L’idée de non-violence n’est pas originale pour le mouvement anarchiste, mais celui-ci ne lui a pas accordé l’importance qu’elle mérite. « Anarchisme et non-violence » se propose donc de remettre cette idée en valeur et il ne faudrait pas le considérer comme une nouvelle tendance de l’anarchisme. Il ne se déclare pas plus individualiste, humaniste, socialiste, communiste libertaire que simplement pacifiste. Il ne s’agit pas de fonder une secte ni une chapelle, mais de passer au crible de la critique anarchiste les théories non violentes et de les mettre en pratique dans l’action directe.
Nous sommes anarchistes avant d’être « non-violents », mais « non-violents » parce que anarchistes. Le ralliement à « anarchisme et non-violence » ne signifie pas le retrait des divers groupes et mouvements libertaires, mais il implique, pendant sa durée, le renoncement aux méthodes violentes. Des expériences de propagande et de lutte contre l’autorité étatique ont été menées avec plus ou moins de violence ; elles se justifiaient peut-être en fonction des circonstances et du degré d’évolution des esprits, et il n’entre pas dans notre propos de les condamner. Il est trop facile, avec le recul, au coin de son feu, de rechercher les erreurs et de penser qu’il était possible d’employer déjà des méthodes non violentes. Les résultats en eussent-ils été meilleurs ? S’il est bon de tirer les leçons des expériences passées, ce qui importe c’est le présent et l’avenir. C’est pourquoi nous pensons qu’il est grand temps pour les anarchistes de concrétiser, et ce avec des méthodes essentiellement non violentes, les idées-forces qui les impulsent : l’antiautoritarisme et l’action directe.
« Anarchisme et non-violence ».