Catégorie : Témoins n°14 (automne 1956)
-
Un hommage au miracle hongrois
Que l’on veuille bien nous excuser si le présent numéro d’« automne » sort avec un si notable retard. L’admirable sursaut du peuple hongrois nous imposait de parler d’abord et avant tout du grand petit pays martyr, et l’on concevra qu’il a fallu du temps pour rassembler des textes significatifs. Mais ce n’est point là l’unique raison de…
-
Aux poètes de ce siècle
Que personne à la légère Ne touche aux cordes du luth, D’une main faible, étrangère Aux prémisses d’un grand but ! Si tu ne dis autre chose Que ta joie et ton malheur, Que l’archet sacré repose ; L’accord que ta main propose Pour le monde est sans valeur. Au désert marche la troupe Comme fait le Peuple élu Quand…
-
Dignité de l’intelligence
En ces jours de soudaine alarme et d’avilissante impuissance se multiplient autour de nous les propositions, les jugements et les commentaires inspirés beaucoup plus par l’indignation que par le bon sens. Rappelons nous dès lors la sérénité du conseil de Spinoza : ne pleure pas, ne ris pas, cherche à comprendre. Il y a dans l’insurrection hongroise une signification…
-
La vie tourmentée de Jozsef Attila, poète du peuple
[[Nous respectons l’ordre habituel en hongrois du nom et du prénom. Celui-ci prend ici valeur d’un pseudonyme. C’est ainsi que Théophile, Jean-Jacques, Jean-Paul sont devenus les véritables noms de trois poètes.]]
-
Attila Jozsef : Atr poétique et autres poèmes
Ars poetica Poète je suis ! La poésie même, De quel intérêt la veut‑on, pour moi Qui n’ai de souci que pour le poème ? Serait‑ce plus beau si, vers minuit froid, Remontait la blême étoile qu’il sème Dans le fleuve où l’homme boit ? Le temps fait couler lentement son sable ; Ma bouche, ma faim d’homme bien mortel N’est pas suspendue au…
-
Deux poèmes
L’Espagne t’aimait L’Espagne t’aimait. Les amants Se disaient tes vers dans leurs fêtes. Eux vinrent ; tu étais poète ; Ils t’ont donc tué – autrement Ne pouvant faire. Et maintenant Le peuple combattra – sans toi. Hélas ! Federico Garcia Lorca. (1937) * * * Les fugitifs Cet avril est fou‑perdu ; Le soleil n’est pas venu ; – Et pendant huit jours, j’ai bu ; Voilà…
-
Jules Illyès
Ainsi que nous l’apprennent les notices littéraires de son œuvre, le premier des poètes hongrois vivants a cinquante quatre ans. Il est l’auteur de plus de quarante volumes de vers, de théâtre poétique, de romans, d’études, de critique, de mémoires, et le rédacteur d’un Manifeste paysan : « Bottes sur la table ». Sa production depuis dix ans s’est épanouie en éventail.…
-
Témoins intemporels
[( L’Européen lettré français, s’il connaît le nom d’Imre Madách (1823 – 1864) par son œuvre La Tragédie de l’Homme, ignore en général l’ensemble de ses ouvrages politiques et historiques. Certains extraits en ont paru dans la Nouvelle Revue de Hongrie (juillet 1944) publiée à Genève en pleine guerre. Madách écrivit les notes qui suivent après…
-
Un stalinien
Dans le New Leader du 6 août dernier, Jaime Miratvilles, ancien secrétaire à l’Information du gouvernement autonome de Catalogne pendant la guerre civile espagnole, raconte la ténébreuse histoire de « Pedro », qui fut le véritable plénipotentiaire de Staline en Espagne ; peu le connaissaient, mais à son obédience n’en étaient pas moins assujettis tous les communistes, tant espagnols…
-
De Kronstadt à Budapest
La Hongrie est entièrement occupée, la révolution populaire est écrasée. Le gouvernement de Nagy, représentatif pour toute la nation, est arrêté, la délégation qui négociait sur le départ des troupes russes a été emprisonnée par celles ci, la radio de Budapest est détruite par l’artillerie russe. Un gouvernement Quisling sous le communiste Janos Kadar a été nommé. Selon la version…