La Presse Anarchiste

Fédération Jurassienne

Mouti­er-Grand­val. — Nous extrayons d’une cor­re­spon­dance de la Sec­tion de Mouti­er les nou­velles suivantes.«Les récla­ma­tions que nous avions faites pour une aug­men­ta­tion de la main d’œu­vre dans les dif­férentes par­ties de l’hor­logerie, nous ont été accordées par­tielle­ment, c’est-à-dire le 5% pour les […]1illis­i­ble d’ébauch­es, pignonts et finis­sages ; il a été accordé en moyenne aux faiseurs d’échappe­ment le 7½%; quant aux repasseurs et remon­teurs, ils ont eu en moyenne le 8%.

« Cette aug­men­ta­tion par­tielle nous a sug­géré l’idée d’une organ­i­sa­tion générale. Dans une réu­nion à laque­lle ont été con­vo­qués tous les ouvri­ers des dif­férentes branch­es hor­logères, il a été pro­posé et accep­té de se con­stituer en corps de méti­er et, séance ten­ante, l’assem­blée a décidé d’adress­er un appel à toutes les fab­riques suiss­es et français­es pour les inviter à imiter et par­venir par la suite à se fédérer.

« Voici cet appel.

Appel aux ouvri­ers de toutes les fab­riques d’horlogerie

Chers col­lègues

Le résul­tat des expéri­ences faites dans le courant de ces dernières années ne per­met plus de rester indif­férent au mou­ve­ment ouvri­er dont notre époque peut suiv­re le cours.

Partout où les ouvri­ers, sec­ouant leur indif­férence, leur apathie, se sont organ­isés pour la défense de leur intérêt, il leur a été pos­si­ble de tra­vailler à l’amélio­ra­tion de leur position.

Dans notre indus­trie hor­logère, les ouvri­ers de plusieurs branch­es sont déjà arrivés à des résul­tats mar­quants, tant dans leur organ­i­sa­tion que dans l’ap­pli­ca­tion des avan­tages créés par leur asso­ci­a­tion. Les remon­teurs et repasseurs, les mon­teurs de boîtes, les pein­tres et émailleurs, les graveurs et guil­locheurs, sont pour nous autant d’ex­em­ples vivants qui nous dis­ent qu’avec de la per­sévérance, de l’én­ergie et du sens pra­tique les ouvri­ers peu­vent, par leur pro­pre ini­tia­tive, leur pro­pre action, tra­vailler à leur bien-être commun.

La posi­tion des ouvri­ers de fab­riques est, certes, loin d’être sat­is­faisante, et tout homme de bonne foi con­vien­dra que des réformes con­sid­érables sont néces­saires pour plac­er l’ou­vri­er dans une posi­tion plus nor­male au milieu de la société. — La sit­u­a­tion floris­sante de l’in­dus­trie hor­logère et du com­merce, la dis­po­si­tion actuelle des esprits, tout nous invite à tra­vailler immé­di­ate­ment à l’or­gan­i­sa­tion des ouvri­ers. Si nous ne sai­sis­sons pas les avan­tages que nous pro­cure la sit­u­a­tion momen­tanée dans laque­lle nous nous trou­vons, nous pour­rons atten­dre peut-être bien des années, avant de réalis­er le moin­dre pro­jet en notre faveur.

Pénétrés de la néces­sité immé­di­ate de provo­quer une organ­i­sa­tion générale des ouvri­ers tra­vail­lant dans les fab­riques d’hor­logerie, ceux de Mouti­er font appel à leurs col­lègues de la Suisse et de la France pour les engager à se con­stituer comme eux en société de métiers.

L’ex­péri­ence a démon­tré que ce mode d’or­gan­i­sa­tion est le plus pra­tique pour la sauve­g­arde de leurs intérêts.

Pour ce qui nous con­cerne, nous allons nous organ­is­er sur les bases établies, et nous nous met­trons à la dis­po­si­tion de tous les groupes qui, dans d’autres local­ités, pren­dront l’ini­tia­tive d’une pareille démarche.

Mais nous com­prenons qu’une organ­i­sa­tion locale n’est pas suff­isante ; les prix des pro­duits de fab­rique étant à peu près uni­formes, il est naturel que pour arriv­er à une aug­men­ta­tion de la main d’œu­vre, il faut néces­saire­ment une organ­i­sa­tion générale qui prob­a­ble­ment, pro­duira une entente entre les patrons pour une aug­men­ta­tion du prix de vente de leurs produits.

Chers col­lègues, si vous com­prenez toutes les con­séquences heureuses qui résul­teront du mou­ve­ment organ­isa­teur dont nous prenons l’ini­tia­tive, vous vous fer­ez un devoir sacré d’ap­porter votre pierre à l’éd­i­fi­ca­tion de cette grande et belle œuvre : la fédéra­tion des ouvri­ers de fab­riques d’horlogerie.

Salut frater­nel

Mouti­er-Grand­val, le 23 févri­er 1872.
Au nom des dif­férents corps de méti­er (suiv­ent les signatures).


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