Il existe une intrigue dans l’Internationale, intrigue dont le but est de transformer cette association en une organisation autoritaire, en un instrument destiné à servir l’ambition de quelques individualités. Le plan adopté pour arrivé à ce but, est d’expulser au préalable de notre association, après les avoir écrasée sous des monceaux de calomnies adroitement répandues, tous les hommes dont l’esprit d’indépendance aurait pu être un obstacle à la réussite du projet de nos futurs dictateurs.
Mais on peut prévoir dès maintenant que cette intrigue, grâce à l’attitude prise spécialement par les fédérations belge, espagnole, italienne et jurassienne, et que les intrigants et les ambitieux en seront pour leurs frais en leur courte honte.
Cependant le danger n’est pas encore complètement écarté. Les intrigants sont furieux, ils mettent en œuvre toutes les ressources de leur esprit machiavélique pour regagner le terrain perdu, et, trompés dans leur espoir de supprimer les Congrès généraux, nous pouvons nous attendre à les voir inventer bientôt quelque nouvelle ruse de guerre. Ne nous endormons donc point dans une trompeuse sécurité ; et jusqu’au Congrès général, où justice sera faite des intrigants, des calomniateurs et des traîtres, veillons.
Que nos frères d’Allemagne, d’Angleterre, d’Amérique qui ignore le véritable état des choses prennent garde de se laisser tromper. La justice leur faire un devoir d’attendre pour se former un jugement, d’avoir entendu le pour et le contre. Jusqu’à présent, on les a nourris de calomnies contre toute une moitié de l’internationale, contre la moitié la plus vivante, la plus dévouée, la plus révolutionnaire. Mais le jour n’est pas loin où la lumière se fera pour tous.
Pendant de longs mois nous avons dû laisser passer presque sans réponse les calomnies, les accusations injustes, les fausses interprétations ; notre Fédération n’avait pas d’organe qui lui appartint en propre, et nous étions en conséquent forcé de nous taire. Maintenant que nous pouvons parler grâce à ce Bulletin autographié, bien modeste et qui dit éloquemment à nos amis la pauvreté à laquelle les sacrifices d’une année de lutte nous ont réduits — maintenant que nous pouvons parler, nous entrons hardiment en lice, forts de notre droit, de notre amour pour la vérité et la justice, et sûrs des sympathies de tout ce qui, dans l’Internationale, déteste l’autorité sous toutes ces formes et veut la liberté dans l’égalité.