), il vaut mieux s’abs­te­nir de pré­tendre spi­ri­tua­li­ser la poli­tique. Il est pré­fé­rable de par­ler d’ap­pri­voi­se­ment du pou­voir et de décen­tra­li­sa­tion. Ce fut une grande erreur de tenir Gand­hi pour un homme poli­tique… Com­ment, sans cela, aurait-il conseillé au par­ti du Congrès de se dis­soudre et de se trans­for­mer en un corps de tra­vailleurs sociaux ? (…) Il savait qu’en pre­nant le pou­voir, le par­ti natio­nal ne lais­se­rait pas place à la décen­tra­li­sa­tion et qu’il ne ferait que de la poli­tique. »

« On me demande pour­quoi je reste en dehors du gou­ver­ne­ment et pour­quoi je ne par­tage pas ses res­pon­sa­bi­li­tés… Le gou­ver­ne­ment n’a pas besoin que nous fas­sions ce qu’il fait lui-même mais ce qui manque à son œuvre. Il nous faut com­prendre cela et nous consa­crer à ce qui peut créer ce que j’ap­pelle le « pou­voir de confiance en soi du peuple ». Ce pou­voir doit être dis­tin­gué des deux autres formes de pou­voir : la vio­lence et la puis­sance de l’É­tat… Nous ten­dons à créer des condi­tions telles qu’elles excluent toute vio­lence et même le pou­voir de l’É­tat (…). J’ad­mets que la puis­sance poli­tique puisse rendre des ser­vices ; c’est pour­quoi nous l’ac­cep­tons et aus­si long­temps que la socié­té en a besoin nous ne l’a­ban­don­ne­rons pas ; elle peut rendre des ser­vices, mais non ceux qui pré­parent les condi­tions de sa propre dis­pa­ri­tion (…). L’É­tat et l’É­glise sont les deux plus puis­santes ins­ti­tu­tions de notre temps. Tous deux furent créés pour ser­vir le peuple et naquirent d’une urgente néces­si­té dans un milieu donné. »

« Bien qu’ils conti­nuent l’un et l’autre à rendre des ser­vices, l’heure est venue où il est néces­saire de s’en libé­rer. Je ne prêche pas du tout l’ir­ré­li­gion ou l’a­nar­chie, je dis sim­ple­ment qu’il fau­drait sépa­rer la reli­gion de l’É­glise et le ser­vice social de la puis­sance coer­ci­tive de l’É­tat. Ces deux ins­ti­tu­tions ont à un cer­tain moment com­blé un besoin essen­tiel, mais je suis convain­cu que leur sur­vi­vance est main­te­nant plus nui­sible qu’u­tile à la société. »

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L’op­po­si­tion que Vino­ba témoigne envers l’É­tat — il se refuse d’en­trer dans l’en­gre­nage — n’en­traîne pas le rejet des hommes pour qui l’É­tat est le pivot de la socié­té ; il en accepte le sou­tien, il le sou­haite, il demande la col­la­bo­ra­tion de tous, par­tis et gou­ver­ne­ment com­pris, et, s’il par­ti­cipe par ses cri­tiques à l’é­la­bo­ra­tion du Plan gou­ver­ne­men­tal, il ne consi­dère pas pour autant que son tra­vail signi­fie une appro­ba­tion du sys­tème. Tout d’a­bord atten­tif à ne rien frei­ner du pro­grès social d’où qu’il vienne — une atti­tude néga­tive lui paraî­trait contraire à sa non-vio­lence — il estime que le Plan n’est pas nui­sible en soi, qu’il peut même avoir ses bons côtés. Sur­tout, Vino­ba a conscience de la force rela­tive du bhû­dân et du manque de prise sur le peuple. Il recom­mande donc la coopé­ra­tion à tout ce qui peut être approu­vé avec le sou­ci de tou­jours tenir pleine et entière sa liber­té ; au besoin, il conseille la résis­tance à l’in­jus­tice, que l’É­tat ou les pro­prié­taires en soient responsables.

Quand il étend son esprit de col­la­bo­ra­tion à tous les par­tis indiens, com­pre­nons par là qu’il recherche les points qu’ils ont en com­mun avec lui, qu’il n’in­sis­te­ra pas sur les désac­cords et que sa posi­tion per­son­nelle ne sera pas modi­fiée. Le Par­le­ment, le par­ti socia­liste, le par­ti du Peuple lui ont expri­mé leur sym­pa­thie, encore que celle-ci ne se soit pas expri­mée par des actes.

