La Presse Anarchiste

L’Internationale en Espagne

Il y a plus d’un mois, le min­istre Sagas­ta a ordon­né la dis­so­lu­tion des sec­tions espag­noles de l’Internationale.À cet ordre du gou­verne­ment le Con­seil fédéral espag­nol siégeant à Madrid a répon­du par une protes­ta­tion, déclarant con­sid­ér­er le décret gou­verne­men­tal comme nul et non avenu, et invi­tant toutes les sec­tions d’Espagne à n’en tenir aucun compte.

Toutes les sec­tions de l’Espagne, tous les organes de l’Internationale dans ce pays ont affir­mé énergique­ment leur réso­lu­tion de ne pas se laiss­er dis­soudre, et l’Internationale con­tin­ue à fonc­tion­ner comme si la cir­cu­laire de M. Sagas­ta n’avait jamais existé. Les jour­naux con­tin­u­ent à paraître et la pro­pa­gande se pour­suit de plus belle.

Si l’espace nous le per­me­t­tait, nous voudri­ons repro­duire une par­tie des protes­ta­tions émanées des divers­es fédéra­tions locales espag­noles, et en par­ti­c­uli­er celle du Con­seil fédéral. Ne le pou­vant pas, nous nous bornerons à traduire quelques pas­sages de la déc­la­ra­tion du jour­nal la Eman­ci­pa­cion de Madrid qui au début de sa pub­li­ca­tion, ne s’était pas annon­cé comme un organe offi­ciel de l’Internationale, mais qui, après la cir­cu­laire Sagas­ta, a cru de son devoir d’arborer haute­ment son dra­peau et de se déclar­er inter­na­tion­al. On trou­vera dans cette déc­la­ra­tion, résumé en quelques mots clairs et pré­cis, tout un pro­gramme révo­lu­tion­naire qui est le nôtre aus­si bien que celui de nos frères espagnols.

« Nous le déclarons à la face du monde et surtout à la face de ce gou­verne­ment despo­tique, nous sommes internationaux.

« Nous pro­fes­sons toutes les doc­trines que proclame et que défend l’Association inter­na­tionale des travailleurs.

« Nous voulons l’abolition de tout pou­voir autori­taire, qu’il revête la forme monar­chique ou la forme répub­li­caine, peu nous importe.

« En son lieu nous voulons établir la libre fédéra­tion des libres asso­ci­a­tions agri­coles et industrielles.

« Nous voulons la trans­for­ma­tion de la pro­priété indi­vidu­elle en pro­priété col­lec­tive. Par pro­priété nous enten­dons les instru­ments néces­saires à la pro­duc­tion comme la terre, les mines, les chemins de fer, les navires, les machines de toute espèce, les out­ils de divers gen­res, les valeurs moné­taires, etc., etc. — lesquels ne doivent appartenir qu’à la société entière, qui les remet en usufruit aux asso­ci­a­tions ouvrières, à la charge pour celles-ci de les employ­er à la production.

« Nous voulons l’enseignement inté­gral pour tous les indi­vidus des deux sex­es afin que la sci­ence, ces­sant d’être le mono­pole des class­es priv­ilégiées, on visse dis­paraître les iné­gal­ités fac­tices que ce mono­pole produit.

« Nous voulons qu’à l’avenir tous les indi­vidus puis­sent accepter libre­ment et con­sciem­ment le milieu social qui sera établi ; et qu’il n’y ait plus une minorité d’avance des­tinée à la vie des jouis­sances, du com­man­de­ment et de l’intelligence, pen­dant que les autres sont con­damnés à l’abrutissement et à la servitude.

« Nous voulons, comme résul­tat immé­di­at de la révo­lu­tion que les asso­ci­a­tions agri­coles pren­nent pos­ses­sion en due forme de toutes les ter­res qui ne sont pas cul­tivées directe­ment par leurs pro­prié­taires actuels, ou qui ont appartenu à une col­lec­tiv­ité quel­conque, — déclarant ces ter­res pro­priétés com­munes en leur qual­ité d’instrument de travail.

« Nous voulons de même que les asso­ci­a­tions indus­trielles puis­sent tra­vailler immé­di­ate­ment pour leur compte en entrant sur le champ en pos­ses­sion comme usufruitière, des instru­ments indis­pens­ables à leur travail.


Dans le même numéro :


Thèmes


Si vous avez des corrections à apporter, n’hésitez pas à les signaler (problème d’orthographe, de mise en page, de liens défectueux…

Veuillez activer JavaScript dans votre navigateur pour remplir ce formulaire.
Nom