Les loups dans la ville par E. Armand, Ed. de l’En dehors.
Armand connait bien, et pour cause, mes personnages qu’il met en scène : les dialogues semblent être la sténographie des propos que nous avons tous entendu lorsqu’entre camarades s’échangeaient des « idées ». Je dirai même que c’est trop vrai : pas assez transposé. La sérénité de Frank ne parvient pas à dégager l’atmosphère oppressante de fatalité qui plane sur les personnages comme l’ananké sur ceux des pièces d’Eschyle.
La thèse d’Armand : la propagande et l’entr’aide alimentées par l’illégalisme est acceptée même par ceux qui n’acceptent pas l’insoumission dans le domaine économique lorsqu’elle n’a pour but que d’échapper à l’exploitation capitaliste.
Quant à la forme elle est classique, à sa présentation sur un théâtre d’avant-garde. La vérité, la sobriété des discours, la vive allure du mouvement scénique s’accommoderait fort bien d’un décor schématique — genre « singe velu ». De cette façon très claire et très moderne à la fois elle séduirait le public « populaire » dont les théâtres de quartier ne sont point encore parvenus à gâter le bon goût à l’aide des sots et plats mélodrames d’usage.
Tschouk par A. Marchon, Ed. Grasset.
M. Aymard, de la Liberté, ancien homme d’affaires à Saïgon fit fortune en eaux troubles… tripotages et trafics odieux, aussi a‑t-il chargé son valet de plume de sabrer le livre de Marchon dans lequel s’étale toute la turpitude des « hommes de lois ». Il y a je ne sais quel accent de vérité dans cette histoire ardue comme le procès des machinations légales, qui fait penser que l’auteur du « Bachelier sans vergogne » a, une fois encore, raconté une histoire personnelle et vécue. Il est probable que toutes ces crapules légales, depuis M. Pester jusqu’à l’écœurant M. Bouillot vivant dans quelque ville provinciale des Alpes hautes ou basses.
Sarcasmes, par Aubrun, ed. Du Monde Moderne
»O Lune sous planète,
Pâle, astiquée et nette ! »
et ceci :
»Le paquebot entrait en rade et, sur le pont
La gent passagère et toujours très élégante
S’agitait et poussait de gaieté délirante
Mille cris frais échos de son cœur vagabond. »
Un recueil d’hiatus et de plates tirades ; quant aux sarcasmes le lecteur s’en chargera.
L’Homme qui lit