Col­la­bo­ra­teur, Vino­ba veut sur­tout uti­li­ser au maxi­mum les pos­si­bi­li­tés de cha­cun, sans que lui-même y perde en pure­té. Ain­si se repose sans cesse le pro­blème de la col­la­bo­ra­tion : en son temps, dans un contexte dif­fé­rent, rap­pe­lons la col­la­bo­ra­tion de ceux qui, par­mi les anar­chistes espa­gnols de 1936, n’hé­si­tèrent pas à aban­don­ner leurs propres prin­cipes et leurs méthodes d’ac­tion par sou­ci d’efficacité.

Est-il outran­cier de qua­li­fier de liber­taire la méthode du bon­homme ? En tenant compte, pour nos oreilles d’Oc­ci­den­taux, que son voca­bu­laire est si peu adé­quat au conte­nu de son pro­gramme : ain­si quand il sug­gère la créa­tion de son propre « par­ti », c’est en pré­ci­sant que celui-ci res­te­ra stric­te­ment éloi­gné du pouvoir.

Mais n’est-il pas plus posi­tif d’al­ler au-delà de son voca­bu­laire pour y décou­vrir la péren­ni­té de l’a­nar­chisme ? Trans­mis à Gand­hi par La Boé­tie, Tho­reau, Tol­stoï et d’autres, étouf­fé par le natio­na­lisme, la reli­gion et les attaches capi­ta­listes propres au Mahat­ma, cet anar­chisme, sous des for­mu­la­tions dis­cu­tables, se des­sine à par­tir d’un contexte agraire, comme on le vit en Ukraine avec Makh­no, au Mexique avec Zapa­ta, puis en Espagne. Pour­quoi igno­rer, mépri­ser ce qui se fait sans nous et nos tra­di­tions de vio­lence ? Pour­quoi, dans la mesure du pos­sible, ne pas par­ti­ci­per et ten­ter d’in­flé­chir, de pré­ci­ser un mou­ve­ment qui pro­cède de méthodes non uti­li­sées par l’a­nar­chisme clas­sique ? Ce qui ne veut pas dire que nous devions accueillir inté­gra­le­ment la non-vio­lence dans ce qu’elle mani­feste d’es­sen­tiel­le­ment spiritualiste.

Nous retrou­vons encore des idées fami­lières lors­qu’il parle des élec­tions dont il dénonce l’inutilité :

« Si vous appor­tez au « don de la terre » la vigueur que vous appor­tez dans la cam­pagne élec­to­rale, vous pou­vez sans nul doute le faire péné­trer, d’i­ci trois mois, dans tout le pays. »

« Nos adeptes ne s’in­té­ressent pas aux élec­tions ; ils ne votent même pas. Com­ment amè­ne­raient-ils une modi­fi­ca­tion des lois ? (…) Ils sont per­sua­dés de pou­voir faire les lois qu’ils vou­dront sans pour autant aller perdre leur temps au Par­le­ment. En démo­cra­tie. le pou­voir effec­tif est entre les mains du peuple. Si le peuple change, les lois changent aus­si (…). Si nous chan­geons l’es­prit popu­laire, les assem­blées légis­la­tives n’au­ront qu’à enre­gis­trer le fait. »

Ne pou­vons-nous pas quel­que­fois dire oui à la loi, et la recherche d’une cer­taine légis­la­tion est-elle obli­ga­toi­re­ment antilibertaire ?

L’exemple de Lecoin, lut­tant par l’ac­tion directe pour le vote d’une loi recon­nais­sant l’ob­jec­tion de conscience, peut-il être cité ?

« Une légis­la­tion n’a pas néces­sai­re­ment le carac­tère de la vio­lence. Une loi qui pos­sède la sanc­tion morale du peuple est non vio­lente (…). La véri­table sanc­tion réside dans l’o­pi­nion publique. La loi écrite défi­nit bien le consen­sus public, mais la source de l’au­to­ri­té et de la sain­te­té se trouve dans la force de l’o­pi­nion publique et non dans le code pénal (…). Mon devoir est clair ; il exige que sans recours à la loi, nous soyons à même de chan­ger les cœurs et d’a­me­ner les gens à don­ner du ter­rain sans attendre une obli­ga­tion légale (…). Nous vou­drions bien voir arri­ver une loi cepen­dant, bien que celle-ci fût la bien­ve­nue, ce n’est pas à nous de la récla­mer (…). Je crois per­son­nel­le­ment que mon œuvre se suf­fit à elle-même (…). On m’a sou­vent sug­gé­ré de faire de l’a­gi­ta­tion pour obte­nir une loi. Voi­ci ma réponse : lais­sons cela aux légis­la­teurs. Sui­vons nos propres méthodes. Il se peut que la redis­tri­bu­tion du sol au pro­fit des non-pos­sé­dants puisse avoir lieu par notre mou­ve­ment sans recours aux lois. Mais si la volon­té humaine se révèle insuf­fi­sante et s’il devient néces­saire d’en venir à une légis­la­tion, nous aurons pavé la voie pour elle. »

