La Presse Anarchiste

Catégorie : Témoins (1953 — 1967)

  • Juin

    Sixième mois, j’ai pour marraine Junon, que l’on dit présider A toute nais­sance, la reine Des dieux et mère de l’été. Je suis le temps des plénitudes Et des grands feux de la Saint-Jean. Autant que dans les solitudes Du ciel il est d’astres, le paon Son oiseau porte sur sa roue Des yeux en foule, et leur…

  • Mai

    Qu’il est beau le mois de Marie ! Dit le can­tique — il a raison. Mon nom empêche qu’on oublie, Mère de Jésus au doux front, Votre aînée aux célestes plages, La bonne déesse : Maia — Démé­ter, qui donne en partage Aux mor­tels les biens d’ici-bas, Ces biens que la peine des hommes Fait naître et renaître toujours ; Ô tra­vailleurs par…

  • Avril

    De Cypris mariant le rire Au dimanche le plus chrétien, Je suis Avril, dont le délire Ne pleure qu’au Ven­dre­di Saint. Avec moi la sai­son nouvelle Et l’Homme Nou­veau, de concert, Pro­clament la Bonne Nouvelle : « La mort est vain­cue, et l’hiver. » Même les enfants de ce monde Pour qui son retour n’eut pas lieu, Dans ma suave clar­té blonde…

  • Mars

    Entends la voix d’Apollinaire : « Mars et Vénus sont revenus » — Mars qui n’est maître de la guerre Que pour vos cœurs noirs et obtus Oublieux que mon ambroisie, Pré­lude à la belle saison, Me fait le frère et le sosie De l’as de la chauffe Apollon ; Car, riant sous mes giboulées, En moi le prin­temps voit le jour, Qui…

  • Février

    Février suis, des lupercales, Fêtes paniques d’un Dieu-Loup, Le mois sacré. Mes eaux lustrales, Mor­tels, vous redon­naient le goût D’être aus­si purs que la jouvence De mon givre sur les rameaux, Quand j’éblouis de ma présence Le monde sau­vé de ses maux. C’est pour vous que je persévère Et que, sou­dain flamme et chaleur, Dans le froid…

  • Janvier

    Et parce que j’ouvre l’année Du dieu des portes j’ai le nom, Ce dieu dont ma bise glacée Ceint de fri­mas le double front. L’une de ses faces regarde L’ombre des jours qui ne sont plus, Et l’autre guette ce qui tarde Encor : l’avenir inconnu. J’ouvre les temps, mais à la guerre Puisse-t-il oppo­ser toujours Sa porte close.…

  • Pour Berlin

    Bien que nos amis et lec­teurs soient depuis longue date habi­tués à l’irrégularité de publi­ca­tion de nos cahiers, nom­breux auront sans doute été ceux qui auront jugé bien exces­sif l’intervalle écou­lé entre le présent fas­ci­cule et notre numé­ro 21 consa­cré à la Cor­res­pon­dance de Vic­tor Serge. Mais en se repor­tant à l’In Memo­riam qui ouvre le Car­net…

  • Berlin

    Par­ve­nez-vous à ima­gi­ner une vaste pri­son dont toute une aile serait habitée par des citoyens libres ? Telle est cepen­dant la situation para­doxale, unique dans l’histoire, des sec­teurs occi­den­taux de Ber­lin encer­clés de tous côtés par le sec­teur et la zone assu­jet­tis à la domi­na­tion russe. La grise uniformité qui attriste la vie à Alexan­der­platz, Pan­kow, Treptow, Weis­sen­see,…

  • Déclaration d’amour à l’ancienne capitale

    J’étais encore tout jeune, pas tout à fait vingt-trois ans, lorsque je vins à Ber­lin, pour tou­jours, pen­sais-je alors, pour toute ma vie. Ber­lin, au bout du compte, c’était notre capi­tale, et l’esprit de déci­sion dou­blé d’impétuosité qui, à l’époque, ins­pi­rait mes faits et gestes, exi­geait le tout ou rien. Or, je vou­lais vivre, à la rigueur,…

  • Berlin hiver 33

    Rien ne prouve que notre mémoire abrite plus long­temps le souvenir de nos défaites que les traces d’un bon­heur passé. Pour­tant depuis de longues années, depuis le prin­temps 1933, je ne peux évo­quer Ber­lin, la capi­tale de la République de Wei­mar, sans que vienne l’en­velopper la grisaille cré­pus­cu­laire d’un jour d’hiver septentrional. L’après-midi d’un jour de semaine :…

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