Nous pour­rions main­te­nant conclure à l’a­nar­chisme de Vino­ba en fonc­tion de la défi­ni­tion que nous don­nait Eltz­ba­cher, mais, et cela nous per­met­tra de réca­pi­tu­ler, exa­mi­nons rapi­de­ment les concep­tions de Vino­ba par rap­port au prin­cipe d’au­to­ri­té ain­si décom­po­sé par Sébas­tien Faure : « L’au­to­ri­té revêt trois formes prin­ci­pales engen­drant trois groupes de contraintes : 1° La forme poli­tique : l’É­tat ; 2° La forme éco­no­mique : le Capi­tal ; 3° La forme morale : la Religion. »

  1. D’a­près Vino­ba, l’É­tat qui aurait dû être au ser­vice de l’homme, se montre en fait sur­tout nui­sible ; s’il faut le sup­pri­mer, ce n’est pas en s’at­ta­quant direc­te­ment à ses repré­sen­tants et ses ins­ti­tu­tions, mais en construi­sant paral­lè­le­ment, dès main­te­nant, une orga­ni­sa­tion qui le ren­dra inutile : la base en sera les vil­lages auto­nomes ten­dant au fédé­ra­lisme. Dans ces nou­velles struc­tures, le prin­cipe démo­cra­tique du gou­ver­ne­ment de la majo­ri­té sera rem­pla­cé par l’u­sage des déci­sions à l’u­na­ni­mi­té. Quant à la loi, consi­dé­rons-la comme l’en­re­gis­tre­ment des cou­tumes et de la volon­té popu­laire, sans sys­tème de coer­ci­tion, la non-vio­lence devant résoudre les conflits. L’au­to­ri­té poli­tique décen­tra­li­sée disparaît.
  2. Vino­ba, parce qu’il n’a pas encore envi­sa­gé pra­ti­que­ment le pro­blème, n’a­borde pas la ques­tion de la grande indus­trie et des villes. Le capi­ta­lisme se pré­sente ici sous la forme de la pro­prié­té indi­vi­duelle de la terre. Si au départ Vino­ba pense que le pro­prié­taire se devait d’être le gérant qui ne pos­sède pas et qui doit tou­jours se tenir prêt à rendre à la socié­té, il estime que main­te­nant le temps est venu pour un col­lec­ti­visme liber­taire non impo­sé par la vio­lence. Il faut noter cepen­dant qu’il se rési­gne­rait à ce que l’au­to­ri­té éta­tique ordonne légis­la­ti­ve­ment la redis­tri­bu­tion des terres ; tou­te­fois, il ne recom­mande pas un seul ins­tant cette méthode. Le pou­voir éco­no­mique ain­si ren­du à cha­cun, l’au­to­ri­té du capi­tal se dis­sout dans la collectivité.
  3. La posi­tion reli­gieuse de Vino­ba peut être com­pa­rée à celle de l’a­nar­chiste chré­tien Tol­stoï, à celle des qua­kers éga­le­ment : elle se carac­té­rise par le refus de tout inter­mé­diaire entre l’in­di­vi­du et la divi­ni­té, ce qui abo­lit toute ins­ti­tu­tion clé­ri­cale, toute auto­ri­té religieuse.

Ain­si le triple visage de l’au­to­ri­té est-il com­bat­tu, la voie de l’a­nar­chie ouverte par des méthodes d’ac­tion essen­tiel­le­ment adap­tées au but. L’é­ti­quette que l’on pour­rait don­ner à Vino­ba et à son mou­ve­ment ne modi­fie­ra en rien le fond ; il s’a­gis­sait sur­tout de recher­cher les concor­dances entre l’a­nar­chisme et cette expé­rience sociale actuel­le­ment en cours. Par la suite nous pour­rons reprendre à notre propre compte ces formes d’ac­tion, les adap­ter, y impri­mer notre marque propre.

André Ber­nard


New Del­hi, 13 février. — Par Le Monde, nous étions infor­més que Vino­ba Bhave avait com­men­cé une grève de la faim dans l’es­poir que cette pres­sion morale ramè­ne­rait à la rai­son les par­ti­sans de la vio­lence dans le conflit anti­hin­di. « Le geste de Bhave ne se conçoit évi­dem­ment que dans les condi­tions de la socié­té indienne où la grève de la faim demeure une arme peut-être en train de s’é­mous­ser, mais qui est encore très efficace. »

  • 1
    L’A­nar­chisme, Mar­cel Giard, édit., 1923.
  • 2
    Édi­té chez Albin Michel, 1958.
  • 3
    Ce chiffre don­né en 1956 nous parait exces­sif, mais il serait inté­res­sant de connaître actuel­le­ment les pro­grès de l’ac­tion du don de terre.

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